SNU, record de ventes d’armes : le climat de militarisation se fait de plus en plus pesant

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Alors que le Rafale s’exhibe bruyamment au salon aéronautique du Bourget, les premiers volontaires, garçons et filles pour le Service national universel (SNU) commencent leur quinzaine de formation dans des internats, encadrés par des civils et des militaires.

Le secrétaire d’Etat, auprès du ministre de l’éducation nationale, G Attal, chargé de la mise en place du SNU rêve tout haut d’en faire un succédanée du service militaire, suspendu par Chirac. L’interview récemment donnée au Parisien en est une illustration. Nous en publions de larges extraits édifiants :

Interrogé sur l’accueil des jeunes volontaires, il précise : « Ils vont être accueillis par des militaires, des animateurs, des éducateurs, qui leur remettront leur paquetage, puis les répartiront dans des maisonnées de dix jeunes. ».

Il apprécie visiblement la terminologie militaire : « Pour les accompagner, il y aura des tuteurs de maisonnée, un pour dix jeunes. Au niveau de la compagnie, c’est-à-dire cinq maisonnées, cinq cadres de compagnie. Les centres, eux, sont gérés par un chef de brigade et trois adjoints. (…) Tous les matins, ils se lèveront à 7 heures et participeront à 8 heures à une cérémonie de lever des couleurs, avec le salut au drapeau et la Marseillaise. Ils suivront chaque jour des modules différents, par exemple sur les questions de Défense, le développement durable ou les valeurs de la République. Ils auront une heure de temps libre en fin de journée où ils pourront utiliser leur téléphone portable. Celui-ci sera interdit le reste du temps. (…) Chaque soirée sera dédiée à un débat sur des enjeux de société, par exemple les discriminations liées à l’orientation sexuelle, le handicap, la radicalisation… Ce lundi, après le match de l’équipe de France féminine de foot, il y aura une discussion sur l’égalité femmes-hommes ».

Interrogé sur le caractère du SNU, décrit comme « un rite de passage, comme l’était le service militaire en son temps ? », il répond avec enthousiasme : «  Absolument. Je constate beaucoup chez les jeunes cette quête de rites, mais aussi de repères. » Et de poursuivre la comparaison : « Au-delà du cadre, de la participation des armées à l’encadrement, les jeunes bénéficieront d’un bilan de santé complet, avec tests auditifs, visuels et cardiovasculaires. Il y aura aussi un test d’illettrisme et d’illectronisme (manque ou une absence totale de connaissances informatiques), ainsi que des modules sur la Défense et la sécurité. » (…) « On souhaite apporter aux jeunes les réflexes pour se défendre et protéger, comment réagir en cas d’attentat terroriste ou de catastrophe naturelle, comment mettre en place un poste de secours, organiser une battue pour rechercher une personne disparue… À la fin, il y aura un exercice grandeur nature d’une journée, au cœur d’une simulation de crise grave : un carambolage autoroutier, un accident nucléaire, etc. Les jeunes auront aussi une formation à l’auto-défense. (…) « Dans chacun des départements, il y aura une expérience qu’on peut rapprocher de la préparation militaire, mais sans maniement des armes. Dans les Ardennes, par exemple, les appelés feront un parcours du combattant sur la base militaire. En Guyane, les jeunes partiront en Raid commando dans la jungle pendant deux jours, avec un bivouac. »

Destinés à constituer une « réserve nationale », il apporte de nouvelles précisions : «  Les municipalités auront leur contact et pourront les solliciter en cas de besoin. Je souhaite aussi que ce vivier puisse être mobilisé pour des cérémonies patriotiques. Ils y seront invités. S’il n’y a quasiment pas de jeunes dans les commémorations aujourd’hui, c’est parce qu’à aucun moment on ne leur explique le sens de cette symbolique. Nous allons les former, et les municipalités pourront les inviter. Je suis sûr qu’alors, ils seront fiers de revêtir leur uniforme du service national et de participer. ». Détaillant la tenue, dont « une chasuble fluorescente marquée du logo du SNU » qu’ils conserveront, il vante autres les vertus du SNU : « Le SNU, comme le service militaire à l’époque, est une expérience de dépaysement. C’est pour moi essentiel, pour se construire en tant que personne. » Et si les municipalités sont invitées à faire appel à ces jeunes, ils seront également suivis : « À intervalles réguliers, des chercheurs suivront cette première cohorte du service national pour mesurer ses effets, notamment en ce qui concerne le décrochage. Je vais aussi créer un conseil national qui associera l’ensemble des partenaires des armées, de la gendarmerie, de la sécurité civile, des associations et mouvements d’éducation populaire. Ils formuleront des recommandations. »

L’objectif est d’aller vite, dans la mise en place de ce SNU obligatoire : « on ne pourra pas être réformé du SNU. C’est le sens du mot « universel ».

