L’autocrate Erdogan a proclamé la victoire de « son » référendum.
Les résultats contestés, car entachés de nombreuses irrégularités (comme l’ont souligné de nombreux commentaires en Turquie même ; « le scrutin est public, mais le décomptage des voix est secret »), donne le « oui » à 51%.
Compte tenu des conditions de la « campagne », ce résultat est bien en deçà des ambitions plébiscitaires du régime. Depuis des mois et notamment depuis le putsch manqué de juillet 2016, le régime a verrouillé toute expression d’opposition à son projet de renforcement du pouvoir présidentiel, au cœur de ce référendum. C’est tout l’appareil d’Etat, qui a été mis au service de la campagne pour le « oui », dans un contexte d’état d’urgence qui donne à la police, aux services de renseignement, à l’armée, au pouvoir exécutif… des pouvoirs de surveillance et de répression quasi illimités.
Erdogan a joué à fond la carte du nationalisme, de la « guerre contre le terrorisme », qu’il attribue systématiquement à toute forme de contestation ou de revendication, notamment celles émanant des organisations kurdes. Mais c’est l’ensemble du mouvement ouvrier et populaire, des organisations démocratiques, qui sont visées par l’extension des pouvoirs de l’Etat policier et du régime « d’un homme et d’un parti », l’AKP.
Erdogan a habilement instrumentalisé les critiques et les déclarations des dirigeants de l’UE et des pays où vivent des communautés turques (Allemagne, Belgique, France, Hollande…) en mettant en avant leur caractère hypocrite et méprisant. Il a beau jeu de dénoncer les « quarante années » de tergiversations de ces dirigeants sur la question de l’entrée de la Turquie au sein de l’UE. Il a beau jeu de souligner leur cynisme, quand ces mêmes dirigeants lui ont demandé de fermer militairement les frontières aux migrants de Syrie, d’Irak, d’Afrique… vers l’UE, en contre partie de milliards d’euros jamais versés. Ce n’est pas un hasard si les scores en faveur du « oui » ont été plus élevés dans ces communautés, travaillées depuis des années par l’AKP et victimes des campagnes racistes des partis de droite et d’extrême droite, comme on l’a vu en Hollande.
Erdogan ne cèdera pas aux exigences concernant un recomptage des voix, mais il devra tenir compte de l’ampleur de l’opposition qui s’est exprimée à travers le « non ».
Nous exprimons notre solidarité aux forces progressistes de Turquie, avec les intellectuels, les journalistes… qui résistent au régime autocratique qui étouffe la société, avec les syndicats qui défendent les intérêts des ouvriers et des travailleurs et qui luttent pour l’unité de la classe ouvrière, avec les partis politiques progressistes qui dénoncent et combattent ce régime et sa politique de guerre intérieure et d’expansionnisme dans la région. Nous assurons tout spécialement le parti EMEP, avec lequel nous avons des liens fraternels anciens, de notre entière solidarité.