Toray : non au plan de la honte, non aux licenciements

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Les ouvriers de Toray, en AG, votent la poursuite de la grève

La grève des ouvriers de production de l’usine Toray a été reconduite en Assemblée générale. Elle est massivement suivie. La direction a porté plainte contre trois délégués CGT, qui sont convoqués le 23 novembre au tribunal. La riposte contre cette atteinte au droit de grève s’organise.

Nous publions ci-dessous le témoignage d’un responsable CGT de Toray

Lutte chez TORAY CFE (64) : non au plan de la honte

Toray CFE est usine de chimie industrielle qui fabrique de la fibre de carbone principalement pour l’aéronautique et l’industrie située sur le bassin industriel de LACQ (64). Le 15 octobre, sans que cela soit prévu à l’ordre du jour du CSE en date, la direction annonce le sourire en coin un plan de suppression d’emplois.

La réaction des salariés ne s’est pas fait attendre : ils se réunissent spontanément en assemblée dans les différents ateliers. Dès le 18 octobre, les salariés du site d’ABIDOS, à l’appel de la CGT, sont entrés en grève en réclamant l’annulation « du plan de la honte » qui vise à supprimer 42 postes. Il y a quelques années, l’usine comptait 442 salariés : l’objectif de la direction pour début 2021 est de descendre à 383 personnes et d’augmenter la production. L’impact de ce plan se répercutera fortement sur les salariés des sociétés sous-traitantes et jettera des familles dans la précarité, dans un bassin industriel déjà très touché par des fermetures de grand site à PARDIES comme la CELANESE en 2010 et YARA en 2018.

Le 2 novembre, le syndicat FO a rejoint le mouvent en appelant aussi à la grève illimitée sur les mêmes revendications que celles de la CGT. Le mouvement est suivi par une forte majorité des ouvriers, ce qui a entrainé l’arrêt de la quasi-totalité de la production d’ABIDOS ainsi que l’arrêt complet du site de LACQ, une première depuis son démarrage en 2014.

Pour imposer les suppressions de postes, la direction réorganise les ateliers en remplaçant le personnel par des machines ou des caméras et en instaurant de façon systématique la polyvalence. La CGT est très inquiète pour l’avenir de l’entreprise mais aussi pour la santé des travailleurs, tant du point de vue de la sécurité que sur les conditions de travail qui sont déjà pénibles aujourd’hui, avec des objectifs de production de plus en plus élevés et cela, avec de moins en moins de personnel. Ce plan de la honte vient supprimer des postes là où justement il en manquait déjà cruellement comme sur l’usine de Lacq, classé SEVESO seuil haut, et fait craindre un scénario à la « Lubrizol ». Là où aujourd’hui il y a un opérateur prêt à intervenir sur un départ de feu, le projet de la direction est de le remplacer par une caméra qui n’interviendra pas en cas de catastrophe.

Le patron de la filiale béarnaise, représentant les intérêts voraces de la multinationale TORAY, justifie ce plan de la honte dans le seul objectif de faire face à une concurrence de plus en plus ardue mondialement. Ce n’est pas aux salariés, au détriment de leur santé, de payer cette concurrence acharnée.

Les salariés et élus subissent des pressions et des intimidations de la part de la direction pour essayer de casser le mouvement de grève suivi en masse, en envoyant des courriers de menaces aux délégués syndicaux CGT et FO, jusqu’à faire venir des huissiers jour et nuit à l’usine.

Si ce sont principalement aux ouvriers que la direction demande toujours plus d’efforts, c’est aussi la femme de ménage du service des « ressources humaines » qu’elle veut licencier en supprimant le poste. Le jeudi 12 novembre, suite à une réunion entre les délégués syndicaux et la direction, l’intersyndicale (CGT/FO), a appelé à une assemblée générale du personnel qui a réuni près de 150 salariés en lutte, avec les contraintes sanitaires dues au COVID 19. Ils ont voté massivement la reconduction de la grève.

L’objectif des travailleurs en lutte est de refuser les licenciements et de nouvelles dégradations de leurs conditions de travail au bénéfice d’une multinationale dont l’unité de calcul de ses bénéfices est le milliard. La lutte se donne comme perspective le retrait pur et simple du plan de la honte.