Brexit : il faut lier le rejet de l’UE au rejet de la politique néolibérale

Après le coup d’état raté
20 juillet 2016
Déclaration commune des organisations syndicales de France sur la situation en Turquie
7 août 2016

Au Royaume Uni, le référendum sur l’appartenance à l’UE, a débouché sur la victoire du vote en faveur de la sortie de l’UE, connue sous le nom de « brexit ».

Avec 72% de participation, la « sortie » a obtenu 51,9% des voix.

C’est un résultat serré, avec de grandes différences régionales. Les électeurs d’Ecosse et du Pays de Galles ont voté majoritairement pour le maintien, les secteurs populaires ont davantage voté pour la sortie, y compris dans l’électorat du parti travailliste, qui avait fait campagne pour le maintien dans l’UE.

C’est un échec cinglant pour tous les partisans, au Royaume Uni et en Europe, de l’UE et de la construction européenne.

Les explications données, sur le caractère réactionnaire et raciste de ce vote occultent sciemment toutes les raisons sociales de ce rejet d’une construction européenne, synonyme de toujours plus de flexibilité, d’austérité, de chômage, de dumping social. Une UE qui impose les diktats de la finance et méprise les peuples.

Ce résultat s’inscrit dans un vague de fond : celle de la victoire du « non » en France et aux Pays Bas, en 2005, au référendum sur le traité européen (TCE), du « non » grec au référendum de juillet 2015, contre le programme d’austérité imposé par la troïka. C’est le rejet qui s’exprime aussi dans des pays comme le Danemark, l’Irlande… et quand le résultat d’un référendum n’est pas conforme aux intérêts de l’oligarchie, on fait revoter (comme en Irlande), ou on le contourne, comme on l’a vu, avec le traité de Lisbonne, qui a repris l’essentiel du TCE.

Au Royaume Uni, dans la campagne pour la sortie de l’UE, il y avait des forces sociales et politiques, des syndicats, qui ont donné un contenu anti capitaliste, de rejet du néolibéralisme, à leur campagne. Mais les commentaires ne parlent que des forces réactionnaires, nationalistes, racistes qui ont fait campagne pour la sortie.

Dans plusieurs pays, ces forces essaient de capitaliser le rejet de l’UE pour l’engager sur le terrain du nationalisme, de la xénophobie.

Cette réalité ne fait que souligner l’importance pour les forces de progrès, de s’emparer de la question de la nécessité de la rupture avec l’UE et l’euro, partie intégrante du combat contre les politiques néolibérales.

La victoire du « brexit » ne signifie pas encore la sortie effective du Royaume Uni de l’UE, ni l’effondrement de la construction européenne. Mais c’est sans aucun doute un affaiblissement et une déstabilisation du processus de construction politique. Ceci dit, ce n’est pas une remise en cause des politiques néolibérales, des politiques d’austérité, qui restent la ligne de conduite de tous les gouvernements actuels.

Dans ce contexte, nous voulons affirmer en premier lieu notre soutien aux forces qui se battent au Royaume Uni contre la politique néolibérale et qui ont fait campagne pour la « sortie » de l’UE.

C’est maintenant qu’elles auront besoin de la solidarité des forces qui luttent pour les mêmes objectifs, pour développer la solidarité internationale.

D’autre part, nous appelons à la vigilance et à la mobilisation contre les plans de l’oligarchie, des monopoles, qui visent à relancer le processus d’intégration de l’UE.

Enfin, nous pensons qu’il faut poser la question de la sortie de l’UE et de l’euro, en tant que partie intégrante du combat pour rompre avec le néolibéralisme, a fortiori avec le capitalisme.

Le mouvement contre la loi El Khomri, une loi qui est conforme aux injonctions de la Commission européenne, de la BCE, comme celui qui se développe en Belgique, contre un même type de loi anti ouvrière et anti sociale, montre clairement que ces lois « estampillées » UE sont au service du capital, du patronal, des monopoles et que ce sont bien les gouvernements qui décident de les mettre en œuvre, contre « leur » propre peuple.

Paris, 25 juin 2016

Parti Communiste des Ouvriers de France

www.pcof.net, pcof@pcof.net

Extraits de l’article sur le référendum au Royaume Uni, paru dans La Forge de mai 2016.

« Le résultat sera serré. Quel qu’il soit, la priorité pour la classe ouvrière et les masses populaires, sera de développer les combats contre la politique néolibérale effrénée de Cameron, ses attaques contre les services publics, la protection sociale, la santé et l’éducation, contre le droit de grève, de plus en plus remis en cause, et contre la politique de guerre. L’unité des forces qui font campagne pour le Brexit, sur des bases progressistes, peut et doit y contribuer.
Nous soutenons les forces démocratiques et progressistes qui se battent pour le Brexit. »