Une Assemblée sans légitimité

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La longue séquence électorale, de plus de 8 mois s’est achevée par le deuxième tour des législatives.

Il a été marqué par un nouveau record en termes d’abstentions (56,8%), en hausse par rapport au premier tour (51,2%). De là découle une première conclusion : les résultats de tous les partis ayant présenté des candidats doivent être analysés à la lueur de cette abstention massive qui s’est manifestée partout. Cette assemblée est, comme l’ont souligné de nombreux analystes, « mal élue » et moins que jamais, elle ne peut prétendre « représenter le peuple ».

Mais le phénomène de l’abstention massive qui n’a cessé de se renforcer, traduit une contestation de fond du système basé sur les élections et leur mécanisme. La « légitimité » à travers les urnes, présentée comme la plus importante et la plus « démocratique » est profondément mise en cause.

Le parti qui a subi en premier les conséquences de cette abstention, c’est celui de Macron, pour lequel il était pronostiqué une victoire allant de 400 à 450 députés, sur la base des résultats du premier tour. C’est incontestablement une partie de ceux qui avaient voté pour ses candidats au premier tour qui se sont abstenus, soit parce qu’ils estimaient que « les jeux étaient faits », soit, pour certains, parce qu’ils avaient une certaine appréhension de voir une assemblée dominée de façon outrancière par le groupe des députés macronistes.

C’est aussi cet argument qui a joué pour mobiliser les électeurs des autres partis : les LR, l’UDI, le PS et qui a également bénéficié aux candidats de la FI.

Les LR ont limité les dégâts, avec 112 députés, « gagnés » à travers un intense travail de mobilisation électorale sur le terrain, mené par un appareil qui a encore des moyens de la faire. Ceci dit, ce résultat doit être modulé par l’émergence d’un groupe de parlementaires LR « constructifs », « Macron compatibles », traités de traîtres par de nombreux militants et dirigeants.

Le PS n’a plus que 31 députés, son secrétaire général quittant son poste après la « bérézina » annoncée. De plus, le groupe n’est pas stabilisé, car il y a encore des députés qui disent vouloir être avant tout « constructifs ». Cela se règlera au moment du vote de la confiance au gouvernement Philippe n°2.

Le FN a 8 députés, dont la plupart ont élus dans le Nord de la France. C’est un résultat très éloigné des ambitions du FN et de sa présidente qui s’est néanmoins fait élire. Si les contradictions internes à ce parti sont une des causes de cet échec, il n’en demeure pas moins que ces résultats mettent encore un peu plus en lumière, l’ampleur de l’opération autour de ce parti et de sa candidate, présentée tour à tour comme la première force politique, puis le principal danger aux présidentielles. M Le Pen aura été un des plus importants pourvoyeurs indirects de votes en faveur de Macron.

Les candidats de la FI et du PCF ont bénéficié d’une réelle mobilisation militante au deuxième tour, pour contrer l’ampleur de la chambre « bleue Macron » et pour qu’il y ait à l’assemblée des députés qui se réclament de la lutte contre la politique néolibérale de combat de Macron. Nous mêmes avions donné comme consigne, de voter pour les candidats de la FI ou du PCF qui se présentaient au deuxième tour avec l’appui de toutes les forces de la gauche du PS.

Avec 17 députés, la FI peut créer un groupe qu’elle dit « ouvert » à d’autres députés. Mais elle y met des conditions qui seront difficilement acceptées par tous les députés PCF (qui sont 10). Cette bataille pour le leadership de l’opposition à gauche au parlement va à l’encontre du sentiment de nombreux militants, des différentes forces politiques qui ont voté pour les candidats FI ou PCF et qui voudraient que cesse ces divisions, qui viennent s’ajouter à toutes celles qui se sont manifestées tout au long de cette longue séquence électorale.

Macron et son premier ministre Philippe, disposent d’une confortable majorité de 308 députés, auxquels s’ajoutent les 42 députés Modem, élus sous l’étiquette de la majorité présidentielle. Ils continuent leur entreprise de décomposition des forces politiques, en espérant avoir les coudées franches, sur le plan parlementaire, pour mener leur politique anti ouvrière et anti populaire, de poursuite des attaques contre le droit du travail, les organisations syndicales et toutes les mesures frappant les travailleurs, chômeurs, les jeunes…; de militarisation de la société, des guerres en Afrique et au Moyen Orient et de poursuite d’une construction européenne autour des politiques néolibérales et d’une « défense européenne » qui en est le bras armé.

Maintenant que cette longue période électorale est passée, l’heure est à s’organiser pour lutter contre cette politique: c’est nécessaire pour contrer le rouleau compresseur conduit par Macron, au service de l’oligarchie. C’est aussi nécessaire pour rassembler les forces, pour arriver à surmonter les divisions pour se consacrer à l’essentiel : la défense des intérêts ouvriers et populaires.

Non à l’Etat des patrons, non à l’Etat policier et sa politique de guerre : pour une rupture révolutionnaire.