1/10 : communiqué du PCE (m-l) : le peuple catalan s’exprime, l’Etat monarchique agresse. Echos des mobilisations de solidarité contre la répression

Solidarité contre la répression en Catalogne
2 octobre 2017
Semperit Argenteuil : les ouvriers et les soutiens manifestent dans les rues d’Argenteuil pour faire pression sur les négociations engagées avec la direction
5 octobre 2017

Le peuple catalan s’exprime,

L’État monarchique agresse.

Communiqué du PCE (m-l) 

Bien que Rajoy et son équipe s’efforcent de claironner le contraire, ce dimanche (1er octobre) il y a bien eu un référendum en Catalogne, et pas seulement dans les bureaux de vote qui ont résisté aux assauts policiers. Les rues également ont été une clameur unanime en faveur du droit des catalans à décider de leur destin en tant que peuple.

Même l’ONU a alerté sur les abus de pouvoir qui se produisaient ces dernières semaines et le monde entier a assisté au spectacle de la brutalité d’une « démocratie avancée » qui charge et tire avec des balles-caoutchouc sur des électeurs pacifiques, faisant près de 800 blessés, dont au moins deux graves. La conséquence, c’est que le régime monarchique ne peut plus continuer de cacher sa nature fascisante, héritage direct du franquisme ; ce régime génocidaire qui a commencé et s’est terminé en tuant et qui a consacré les Bourbons comme ses successeurs à la tête de l’État.

Il est tout à fait évident que la responsabilité de la situation extrême dans laquelle se trouve le conflit catalan incombe à Rajoy et à ses sbires. Il est clair que des secteurs de la bourgeoisie catalane ont utilisé le mouvement populaire pour l’autodétermination comme un écran de fumée derrière lequel ils ont caché leurs affaires de corruption et leur propre responsabilité dans la dégradation de la situation sociale en Catalogne ces dernières années. De la même façon, il est vrai que la petite bourgeoisie catalane a trouvé dans le nationalisme – comme tant de fois dans l’histoire – la béquille qu’elle cherchait désespérément face à la longue crise économique et au déclassement social ; de plus, elle a réussi à devenir hégémonique dans ce mouvement, même si le résultat serré des dernières élections autonomiques n’encourageait pas, rationnellement, à se lancer dans cette voie « à la va comme je te pousse ».  Par contre c’est l’entêtement du régime dans son ensemble, et pas seulement de Rajoy (qui s’est vu accompagné dans cet aventureux entêtement par le reste des partis « constitutionnalistes » et le pouvoir judiciaire), qui a fait que les catalans sont sortis en masse pour décider de leur destin. Et c’est la violence déchainée par le régime qui a réussi à faire qu’il y ait, en Catalogne, plus d’indépendantistes que jamais ; elle pourrait bien avoir amené la situation à un point de non-retour, en rendant probablement définitive la défection de millions de catalans, d’avec ce qu’ils appellent l’Espagne : la barbarie, l’autoritarisme, l’agression. Ils se retrouvent sur ce point avec les partis du régime.

C’est ce que montre la position de Rajoy exprimée en fin de journée du dimanche 1er octobre, quand il s’entête à ignorer les votations massives et qu’il justifie la répression sauvage déchainée par la police. De la même façon, il y a l’exigence que les principaux leaders indépendantiste quittent la scène, comme on a pu l’entendre ces derniers jours, des propos typiques de quelqu’un qui croit avoir gagné, en dépit de toutes les évidences. On constate la même orientation dans les déclarations de son « sacristain », Rivera[1], qui a poussé à ce qu’il appelle « la recentralisation » (« renouveler le projet commun de tous les espagnols », « assez de privilèges pour les nationaliste » …) une attente de l’extrême droite, représentée sur cette question par Ciudadanos[2]. Cette solution ne ferait que jeter plus de bois dans le brasier du conflit ouvert, qui s’appuie sur le spectacle lamentable (et numériquement insignifiant) donné la semaine dernière, dans plusieurs villes, par des groupes ouvertement fascistes, et sur des calculs électoraux scélérats.

D’autre part, il est sûr que Iceta[3] a défendu le principe de la négociation, mais tant le PSOE[4] que Ciudadanos ont fait preuve du même cynisme, en exigeant de nouvelles élections autonomiques (« des élections pour de vrai », selon RIvera) et de la même bassesse face à la répression déchainée par l’Etat. Il faut donc prévoir une « fuite en avant », tant de la part des indépendantistes – à présent complètement légitimés par la maladresse et la brutalité montrées par le régime – que de la part du Gouvernement qui, par sa réponse policière a pratiquement fermé la porte à toute possibilité de solution politique au problème : après sa défaite de dimanche, il ne peut même plus affirmer une position de force. Tout ceci ne peut qu’aggraver la situation, à moins qu’il y ait des pressions internationales ou de la grande bourgeoisie catalane en faveur d’une négociation– ce qui est peu probable, compte tenu de l’expérience historique. Et cela ne peut qu’empirer en Catalogne même mais aussi dans le reste de l’État, tant que le régime ne sera pas face à une forte mobilisation contre sa politique autoritaire, de la part des différents peuples d’Espagne.

