8 mars, 15h40, l’heure des comptes

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Conférence de presse : 8 mars, 15h40, l’heure des comptes

C’est Cécile Gondard Lalanne, de l’Union syndicale Solidaires qui a introduit la conférence de presse appelée par le collectif #8mars15h40, regroupant 38 associations féministes et syndicats. Créé il y a deux ans, ce collectif a fait connaître et a impulsé l’appel à la grève à 15h40, le 8 mars, journée internationale de lutte des femmes.
Cette année, des actions et des mobilisations auront lieu les 8 et 9 mars, avec comme temps fort, la grève le 8 mars à partir de 15h40 dans les entreprises publiques et privées, « heure à partir de laquelle les femmes travaillent gratuitement », par rapport aux salariés hommes. C’est une façon concrète de rendre visibles les différences de salaires entre les hommes et les femmes. Des rassemblements, des marches, des chaînes humaines, des distributions de tracts, des débats… auront lieu dans différentes villes et dans des quartiers populaires. Le détail des mobilisations est à retrouver sur le site :  https://8mars15h40.fr/

Le 9 mars à Paris aura lieu une manifestation regroupant les gilets roses – les assistantes maternelles – les femmes gilets jaunes, les foulards violets, de la place de l’Etoile jusqu’au Luxembourg, avec différentes actions symboliques tout au long du parcours.

Voici un résumé en images et en commentaire de cette conférence de presse qui a été suivie par plusieurs médias (France 2, RFI, RTL…) et par notre journal. Chaque intervenante a développé un aspect, de façon concrète, ce qui a permis d’avoir un panorama très complet sur les objectifs de ces mobilisations. La gréve le 8 mars, à 15h40, s’inscrit de plus en plus dans le mouvement syndical, dans le mouvement féministe et plus généralement, dans la société.

Cécile Gondard Lalane, de l’Union syndicale Solidaires introduit la conférence de presse, en soulignant le « cadre dynamique » qui s’est mis en place depuis deux ans, pour donner au 8 mars son caractère de journée de lutte et de journée internationale.

 

Huayra Llanque, pour Attac a rappelé que le mouvement a été lancé en 2014, par les femmes d’Islande. Cette idée de la grève à 15h40 a été reprise en 2017 en Frence. Le 8 mars 2018 en Espagne a mobilisé 5 millions de personnes, pour défendre le droit à l’avortement et dénoncer les inégalités en matière de salaires et d’emplois. En Argentine, elles étaient 500 000 pour arracher le droit à l’avortement et pour dénoncer la politique néolibérale du gouvernement Macri, qui aggrave la situation des femmes et creuse les inégalités.
Elle a salué la mobilisation qui aura lieu cette année pour la première fois en Belgique, avec un appel à la grève à 15h04, en Espagne, où les femmes porteront le foulard violet, au Portugal, en Allemagne. Elle a insisté sur les inégalités qui existent partout dans le monde, « qu’il s’agisse des pays industrialisés ou des pays en voie de développement », où les femmes « sont massivement employées dans le secteur informel, où la protection sociale est très faible ». Elle a rappelé que de nombreuses firmes délocalisent leurs activités dans ces pays, précisément pour tirer profit de cette main d’œuvre moins chère.

Suzy Rojtman, pour le CNDF, détaillera les différentes mobilisations qui se succéderont le 8 mars, place de la République, avec des témoignages de femmes grévistes, de militantes algériennes, kurdes, turques, brésiliennes…, notamment sur la question des violences sexistes et sexuelles contre les femmes.
Une chaîne humaine est prévue à 17h, sur la place Elisabeth Dmitrieff, membre de la Commune de Paris. Elle a également appelé à participer à la manifestation du lendemain.

Sophie Binet, secrétaire confédérale de la CGT, chargée de l’égalité femmes/hommes, est notamment intervenue sur la réalité de « l’index égalité salariale », mis en place par le gouvernement, qui permet aux entreprises du CAC 40 d’afficher un résultat de 70 sur 100 : « c’est juste un moyen d’occulter les écarts qui continuent à exister dans ces grands groupes ». Insistant sur le grand nombre d’appels à la grève, elle précise qu’il « s’agit de cesser le travail et de faire les comptes, démontrer la réalité de l’écart des salaires entre femmes et hommes ». « Le travail des femmes compte : il est concentré dans certains secteurs, dans des métiers qui sont dévalorisés. » Elle cite l’exemple des assistantes maternelles, dont la qualification n’est pas reconnue, pas plus que la pénibilité de leur travail et qui ne bénéficient pas des protections du code du travail (pas de smic), comme les autres salariés et rappelle que le gouvernement n’a pas ratifié les conventions internationales sur le travail domestique qui impliquerait une revalorisation du statut des assistantes maternelles. « Il y aura 35 rassemblements le 9 mars, organisées par les « gilets roses », avec le soutien de FO et de la CGT. Elle a terminé son intervention en rappelant que c’est grâce aux assistantes maternelles que beaucoup de femmes peuvent travailler et a insisté sur la nécessité de revaloriser les métiers féminisés.

