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Solidarité avec les travailleurs, les syndicats et le peuple de Mayotte

Depuis bientôt deux semaines, Mayotte est paralysée par une grève générale organisée par l’intersyndicale (CGT, FSU, UD FO, l’UIR CFDT, SAEM, SNUipp et Solidaires).
Elle s’est déclenchée au lendemain de deux journées de grève contre la loi travail (30 et 31 mars).
Au cœur de cette forte mobilisation, l’exigence de l’« égalité réelle » entre Mayotte et la métropole, puisque, depuis mars 2011, Mayotte est un « département français d’outre mer ».
Une grève avait commencé en janvier dernier, mais elle a été suspendue, du fait de l’instauration de l’état d’urgence. Il a repris avec force, devant le silence des autorités, et l’absence de toute mesure concrète.

Une situation sociale catastrophique
61% des jeunes entre 15 et 24 ans sont au chômage. 27,6% des habitants de Mayotte vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon les chiffres officiels. A cela, il faut ajouter que des milliers de migrants, venus des îles voisines, au péril de leur vie, vivent dans la précarité totale : il y a 6000 mineurs isolés, non scolarisés, qui vivent dans la rue.
Pour ceux qui ont un travail, le « fossé » est grand entre ce qui existe en France et ce qui est appliqué à Mayotte. Le code du travail ne reprend qu’un quart des modalités de celui qui est (encore) en vigueur en France, les allocations familiales, les retraites, les allocations logement… sont très inférieures et le montant du RSA est inférieur de 50%.
Les rapports ne manquent pas pour décrire cette situation : ils pointent le manque de routes, d’hôpitaux, d’écoles. Les leçons n’ont pas été tirées des émeutes de 2011, qui avaient déjà mis cette réalité en lumière.

La grève générale a été traitée avec mépris par les autorités : pas de discussion, politique du « pourrissement ». La grève s’est renforcée, les manifestants ont érigé des barrages, pour bloquer l’économie et faire pression sur le préfet et le patronat. Les effets n’ont pas tardé à se faire sentir ; grands magasins vides, entreprises à l’arrêt… Mais les autorités ne cèdent pas.

La jeunesse laissée à l’abandon
C’est dans ce contexte, que des jeunes et des très jeunes sont sortis dans les rues, s’en prenant aux voitures, aux magasins… Cette violence est le produit de la désespérance qui frappe de larges secteurs de la jeunesse qui représente, à elle seule, 50% de la population !
La réponse des autorités, c’est l’envoi de forces de police et de gendarmerie, qui déploient des blindés et hélicoptères.

Nous dénonçons le traitement de l’Etat français à l’égard de Mayotte, traitement caractéristique d’une domination de type néocoloniale.
Nous dénonçons le « mur du silence » érigé depuis des semaines autour du puissant mouvement social à Mayotte.
Nous apportons notre solidarité pleine et entière aux revendications du mouvement gréviste.
Nous exigeons des mesures d’urgence sociale, en faveur des populations qui vivent dans la plus grande précarité et pauvreté.
Nous dénonçons la répression qui s’abat sur les jeunes ; ces jeunes qui sont avant tout les victimes de la politique suivie depuis des années, d’abandon des services publics, en matière de scolarisation, de santé physique et morale, de protection de la jeunesse.

Paris, 14 avril 2016