Bilan politique de 2023 sur la situation nationale

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(article de La Forge 657 de janvier 2024)

Il est toujours arbitraire de faire le bilan politique d’une année calendaire, surtoutsi on veut l’analyser du point de vue de la lutte de classe, au niveau national et international. La lutte de classe, qui ne se développe pas de façon linéaire et que la bourgeoisie, avec son puissant appareil de désinformation et de manipulation médiatique, essaie de gommer au plus vite, dès lors qu’elle est marquée du sceau de l’action de la classe ouvrière et des peuples. Or c’est bien le développement de la lutte de classe, de la mobilisation de la classe ouvrière, des travailleurs et travailleuses surexploité.e.s, « lessivé.e.s » par les années Covid mais déterminé.e.s à défendre leurs intérêts, les mobilisations de la jeunesse à leurs côtés, qui ont marqué une partie de 2022 et plus encore 2023.

Il nous faut d’emblée prendre en compte le contexte marqué par la guerre impérialiste en Ukraine, qui a accéléré et amplifié la militarisation de la société française et renforcé le lobby militaro industriel (avec notamment les 413 milliards prévus pour la loi de programmation militaire). A cela s’ajoute le contexte de l’aiguisement de la crise coloniale (notamment dans les Antilles et en Kanaky) et de la contestation d’une ampleur jamais vue, depuis la période des indépendances, de la présence militaire de l’impérialisme français dans toute sa sphère de domination néocoloniale d’Afrique. Cette contestation, qui a des racines profondes dans les peuples, sera dans la plupart des cas captée par des groupes politico-militaires qui prendront le pouvoir, souvent par des putschs et qui pourront s’appuyer sur d’autres puissances impérialistes – en premier lieu, la Russie et la Chine – pour résister aux manœuvres de déstabilisation fomentées par l’impérialisme français et ses alliés locaux. Nous sommes en plein dans la dénonciation de la guerre d’extermination menée par Israël contre le peuple palestinien qui redessine les rapports de force dans cette région. Nous n’allons pas développer cela dans ce bilan, plusieurs numéros de notre journal lui sont consacrés.

Concernant la place de l’impérialisme français dans la construction européenne impérialiste, et ce qu’il en tire du point de vue économique, politique, diplomatique et même militaire, il apparaît de plus en plus qu’elle a été remise en cause par la guerre en Ukraine et ses conséquences. Il y a notamment les nouveaux rapports de force favorables à l’impérialisme US, qui s’est imposé comme puissance incontournable et irremplaçable à beaucoup d’Etats (de l’Europe du Nord, du Centre). Il y a le poids économique, politique et militaire grandissant de l’impérialisme allemand, qui a moins besoin de la relation privilégiée avec l’impérialisme français. Et il y a l’affaiblissement de l’impérialisme français en Afrique qui ouvre de nouvelles possibilités à ses alliés et en même temps rivaux.

Cet affaiblissement de l’impérialisme français le rend plus dangereux et plus brutal envers la classe ouvrière, les masses populaires et les peuples. Cela se traduit par le caractère de plus en plus réactionnaire de sa politique, du point de vue de son contenu et de la façon dont elle est menée. Avec, face à lui, un mouvement ouvrier et populaire, une classe ouvrière, une jeunesse, des peuples, qui résistent, des ripostes qui peuvent se radicaliser, trouver des formes unitaires, d’abord et avant tout sur le terrain social, des mobilisations de terrain. Cela se traduit par le fait que « c’est dans la rue que ça se passe », que ce sont les collectifs qui se mettent en place sur chaque grande question qui mènent les luttes, que les forces politiques qui se réclament de la gauche, divisées, ancrées dans les cadres institutionnels et électoraux, « accompagnent » ces mouvements, mais ne sont pas perçues comme porteuses d’une alternative de changement de fond de la société.

Or, il y a de plus en plus de militants, expérimentés ou qui font leurs premières armes, souvent jeunes, qui sont ouverts à la question du changement de société de plus en plus nécessaire et qui prennent conscience que ce changement doit être de fond, que c’est la classe ouvrière qui en est le moteur et la force d’entraînement des autres couches, notamment de la jeunesse. C’est cela que notre parti a mis en avant et c’est cette conscience qu’il s’est efforcé d’organiser.