Octobre 2016 : Un budget pour la guerre intérieure et extérieure

Appel du collectif « non à l’Otan, non à la guerre »
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La Forge 577, octobre 2016

Un budget pour la guerre « intérieure » et « extérieure »

« Cela ne m’intéresse pas d’être le chef d’état-major des armées pour gérer la misère. Après 2020, il sera trop tard, on aura perdu la guerre. » C’est en ces termes que le général De Villiers s’est adressé à Valls et aux différents responsables de la commission de la défense du Sénat et de l’Assemblée nationale lors de l’université d’été de la Défense qui s’est tenue début septembre à Paris.

La « misère » selon lui, ce serait un budget insuffisant, qui resterait inférieur au seuil de 2 % du PIB fixé depuis 2014 par les dirigeants de l’Otan. Ce sont 41 milliards qu’il faudra consacrer en 2020, par rapport aux 32,7 prévus pour ce budget, déjà en hausse par rapport au précédent. Valls ne l’a pas contredit : « c’est atteignable » a-t’il précisé, rejoignant Raffarin et d’autres ténors de la droite sénatoriale qui considèrent que « c’est le plancher de notre souveraineté ».

Quant aux budgets qui sont censés servir à combattre la misère, la vraie misère, faite de chômage, de mal-logement, de carences sanitaires, de précarité… ils sont tous à la baisse.

Militarisation de la société

Valls a insisté sur le « continuum entre sécurité extérieure et intérieure », pour justifier la poursuite du déploiement de l’armée dans les villes et dans les différents pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Cela représente quelque 30 000 militaires. Ce concept de « continuum » traduit une évolution de la politique de défense qui gomme la différence entre « intérieur » et « extérieur », et qui banalise la présence militaire dans toutes les sphères de la vie publique : de la ville à la campagne, jusque dans les écoles et les lieux de rassemblement. L’état d’urgence et son arsenal de lois, de moyens et de procédures de surveillance et de contrôle, individuel et collectif, en est le prolongement. Il ne s’agit pas seulement de « rassurer » la population, censée être en demande de protection contre les terroristes, mais de l’habituer à la présence permanente de forces armées, équipées de matériel de guerre. Et il s’agit aussi de gagner les esprits, depuis les écoliers jusqu’aux adultes, à l’idée qu’ils doivent participer à la « défense intérieure », tout en incitant toujours plus de jeunes à s’engager dans l’armée. Personne ne peut échapper au matraquage sur ce thème, depuis les campagnes massives d’affichage jusqu’aux publicités sur les tables de bistrots.

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Vendre toujours plus d’armes

Depuis 2015, Dassault engrange les ventes de Rafale, dont Le Drian est le commis voyageur le plus actif.

La dernière vente a été réalisée de gouvernement à gouvernement, avec l’Inde, pour un contrat de 36 appareils. Les négociations ont commencé en 2001 et, après de nombreux rebondissements, elles viennent de franchir une étape décisive, mais plusieurs aspects restent encore en suspens comme, par exemple, la répartition du travail entre les entreprises Dassault et celles de son allié, le trust indien Reliance ADA, détenu par un des membres de la grande famille Ambani, première fortune du pays. D’ores et déjà, l’accord prévoit que les transferts de technologie représenteront 50 % du contrat, estimé entre 7,6 et 8,1 milliards d’euros.

Dassault espère vendre davantage d’avions de combat à l’Inde qui est engagée dans une confrontation avec l’État voisin du Pakistan. Ces deux États, détenteurs de l’arme nucléaire, se sont déjà affrontés militairement à plusieurs reprises. Cette fois, le gouvernement nationaliste indien n’a pas hésité à attaquer des bases au Pakistan, dans la région contestée du Cachemire. Il s’agissait officiellement de « frappes chirurgicales » contre des groupes de terroristes et de donner un avertissement à « ceux qui essaient de les soutenir » !

L’enthousiasme des marchands de canons et du gouvernement qui défend si ardemment leurs intérêts, à chaque annonce de ventes à plusieurs milliards, doit être un peu refroidi ces derniers temps suite à des remises en cause de contrats par les acheteurs. La dernière en date est venue du gouvernement polonais, qui conteste le contrat de son prédécesseur concernant l’achat de 50 hélicoptères à Airbus, pour 3 milliards. Hollande s’est dit très fâché et des responsables du gouvernement laissent entendre que le gouvernement polonais devrait se montrer plus reconnaissant étant donné le montant des aides européennes dont il bénéficie. La menace est à peine voilée. Il faut dire que le gouvernement polonais voudrait que tous ces appareils soient montés en Pologne, sur des chaînes de montage appartenant aux principaux concurrents d’Airbus, Lockheed Martin (US), Agusta (Italie) et Westland (Royaume-Uni). Les négociations vont sans aucun doute reprendre.