macron veut « rajeunir » la Françafrique : elle n’a que trop duré. Avec les peuples d’Afrique, solidarité !

A propos du voyage officiel de Macron au Burkina Faso : impérialisme français bas les pattes du Burkina.
27 novembre 2017
Le 9 décembre, partout, mobilisons contre la baisse de l’Apl, pour la défense du logement social,
6 décembre 2017

Communiqué

Macron veut « rajeunir » la Françafrique : elle n’a que trop duré.

Avec les peuples d’Afrique, solidarité !

Comme ses prédécesseurs, Macron a annoncé la fin de la « Françafrique », pour essayer de se débarrasser de cette caractérisation qui colle à la peau de tous les représentants de l’impérialisme français qui, de Sarkozy à Hollande, étaient venus expliquer qu’elle avait cessé. Pour ce faire, il s’est adressé à 800 étudiants et étudiantes, triés sur le volet, pour les exhorter à « tourner la page » et à se projeter dans l’avenir.

Son très long monologue s’apparentait souvent à un de ses discours de campagne, où l’exaltation le dispute à la suffisance, avec cette fois beaucoup de condescendance, alors que des milliers de jeunes burkinabè manifestaient dans les rues, dénonçant la présence militaire française et la domination de l’impérialisme français sur leur pays. Des termes qui, selon lui, appartiennent au passé, quand il ne lance pas une injonction à « applaudir les soldats français », en réponse à une étudiante qui pointait les conséquences de l’intervention militaire de la France en Libye. Car s’il a dit qu’il ne l’aurait pas soutenue et que de se « s’attaquer au régime de Khadafi ne servait à rien, il assume la continuité de la politique de guerre, de Serval à Barkhane, insistant sur la nécessité pour le « G-5 Sahel », de remporter rapidement des victoires militaires sur les groupes djihadistes qui opèrent au Sahel. Cette coalition qui regroupe des troupes du Tchad (dirigé par un autocrate sanguinaire), du Niger (chasse gardée d’Areva), du Mali (où la présence française est de plus en plus contestée), du Burkina et de Mauritanie, est sous la direction de l’armée française. Macron s’est engagé à associer davantage les Etats européens, notamment l’Allemagne, dans cette « guerre contre le terrorisme ».

La jeunesse à laquelle Macron s’est adressée en priorité, n’est pas celle des campagnes (il n’a parlé qu’une seule fois de l’agriculture et des paysans, alors qu’ils représentent 60% de la population active, dont une proportion importante de jeunes). Il ne s’est pas adressé aux chômeurs, aux précaires… dont beaucoup fuient la misère en tentant leur chance sur les routes de l’exil. Il s’est adressé à la frange de la jeunesse qui va à l’université, à celles et ceux qui peuvent être sensibles à la perspective de « monter une start-up », de suivre des cours via internet, qui peuvent espérer décrocher un diplôme et poursuivre leur formation en France, sans y rester. Son « conseil présidentiel pour l’Afrique » est largement composé d’Africains, hommes et femmes, qui ont « réussi » et qu’il cite en exemple.

Emporté par son élan, il s’est lancé dans des considérations sur la démographie, sur le nombre d’enfants souhaitable et sur la place que doit occuper la religion, comme s’il était en charge de ces questions dans ce pays. Il a fait passer son ingérence en la justifiant par son souci à promouvoir la « liberté » des femmes.

Ce qu’il appelle son « parler vrai » tranche avec les discours paternalistes, mais il est au service des mêmes intérêts : ceux des monopoles qui pillent les richesses des pays d’Afrique. Macron ne remet pas en cause cette domination économique, base de la domination politique, culturelle… mais demande aux monopoles d’embaucher, de former… pour montrer qu’ils ont changé leurs pratiques celles de la corruption, des investissements qui ne servent qu’à enrichir les actionnaires… Ce discours moral n’a rien à voir avec la réalité des rapports de domination et de sujétion.

Macron a multiplié les engagements à favoriser les investissements privés, à convaincre ses homologues de l’UE à s’engager davantage dans la mise en valeur des « potentialités africaines » ; il a exhorté de façon obsessionnelle la jeunesse à se lancer dans les affaires. Il a juste « oublié » que la jeunesse, les travailleurs, les paysans, les femmes… du Burkina se battent depuis des années pour leur émancipation collective. Qu’ils ont chassé un autocrate et qu’ils ne sont pas prêts d’oublier que ce sont les soldats français qui l’ont soustrait à leur colère en l’emmenant eu Côte d’Ivoire ; qu’ils s’organisent dans des syndicats, des associations, des organisations de masse, pour se « prendre en mains ». C’est à quoi travaillent les organisations, telle l’Organisation démocratique de la jeunesse, la CGT-B et le « collectif syndical », le collectif contre la vie chère, la « plate forme d’action contre l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques », le Parti Communiste Révolutionnaire Voltaïque.

Notre parti leur apporte son soutien et travaille à développer la solidarité avec elles.

Paris, 29 novembre 2017

Parti Communiste des Ouvriers de France

Retrouvez des textes et documents sur le Burkina Faso sur notre site : www.pcof.net