Un collectif d’organisations auquel participe notre parti, s’est mis en place pour informer sur les dangers du SNU, véritable entreprise d’encadrement idéologique des jeunes, à partir de 16 ans !

Il a fait une déclaration que nous reproduisons dans ce texte

La 53ème édition du salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget a ouvert ses portes pour une longue semaine de démonstrations, d’annonces de ventes d’avions civils, de signatures de programmes militaires.

Parmi les annonces médiatisées, il y a celle du lancement du vaste programme du « système de combat aérien du futur », articulé notamment autour d’un avion dont la maquette grandeur nature a été dévoilée. Dassault en est le maître d’œuvre, avec Airbus et toute la kyrielle de fabricants d’armes, de drones, qui vont participer à ce vaste projet voulu par les dirigeants français et allemands, rejoints par ceux d’Espagne. Ce sont des dizaines de milliards qui sont en jeu, sur les 20 prochaines années.

En attendant, les Rafale continuent à être produits et vendus : 29 seront livrés à l’armée de l’air en 2019, au Qatar, en Inde…

Le gouvernement vient de présenter au parlement le rapport annuel des ventes d’armement en 2018.

Elles ont augmenté de 30% par rapport à 2017, pour atteindre 9,1 milliard d’€. La moitié des ventes concernent les Etats du Moyen Orient ; Arabie saoudite, EAU, Égypte, Qatar. Et l’Inde, avec un gros contrat d’achat de Rafale.

Si l’usage des armes françaises par les armées saoudiennes et des émirats contre les populations civiles au Yémen est aujourd’hui largement établi, il faut ajouter que les Mirage 2000 indiens ont bombardé le Pakistan, officiellement des « camps de terroristes » et que les blindés et les dispositifs de surveillance vendus à l’Egypte sont engagés dans la vaste répression qui s’abat sur toutes les formes de contestation.

SERVICE NATIONAL UNIVERSEL : CA SE PRECISE. DANGER

L’expérience débute ces jours-ci avec, pour cette année, seulement des volontaires. L’avis des 2 000 qui se sont ainsi engagé.es ne sera sans doute pas partagé par les 800 000 à qui, chaque année, ce sera ensuite imposé.

Un collectif rassemblant des organisations associatives, syndicales, politiques et de jeunesse est en cours de création. Ensemble, nous voulons informer largement sur les dangers du SNU, pour faire grandir l’opposition à cette opération de soumission de la jeunesse, de remise en cause des droits des travailleurs et travailleuses remplacé.es par ces jeunes sans droit, et qui va occasionner des dépenses considérables qui ne vont pas à l’éducation et renforcer la militarisation de la société.

Les précisions apportées tout récemment par le Secrétait d’Etat Attal (dans un article du Parisien), méritent d’être connues :

« Tous les matins, ils se lèveront à 7 heures et participeront à 8 heures à une cérémonie de lever des couleurs, avec le salut au drapeau et la Marseillaise. »

 « Y aura-t-il un parcours d’obstacle ? Les appelés du SNU ramperont-ils dans la boue ? Oui. Dans chacun des départements, il y aura une expérience qu’on peut rapprocher de la préparation militaire, mais sans maniement des armes. Dans les Ardennes, par exemple, les appelés feront un parcours du combattant sur la base militaire. En Guyane, les jeunes partiront en Raid commando dans la jungle pendant deux jours, avec un bivouac. »

On nous dit : Il faut que les jeunes s’engagent. Mais c’est déjà le cas !

Ils et elles s’engagent pour lutter contre le racisme, pour que cesse la destruction de la terre, pour le droit à étudier, pour une autre répartition des richesses, pour le droit au logement, pour l’égalité des droits et contre les discriminations, etc.

Ce n’est pas à l’État de les forcer à s’engager ! Non au SNU !

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