Le billet de la semaine du 13 au 19 février

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Justice pour Théo

Dans les quartiers, dans les cités populaires, parmi les jeunes et les moins jeunes, la colère ne retombe pas.

La présomption de viol n’existe pas ! Il y a ou il n’y a pas viol, et dans le cas de Théo, cela ne fait pas de doute.

Utiliser cette formule sur « la présomption » ou reprendre la thèse du caractère « involontaire » du coup porté par le policier, c’est déjà couvrir un crime. C’est en rajouter dans la provocation. C’est justifier par avance l’impunité du policier auteur de cet acte, pour le ramener à un usage disproportionné de la force… qui, lui même, sera « justifié » par le « contexte difficile » ou le « manque d’expérience »…

Tant que les déclarations qui banalisent le racisme envers les noirs, les arabes, ne seront pas sanctionnées immédiatement, lourdement, que des représentants de syndicats policiers continueront à donner leur version et que celle-ci sera reprise comme la vérité officielle, la colère ne retombera pas.

Tant que les autorités se contenteront de dire qu’elles « comprennent l’émotion provoquée par cette affaire » mais qu’elles laisseront le policier en liberté, alors que des dizaines de jeunes sont arrêtés et condamnés suite à leur passage en « comparution immédiate », la colère ne retombera pas.

Tant que les « contrôles au faciès » continueront, toujours plus nombreux, toujours plus ostensibles, la colère ne retombera pas.

Toutes ces « bavures » impunies, depuis tant de temps, aboutissent à ce qu’elles deviennent de plus en plus graves.

Cette colère accumulée explose aujourd’hui. Avant cela, il y en a eu tant d’autres, notamment quand Adama Traoré est mort, dans la cour d’une gendarmerie, et qu’aujourd’hui encore, les causes de sa mort ne sont pas officiellement établies.

A chaque fois, c’est parce que les amis, la famille, se sont mobilisés, ont bravé les intimidations de la police et de la justice, celles des « défenseurs inconditionnels de la police », qu’ils soient de droite ou d’extrême droite, que « l’affaire » n’a pas été enterrée.

Ce sont les marches des habitants d’Aulnay, celles qui se sont organisées ailleurs, en solidarité, qui ont empêché que la « version de l’IGPN » ne devienne la version officielle.

Les interventions de Hollande et des autres responsables du gouvernement ne sont pas entendues, car elles parlent de « compréhension », de « justice », mais s’accompagnent toujours des « appels au calme », de « la confiance dans les forces de police » et de « la condamnation des violences des jeunes »… et que le policier incriminé est toujours en liberté.

Bien sûr, pour la droite et l’extrême droite, le gouvernement n’en fait pas assez, en matière de répression, d’interdiction de manifestation, de quadrillage policier et militaire des cités. Ses ténors rappellent que l’état d’urgence le permet. En réponse, le gouvernement se met sur le même terrain et rappelle que la droite a réduit les effectifs de policiers et qu’il fera preuve de la plus grande fermeté vis à vis des auteurs de dégradations.

Mais attention à ne pas tomber dans le piège de ne voir dans ces émeutes qu’une vaste manipulation  au profit de l’extrême droite. Que celle-ci en rajoute dans le discours sécuritaire, c’est évident ; qu’elle essaie une fois encore d’instrumentaliser les peurs et les craintes, pour faire un score aux élections, c’est sa marque de fabrique. Mais de là à condamner les jeunes « parce qu’ils feraient le jeu de M Le Pen », c’est passer à côté de l’essentiel, à savoir les causes de cette explosion de colère, notamment dans cette jeunesse. Une colère accumulée depuis des mois et des années, sur fond de mal vivre, de chômage, de discriminations, de racisme.

Ne nous trompons pas d’ennemi !