18 mars 1871 – Proclamation de la Commune de Paris

Voici notre logo pour l’anniversaire de la Révolution socialiste d’Octobre 1917
10 janvier 2017

Le 18 mars est une date anniversaire importante pour les communistes. Pour nous, membres du PCOF, elle l’est à double titre. Le 18 mars 1871 marque le début de la Commune de Paris. C’est aussi, et ce n’est pas un hasard, la date anniversaire du congrès constitutif du PCOF, le 18 mars 1979.

 Ce que fut concrètement la Commune de Paris

Le Second Empire de Louis-Napoléon Bonaparte avait favorisé « l’essor et l’enrichissement de toute la bourgeoisie, à un point dont on n’avait pas idée » note Engels dans son introduction à l’édition de 1891 de l’ouvrage de Marx « La guerre civile en France ». Il se caractérisait également par « l’appel au chauvinisme français » et « la revendication des frontières du Premier Empire, perdues en 1814 » qui ont débouché sur la guerre de 1870, la défaite de Sedan, la chute de l’Empire. Le 4 septembre 1870, les représentants de la bourgeoisie proclament la République. Les troupes prussiennes étaient aux portes de Paris. Pour la défendre, « tous les Parisiens en état de porter des armes étaient entrés dans la Garde nationale et s’étaient armées, de sorte que les ouvriers en constituaient maintenant la majorité ». Dès le mois d’octobre 1870, les premiers affrontements éclatent entre « le gouvernement composé presque uniquement de bourgeois et le prolétariat armé », mais « pour ne pas déchaîner une guerre civile à l’intérieur d’une ville assiégée par une armée étrangère, on laissa en fonction le même gouvernement ». Le 28 janvier 1871, lorsque Paris affamé capitule, la Garde nationale accepte un armistice, mais conserve ses armes et ses canons. Cette situation était inacceptable pour les classes possédantes qui ne veulent pas des ouvriers parisiens en armes. Le 18 mars 1871, Thiers, nouveau chef du gouvernement, envoie des troupes de lignes récupérer les armes de la Garde nationale : « Paris se dressa comme un seul homme pour se défendre, et la guerre entre Paris et le gouvernement français qui siégeait à Versailles fut déclarée ; le 26 mars la Commune était élue, le 28 elle fut proclamée ; le Comité central de la Garde nationale qui, jusqu’alors avait exercé le pouvoir, le remit entre les mains de la Commune… Le 30, la Commune supprima la conscription et l’armée permanente et proclama la Garde nationale, dont tous les citoyens valides devaient faire partie, comme la seule force armée ; elle remit jusqu’en avril tous les loyers d’octobre 1870… suspendit toute vente d’objets engagés au mont-de-piété municipal. Le même jour, les étrangers élus à la Commune furent confirmés dans leurs fonctions, car « le drapeau de la Commune est celui de la République universelle ». Le 1er avril, il fut décidé que le traitement le plus élevé d’un employé de la Commune, donc aussi de ses membres, ne pourrait dépasser 6 000 francs. Le lendemain furent décrétés la séparation de l’Eglise et de l’Etat et la suppression du budget des cultes… Le 5, en présence des exécutions de combattants de la Commune prisonniers, auxquelles procédaient quotidiennement les troupes versaillaises, un décret fut promulgué, prévoyant l’arrestation d’otages, mais il ne fut jamais exécuté. Le 6, le 130e bataillon de la Garde nationale alla chercher la guillotine et la brûla publiquement, au milieu de la joie populaire. Le 12, la Commune décida de renverser la colonne Vendôme, symbole du chauvinisme et de l’excitation des peuples à la discorde, que Napoléon avait fait couler après la guerre de 1809, avec des canons conquis. Ce qui fut fait le 16 mai. Le 16 avril, la Commune ordonna un recensement des ateliers fermés par les fabricants et l’élaboration de plans pour donner la gestion de ces entreprises aux ouvriers qui y travaillaient jusque-là… Le 20, elle abolit le travail de nuit des boulangers, ainsi que les bureaux de placement, monopolisés depuis le Second Empire par des individus choisis par la police et exploiteurs d’ouvriers de premier ordre… »

 Les leçons qu’en ont tirées les communistes

La Commune est la première expérience historique d’exercice du pouvoir d’Etat par la classe ouvrière.

