Déclaration du Parti Communiste révolutionnaire Voltaïque sur le putsch militaire contre-révolutionnaire du 24 janvier 2022 du mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR)
L’évolution de la situation politique économique et sociale de notre pays et marquée ces derniers temps par le coup d’Etat militaire du 24 janvier 2022 perpétré par un groupe d’officiers des forces spéciales sous la bannière du « Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration » (MPSR) ayant à sa tête le lieutenant-colonel Sandaogo Paul Henri DAMIBA et dont la composition et le programme n’ont jamais été dévoilées jusqu’à ce jour.
Dès son avènement, le MPSR par la voix de son chef, le Lieutenant-colonel DAMIBA, a promis de libérer les zones occupées par les groupes terroristes, d’organiser le retour des personnes déplacées internes dans leur village, de l’administration publique et d’assurer les services sociaux de base.
C’est en raison de ces promesses qu’une partie du peuple a cru que le MPSR pouvait résoudre la crise sécuritaire que connaît le pays. Près de trois (3) mois après le putsch, il y a des interrogations au regard de l’approfondissement de la crise sécuritaire.
Aussi est-il important pour le PCRV d’éclairer la classe ouvrière et les masses en apportant des réponses aux questions suivantes :
- Quels sont les traits caractéristiques et les objectifs visés par le coup d’Etat militaire du 24 janvier 2022 ?
- Quelles sont les forces sociales et politiques qui soutiennent le coup d’Etat ? Les intérêts de quelles forces sociales et politiques sert-il ?
- Quels sont les liens des putschistes avec l’impérialisme, notamment français ?
- Ce coup d’Etat peut-il créer les conditions d’une solution correcte des problèmes en faveur de la classe ouvrière et du peuple ? Peut-il réaliser les transformations politiques économiques et sociales auxquelles notre peuple aspire ?
I LES TRAITS CARACTERISTIQUES ET LES OBJECTIFS VISES PAR LE COUP D’ETAT MILITAIRE DU 24 JANVIER 2022
1.1 La situation ayant conduit à l’avènement du MPSR
Le coup d’Etat du MPSR est intervenu dans un contexte national marqué essentiellement par :
- Une profonde crise sécuritaire sans précédent du fait du terrorisme qui s’est muée en une guerre civile réactionnaire que les groupes armés terroristes et les puissances impérialistes notamment l’impérialisme français imposent à la classe ouvrière et au peuple. Cette guerre civile réactionnaire qui menace même l’existence de notre pays a provoqué un tournant majeur dans l’évolution de la situation nationale. Elle met à rude épreuve les classes et couches populaires qui placent la question sécuritaire au cœur de leurs préoccupations et qui sont de ce fait sensibles aux initiatives et projets politiques qui se proposent d’y apporter une solution ; la lutte contre le terrorisme pouvant servir de paravent où d’alibi commode pour masquer d’autres ambitions et d’autres objectifs ;
- La faillite de l’Etat néocolonial, l’exacerbation des rivalités entre les fractions bourgeoises pour le contrôle du pouvoir d’Etat, et l’incapacité du pouvoir réactionnaire du MPP et de ses alliés à faire face à la situation et à apporter des solutions appropriées aux préoccupations fondamentales et pressantes des populations. Ainsi la politique de la fraction bourgeoise représentée par le MPP et ses alliés tendant à gérer seul et pour son compte exclusif l’appareil d’Etat n’a pas été du goût des autres fractions qui ont vu que leurs intérêts étaient compromis et qui se démenaient de toutes les manières pour la conquête, la reconquête ou le repartage du pouvoir dans un sens qui leur soit favorable. Tel a été tout le sens des tapages autour du « dialogue politique » et de la « réconciliation nationale ». N’ayant pu obtenir gain de cause par ce biais, ces fractions ont procédé à des appels de plus en plus pressants à la démission du président Roch Marc Christian Kaboré et au coup d’Etat. Du reste, le CDP et les autres fractions liées au clan de Blaise Compaoré n’ont jamais fait mystère de leur volonté de reconquérir le pouvoir par tous les moyens, y compris la violence réactionnaire. Ce fut le cas avec la tentative de putsch du général DIENDERE en septembre 2015 ;