Ana Azaria, présidente de l’organisation « femmes Egalité » est plus particulièrement intervenue sur l’importance de mobiliser les femmes des milieux populaires et qui vivent dans les quartiers populaires. « Il y aura des marches dans des quartiers comme à Nanterre, dans le 20ème à Paris, à Strasbourg, à Villefranche… Il est important de permettre aux femmes des quartiers de s’approprier le 8 mars, en battant le pavé : « Il est important d’aller là où vivent les femmes des milieux populaires ».
« Elles sont concernées par l’augmentation du Smic, du RSA, des pensions, car ce sont les femmes qui sont massivement au Smic, au RSA, ou qui touchent les pensions les plus faibles. » Elles sont également touchées par la remise en cause du droit au logement et les expulsions menacent beaucoup de femmes pauvres, qui sont chef de famille. Elle a souligné que des UL, des associations, se sont associées aux appels au marches dans les quartiers : « c’est aussi une occasion pour de nombreuses femmes des quartiers de rencontrer des syndicalistes ».

Mélanie Luce, nouvelle présidente de l’Unef, est intervenue sur le cantonnement des étudiantes dans certaines filières, leur faible présence dans d’autres (comme les disciplines scientifiques) et leur surreprésentation dans celles qui sont considérées comme « naturellement » destinées aux femmes.  Elle y voit la conséquence d’un système d’orientation encore largement « genré ». Elle a également abordé la question des violences sexistes et sexuelles dans le milieu universitaire et a dénoncé le peu de moyens mis en place, dans les universités, pour permettre aux étudiantes victimes de ces violences de se défendre, et pour que les harceleurs soient réellement sanctionnés, y compris sur le plan disciplinaire.
Elle a aussi développé l’importance de la mobilisation des jeunes pour défendre la planète, en soulignant que ce sont les femmes les plus précaires qui sont les premières concernées et touchées par les conséquences de la dégradation du climat et de l’environnement, notamment dans les pays pauvres. Elle a appelé à participer aux mobilisations hebdomadaires qui se développent dans plusieurs pays.

 

Chloé, de « peuples solidaires » est intervenue sur la lutte des salariés de l’usine de cosmétique Flormar, filiale d’Yves Rocher en Turquie. Ce sont essentiellement des femmes qui travaillent dans cette usine. Les salaires y sont bas, les conditions de travail sont difficiles, entre autres à cause des produits chimiques utilisés. Les salariés se sont mis en grève, pour monter un syndicat. La réponse de la direction ; le licenciement massif. Les travailleuses et les travailleurs sont en grève depuis dix mois. Une campagne de solidarité est lancée, pour faire connaître ce combat courageux et pour faire pression sur Yves Rocher, qui prétend ne pas être en mesure d’agir ! alors que le groupe contrôle Flormar (51% du capital). Le 8 mars, une action est prévue en direction de la marque, dans le cadre de la mobilisation.

 

Sylvie est membre du groupe de femmes gilets jaunes qui appelle au 8 mars et aux actions du 9 mars, à la manifestation qui ira de l’Etoile au Luxembourg.
Elle a parlé de son action, avec d’autres femmes au sein des gilets jaunes, pour sensibiliser sur la question du sexisme, pour que les femmes soient considérées à l’égal des hommes, notamment dans la conduite de ce mouvement. Ce n’est pas facile et elle est en butte au machisme de la part de certains gilets jaunes, y compris des porte-paroles.
Elle a insisté sur le caractère « exceptionnel de l’unité qui est en train de se réaliser autour de la manifestation du 9 mars à laquelle des femmes connues du mouvement des gilets jaunes ont aussi appelé.

Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, sera la dernière intervenante de cette conférence de presse. Elle a rappelé qu’au sein de la fonction publique, la différence de salaires se situe entre 15 et 20% et que les inégalités en matière de déroulement de carrière restent encore importantes.
Elle a évoqué les quelques avancées obtenues dans les négociations dans la fonction publique, en matière de carrière, de droits des femmes enceintes… « Le problème, c’est que les avancées de ce protocole devraient être transcrites dans la loi en discussion sur la Fonction publique. Or cette loi prévoit le recours aux contrats privés, le salaire au mérite et une individualisation dans tous les domaines, ce qui est particulièrement préjudiciable pour les femmes. »
Elle a également abordé la question du contenu de l’éducation, des programmes, et a insisté sur la nécessité de déconstruire les idées sexistes et de promouvoir l’égalité dans l’enseignement.