Dans « La Guerre civile en France » (juin 1871), Marx analyse ce qu’était l’appareil d’Etat légué par la révolution bourgeoise de 1789 qui s’est déchaîné contre les Communards : « Un immense appareil gouvernemental, qui enserre comme un boa constricteur le véritable corps social dans les mailles universelles d’une armée permanente, d’une bureaucratie hiérarchisée, d’une police, d’un clergé, dociles et d’une magistrature servile ». La leçon qu’en a tirée Marx, c’est que « la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre telle quelle la machine de l’Etat et de la faire fonctionner pour son propre compte. L’instrument politique de son asservissement ne peut pas servir d’instrument de son émancipation ». Cette question est une des pierres de touche du communisme. Car il en découle deux choses : la nécessité de « briser d’emblée » la vieille machine d’Etat bourgeoise (Lénine), qui ne peut pas être recyclée, et de la remplacer par une démocratie de type nouveau, impliquant l’ensemble des travailleurs dans l’exercice du pouvoir, se donnant les moyens de contenir la résistance des exploiteurs et de construire une société sans classes et sans exploitation. C’est le but que le PCOF fixe dans son programme stratégique : faire la révolution et instaurer le socialisme.

Les enseignements que le mouvement ouvrier et communiste ont tiré de la Commune de Paris sont précieux dans toute notre activité politique. Ils nous invitent à ne jamais oublier qu’il faut inscrire notre lutte quotidienne dans une perspective de rupture révolutionnaire, en nous préservant de ce que Lénine appelait les « illusions constitutionnelles » : « le capital… assoit son pouvoir, si solidement, si sûrement, que celui-ci ne peut être ébranlé par aucun changement de personne, d’institutions ou de partis ». Dans ces conditions, le suffrage universel n’est pas « capable de traduire réellement la volonté de la majorité des travailleurs et d’en assurer l’accomplissement » (L’Etat et la révolution, Lénine, septembre 1917). La Commune de Paris, composée en majorité « d’ouvriers ou de représentants reconnus de la classe ouvrière », de conseillers « élus au suffrage de tous les citoyens, responsables et révocables à tout moment » fut, tout au contraire, « un corps agissant et non parlementaire, exécutif et législatif en même, temps » défendant les intérêts ouvriers et populaires « au lieu de décider une fois tous les trois ou six ans quel membre de la classe dirigeante « représentera » et foulera aux pieds le peuple au parlement ».

L’électoralisme, que fustigeait Lénine, en s’appuyant sur l’expérience de la Commune et sur le contre-exemple des partis réformistes de la IIe Internationale, fait, aujourd’hui encore, des ravages. Il place les élections dans les différentes institutions de l’Etat bourgeois au centre de toute l’activité politique. Les campagnes électorales peuvent, certes, être, comme on l’a vérifié en 2012, des moments importants pour faire grandir l’idée de rupture, créer une effervescence politique dans la classe ouvrière et le peuple et développer une dynamique de mobilisation, mais l’activité électorale, la conquête de postes dans les instituions bourgeoises ne peuvent pas être un but en soi. La Commune n’a tenu que quelques semaines, car les conditions objectives et subjectives n’étaient pas réunies pour sa victoire sur l’ensemble du territoire. Mais quel souffle cette extraordinaire expérience révolutionnaire continue de nous transmettre. « L’antithèse directe de l’Empire » a dit Marx. Exacte antithèse également de cette démocratie « représentative » que nous impose aujourd’hui le capital. « Ce que les ouvriers devaient briser, écrivait Marx en parlant de la Commune, ce n’était pas une forme plus ou moins imparfaite du pouvoir gouvernemental de la vieille société, c’était ce pouvoir lui-même ». Une perspective toujours d’actualité !

 

18 mars 1979 – Création du PCOF 

S’engager à nos côtés pour construire le front révolutionnaire qui permettra d’enterrer le capitalisme avec sa crise

« Le congrès constitutif du PCOF s’est tenu le 18 mars 1979. En choisissant cette date, anniversaire de la prise du pouvoir par les Communards, le 18 mars 1871, les communistes qui ont fondé le parti voulaient signifier que c’est pour cet objectif qu’il a été créé : pour un changement radical de société, par et pour la classe ouvrière et les masses populaires. […] Nous lançons un appel à tous ceux qui se reconnaissent dans notre ligne et dans notre action, à tous ceux qui, engagés dans le combat politique contre le système, veulent travailler, en théorie et en pratique, au développement d’une alternative révolutionnaire. Nous les appelons à s’engager à nos côtés pour construire le front révolutionnaire qui permettra d’enterrer le capitalisme avec sa crise. » Cet appel, lancé à l’occasion du 30e anniversaire du PCOF, nous ne pouvons que le renouveler aujourd’hui !