On ne peut rien attendre non plus, de la gauche institutionnelle. Si nous affirmions, dans notre communiqué du 19 septembre dernier, qu’elle n’a pas de programme alternatif au régime de 1978, les évènements d’aujourd’hui l’ont confirmé avec toute leur brutalité. « Ce que fait le PP[5] à notre démocratie me répugne », dit Iglesias[6]. « Ce sont les gens qui doivent faire preuve de bon sens », précise Errejon[7]. Et il n’est clair pour personne quelle est la solution proposée par ces opportunistes, à part la démission de Rajoy. Comme si le problème était celui de tel ou tel gouvernement ! Est-ce que les Gonzalez, Zapatero[8], etc. n’ont pas tous entonné la même rengaine ? Est-ce que la majorité parlementaire n’a t’elle pas servi à faire passer la Loi de Sécurité Nationale – qui pourrait probablement servir à mettre fin de facto à l’autonomie catalane -, et toutes les lois antidémocratiques, dites les lois baillons ? [9]

Que le régime monarchique héritier du franquisme soit incapable de donner une réponse démocratique au problème national catalan, cela a été définitivement ratifié par les agressions de ce dimanche. Que l’indépendantisme ne résout pas les problèmes des classes populaires catalanes, et ne résout pas les problèmes du prolétariat, cela est évident pour peu que l’on regarde les conditions de vie et de travail qui résultent de trente années de Govern nationaliste. Pour peu également que l’on considère le pourcentage très élevé d’établissements de l’enseignement concerté[10] ou la façon dont les dirigeants catalans actuels ont appliqué certains aspects très peu démocratiques des lois sur l’enseignement tels que ceux relatifs aux prérogatives des directeurs d’établissement. Non, la solution au problème national catalan, à la question nationale dans l’ensemble de l’Etat et aux conditions de vie des classes populaire passe par un changement de régime en Espagne. Il est clair que nous soutiendrons le peuple de Catalogne dans sa lutte pour les libertés démocratiques, y compris le droit à l’autodétermination, et contre la répression qui pourrait s’abattre sur lui. Mais, en même temps, nous continuerons de lutter pour édifier un Front Populaire Républicain et Antifasciste qui, en partant du rejet total de la dérive fascisante de l’État, travaillera dans tous les domaines et partout, à tous les niveaux territoriaux pour rompre avec le régime monarchique de l’oligarchie, jusqu’à ce que devienne réelle une République Populaire et Fédérative au sein de laquelle les différents peuples pourront décider de leur relation les uns avec les autres.

Par conséquent, nous appelons toutes les forces démocratiques à constituer des tables rondes pour la démocratie, pour la République et contre le fascisme, qui donneront ainsi un prolongement à la vague d’indignation et de rébellion des peuples d’Espagne en réponse à la barbarie de l’État monarchique.

 

Madrid, le 1er octobre 2017

Parti Communiste d’Espagne (marxiste-léniniste)

Le Secrétariat du Comité Central.

Notes du traducteur

[1] Rivera : leader du Parti Ciudadanos (Citoyens). Il se dit ni de droite ni de gauche. On dit en Espagne qu’il est proche d’E. Macron.

[2] Ciudadanos : parti de centre-droit qui se présente pour la 1ère fois aux élections en 2009. Surtout implanté au Barcelone, il est opposé au catalanisme.

[3] Iceta : leader du Parti Socialiste de Catalogne.

[4] PSOE : Parti Socialiste Ouvrier Espagnol. Gestionnaire de la transition dite démocratique après la mort de Franco et l’adoption de la constitution actuelle.

[5] PP : parti de droite au pouvoir actuellement.

[6] Pablo Iglesias : leader de Podemos.

[7] Inigon Errejon : une des têtes pensantes de Podemos.

[8] Gonzalez, Zapatero : deux leaders historiques du PS depuis le post-franquisme..

[9] Les lois baillons sont des lois votées par la majorité parlementaire PSOE qui restreignent les libertés démocratiques, notamment le droit de manifestation.

[10] Enseignement concerté (entre le publique et le privé). L’éducation nationale accorde une très grande place à l’enseignement privé, qui est confessionnel à 80%.

 

 

Echos des mobilisations en France

Strasbourg

Rassemblement place Kléber, à Strasbourg, le 2 octobre. Photo@LaForge

Solidarité contre la répression en Catalogne

Un rassemblement de soutien appelé dès le lundi matin 9 heures, a rassemblé une cinquantaine de personnes le soir même, à 19h, place Kléber.

Etaient présents des jeunes, des militants d’organisations politiques (JCF , NPA Ensemble, PCOF), des syndicalistes, des jeunes catalans…

Des slogans ont fusé

Vive la solidarité internationale des peuples,

Contre la violence d’Etat

Pour les libertés et la démocratie

Pour le droit à l’autodétermination des peuples

Non non à la répression

Gouvernement français complice

Malgré les pressions de la police, très rapidement il fut décidé de se rendre en cortège devant le consulat d’Espagne.

Le parti est intervenu avec le journal et en diffusant le texte de l’appel national commun

« Solidarité internationale contre la répression en Catalogne ».

Les discussions se sont poursuivies un bon moment au retour sur la place Kléber, notamment avec de jeunes espagnols, rendez-vous a été pris au plus tard pour la manif du 10 octobre.

 

 

Prises de parole devant l’ambassade d’Espagne, à Strasbourg. Photo@LaForge

Les camarades ont diffusé l’appel national « solidarité internationale contre la répression ». Photo@LaForge

 

Paris

L’intervention de notre porte parole Véronique, au rassemblement devant l’ambassade d’Espagne, à Paris, le 3 octobre