Communiqué du PCE(m-l) sur les élections catalanes.

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COMMUNIQUÉ SUR LES ÉLECTIONS CATALANES (du 21 décembre 2017).

La droite espagnole a insisté pendant la campagne électorale sur la nécessité que les catalans votent massivement pour freiner l’indépendantisme. Cela a été fait, avec une participation historique de 81,94% de l’électorat. Le résultat a donné une majorité absolue en sièges (70) aux organisations indépendantistes, bien que le pourcentage de voix obtenues soit inférieur à celui obtenu par les organisations non indépendantistes. Il faut noter la dégringolade de la CUP[1] qui a chuté de 10 députés à 4. C’est ce qui arrive quand on veut jouer aux révolutionnaires bolchéviques alors que l’on n’est qu’un petit-bourgeois radicalisé. Au final, les contradictions éclatent, la farce est démasquée et le coup politique est notable.

Les élections démontrent que le nationalisme catalan est solide et qu’il est fortement enraciné dans de très larges secteurs de la société catalane. La diabolisation de l’indépendantisme qu’ont développée les moyens de communication de l’oligarchie est complètement fausse. Le nationalisme catalan a de profondes racines historiques et les écrivains, journalistes et autres intellectuels espagnols devraient lire, pour s’informer, quelques bons livres sur l’histoire de l’Espagne et de la Catalogne, mais c’est trop demander aux professionnels du mensonge et de la haine de réfléchir à cette question.

Nous ne sommes pas partisans de l’indépendance de la Catalogne mais nous défendons le droit à l’autodétermination. Nous dénonçons les grossières manipulations qui, sur cette question catalane, sont diffusées par la majorité des journaux, télévisions et radios. Le traitement de l’information sur la Catalogne a pris un caractère clairement fasciste.

Le Partido Popular est devenu une force quasi marginale en Catalogne. L’emprisonnement de dirigeants indépendantistes et l’application de l’article 155 ont été totalement contre-productifs sur le terrain des élections et les partisans du PP ont payé dans les urnes pour leur misérable attitude répressive et leurs mensonges. Cette débâcle affectera sans aucun doute l’avenir politique de Rajoy.

Par contre, Ciudadanos a obtenu une victoire politique notoire. Un discours qui rassemblait le catalanisme, l’espagnolisme et l’européanisme, et une bonne dose d’habileté politique de la part d’Inès Arrimadas[2] ont apporté à ce parti plus d’un million de voix. Mais que personne ne tombe dans le piège. Derrière le visage aimable et apparemment raisonnable de certains de ses dirigeants pointe le discours réactionnaire de la droite espagnole, d’une oligarchie qui a clairement parié sur ce parti pour en faire une solution de rechange face à l’usure du PP. Beaucoup de ces votes émanent des secteurs populaires qui ne sont pas dans le processus souverainiste mais qui ne trouvent pas une alternative de gauche. Quand ce genre de situation se produit, en l’absence d’une référence de classe, la démagogie d’une droite fascisée lui ouvre une voie parmi les travailleurs.

Le PSOE stagne sur le plan électoral et ses prévisions de croissance ont été frustrées, ce qui est logique quand on appuie l’application de « l’article 155 »[3] et qu’en même temps on critique Rajoy. La quadrature du cercle n’existe pas non plus en politique. Quant à Podemos et ses partisans, ils reculent légèrement par rapport aux élections de 2015. Malgré leurs ambiguïtés et pirouettes politiques, ils n’ont pas subi une punition électorale importante. Mais ce qui est sûr c’est que les attentes qu’avait suscitées le parti violet[4] commencent à se diluer.

Devant ces résultats, un gouvernement, un tant soit peu démocratique, devrait libérer les prisonniers politiques catalans, suspendre immédiatement l’article 155 et ouvrir des négociations pour organiser un référendum sur l’autodétermination. Cela n’arrivera pas ; cela ne peut pas arriver. La monarchie et la Constitution de 1978 sont des obstacles insurmontables pour le peuple catalan pour qu’il puisse exercer son droit à décider. Les lois et la Constitution de l’oligarchie oppriment les classes populaires d’Espagne, foulent aux pieds les droits civils les plus élémentaires et provoquent précarité et pauvreté. Il y a urgence à organiser une alternative de classe, une alternative de gauche, pour dépasser ce régime corrompu et despotique. Nous devons freiner l’offensive idéologique lancée par l’oligarchie pour faire s’affronter les travailleurs espagnols et les catalans en favorisant les pires sentiments chauvins.

La droite affirme qu’en démocratie toutes les options sont possibles si elles s’expriment pacifiquement. Cela n’est pas sûr. Dans l’actuel cadre juridique et constitutionnel, on ne peut pas organiser un référendum d’autodétermination, ni établir un Etat laïc, et la séparation des pouvoirs n’y a pas sa place. L’oligarchie dicte les règles du jeu et elle les modifie à sa guise.

Les forces indépendantistes doivent tirer les leçons politiques de ce qui est arrivé pendant le processus souverainiste. S’entêter à répéter l’expérience ne peut que provoquer le développement de l’espagnolisme fasciste. La seule issue est de forger un bloc populaire, avec pour objectif fondamental, la proclamation de la République Populaire et Fédérale. Nous lançons un appel à toutes les forces politiques de gauche pour forger leur unité autour d’un programme qui aura comme axe central la rupture politique avec la monarchie, et nous leur proposons de travailler dans l’unité à l’organisation d’une consultation populaire pour décider entre monarchie ou république.

Parti Communiste d’Espagne (marxiste-léniniste).

Le 21 décembre 2017.

[1] Candidature d’Unité Populaire. Parti politique indépendantiste catalan de la gauche dite radicale.

[2] Secrétaire générale de Ciudadanos de Catalogne. Tête de liste de ce parti aux élections du 21 décembre.

[3] C’est au titre de cet article 155 que des dirigeants indépendantistes ont été emprisonnés et qu’a été appliquée la forte répression.

[4] Le violet est la couleur du parti Podemos.