« Mémoire éclatée » de Nils Andersson : un livre à lire !

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« Mémoire éclatée », de Nils Andersson, un livre à lire !

La soirée de présentation du livre « Mémoires éclatées » de Nils Andersson, a réuni un public nombreux, très attentif, dans la salle du cinéma La Clé. Organisée et introduite par Patrick Bobulesco de la libraire « Le Point du jour », elle a été animée par « deux grands amis » de Nils, Daniel Blondet, militant anti impérialiste, qui a connu Nils en Albanie, et notre camarade Christian Pierrel, porte parole de notre parti.

Nils a été d’abord un éditeur engagé, qui nous plonge dans les périodes intenses de l’histoire et des luttes des peuples, depuis les années cinquante jusqu’aujourd’hui. Du soutien à la lutte du peuple algérien pour son indépendance, à la diffusion des positions marxistes léninistes, au moment de la grande confrontation au sein du mouvement communiste international contre les positions révisionnistes, du soutien au mouvement anti impérialiste à l’engagement contre les guerres impérialistes, de l’expérience de l’édification du socialisme en Albanie, vécue de près, pendant cinq ans, au retour dans les combats en Suède, en France, Nils retrace ses combats, ses rencontres et livre à chaque fois ses réflexions. Car c’est à la fois un livre qui fourmille d’éléments précis, souvent inédits, sur ces événements et qui les soumet à un regard critique.

C’est un livre précis, agréable à lire, qu’on peut lire de bout en bout, puis reprendre par périodes historiques.

Ce livre permet de comprendre qu’« on ne naît pas révolutionnaire » et que c’est la situation qui fait qu’on peut le devenir. Mais pour cela, il faut le vouloir et l’assumer.

La qualité de cette soirée et des interventions de Nils, tiennent notamment au fait que tous ses engagements sont toujours assumés, avec lucidité.

Nils a conclu la soirée par ce texte sur la Mélancolie « force subversive »

« À propos du dernier ouvrage d’Enzo Traverso, Mélancolie de gauche, Jean Birnbaum écrit dans Le Monde 1: « la mélancolie appartient à la structure sentimentale de la gauche, cette constellation humaine et militante qui a fait des ‘défaites glorieuses’ sa principale ressource, de 1848 à la guérilla du Che en passant par la révolte spartakiste ». 

Oserais-je dire que le discours politico-intellectuel sur la mélancolie que suscitent les défaites révolutionnaires est détestable au regard des faits évoqués et des violences qu’ils recouvrent. D’autant que théâtraliser les défaites des luttes révolutionnaires a un indissociable pendant, décharner les victoires qui ne sauraient elles, être que coupables et assassines.

Selon cette imagerie de l’Histoire, les révolutions ne sont belles que vaincues. Ce positionnement qui consiste d’une part à occulter la violence que chaque défaite recouvre et qui s’accompagne d’une intransigeance justifiée, mais unilatérale, sur les responsabilités de la violence que chaque avancée révolutionnaire, libératrice ou émancipatrice comporte, revient à condamner toute lutte serait-ce une chemise déchirée et inscrit les luttes populaires, sociales, politiques, dans une logique de l’échec.

Qu’on l’entende bien, au contraire des impérialistes, colonialistes et réactionnaires, sans états d’âme devant les crimes du capitalisme par la guerre, la colonisation, le racisme, la ségrégation et l’exploitation, une conduite révolutionnaire et de se considérer comptable de ceux commis dans le cours des révolutions. Rappelons l’interrogation de Bertolt Brecht : Est s’il était innocent ?2 Assumer n’est pas accepter, mais il y a une malhonnêteté intellectuelle, un piège politique, à refuser l’implacable logique de la violence que comporte toute lutte s’opposant à la violence politique, coloniale et sociale. Il n’y a pas, de force « subversive » dans la mélancolie, la « lutte de classe », ces mots grossiers et inconvenants pour certains, c’est d’elle dont il s’agit, on la subit ou on résiste. »

Mémoire éclatée

De la décolonisation au déclin de l’Occident

Edition d’en bas, Lausanne.

Disponible à la librairie « le point du jour »

58 rue Gay Lussac Paris 5°

Librairie-lpj@wanadoo.fr

Prix de vente : 25€

1 22 décembre 2016.

2 Bertolt Brecht, Poèmes 5, Le peuple est-il faillible ?, L’Arche Editeur.

De gauche à droite, Daniel Blondet, Patrick Bobulesco, Nils Andersson, signant un livre, Christian Pierrel