- L’incapacité manifeste du pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré, de son MPP et alliés, le discrédit de ce pouvoir, la défiance des populations, la déliquescence des institutions de l’Etat, y compris l’armée, l’incapacité à contrôler l’armée, l’action de pourrissement entreprise de façon méthodique et systématique par les clans militaires rivaux. Il faut ajouter l’effritement de la base sociale du pouvoir et le fait que les masses ont fini par se convaincre qu’elles ne peuvent rien attendre de ce régime et que celui-ci constituait au contraire un obstacle au changement qu’elles réclament. Tout cela a fini par faire le lit des tendance putschistes favorisées par la guerre et ses conséquences au sein des forces de défense et de sécurité (FDS). Le coup d’Etat du 24 janvier, avec la prise de pouvoir par un des clans putschistes au sein de l’armée et regroupés sous la bannière du MPSR, en est une des manifestations.-
- Le développement des luttes des masses populaires, des travailleurs et de la jeunesse pour un changement véritable et profond en leur faveur. Imprégné de l’esprit de l’insurrection populaire d’octobre 2014 et de la résistance victorieuse au putsch réactionnaire et contre-révolutionnaire du général DIENDERE de septembre 2015, ces luttes sont de plus en plus massives et populaires avec un contenu démocratique et anti-réactionnaire. Elles ont de plus en plus une orientation anti-impérialiste et un caractère insurrectionnel. Fondamentalement, les masses populaires, à travers ces luttes, posent l’exigence d’un changement révolutionnaire en leur faveur. Cela ne pouvait qu’ébranler les bases de l’Etat néocolonial, inquiéter l’impérialisme, principalement français, et les classes et couches sociales ainsi que les forces politiques qui lui sont alliées.
- Le pouvoir du MPP et ses alliés est apparu de plus en plus isolé, décrié et impopulaire, surtout son chef Roch Marc Christian Kaboré, à tel point qu’il était incapable de continuer à gérer le pays dans la stabilité et de mettre en œuvre la feuille de route de l’impérialisme dominant, en l’occurrence l’impérialisme français. Dès lors, il devenait nécessaire de procéder à une rechange d’équipe afin de « sauvegarder » et de renforcer la mainmise de l’impérialisme, notamment l’impérialisme français, soucieux de barrer la route aux tentatives de contrôle du pouvoir d’Etat par d’autres puissances impérialistes à travers leurs alliés locaux.
1.2 Les objectifs du putsch du 24 janvier 2022 : un coup d’Etat militaire contre-révolutionnaire réactionnaire
Le coup d’Etat militaire du 24 janvier 2022 répond à un objectif fondamental à savoir :
- Briser l’élan révolutionnaire des masses, contrer la montée du mouvement populaire et révolutionnaire et tenter de sauver le système néocolonial de la révolution qui gronde et qui le menace. Du reste, les ambitions affichées par la dénomination du MPSR (la sauvegarde la restauration), les déclarations, la pratique du MPSR n’autorisent aucun doute à ce sujet. En effet, le chef de la junte militaire qui a opéré le coup d’Etat, le lieutenant-colonel DAMIBA, a clairement indiqué que son mouvement le MPSR ne s’inscrit nullement dans une logique révolutionnaire ; comme pour faire une mise au point ferme à ceux qui se méprendraient sur les objectifs véritables des putschistes et en même temps rassurer la bourgeoisie réactionnaire dans son ensemble et en particulier les clans politiques où militaires qui ont suscité, soutenu, organisé le coup d’Etat. En clair, ainsi que la suite des événements et les faits vont l’illustrer, le coup d’Etat du MPSR visait ni plus ni mois qu’à restaurer l’ordre politique antérieur, sauvegarder l’Etat néocolonial dont le pouvoir corrompu, décrié, impopulaire du MPP et de ses alliés n’étaient plus en mesure de garantir efficacement le fonctionnement et la survie. Bien entendu, il s’agit là d’une illusion en raison de la faillite de l’Etat néocolonial, y compris l’institution militaire.
Le coup d’état militaire du 24 janvier 2022 a également comme objectif :
- Tenter de réaliser l’unité de la bourgeoisie réactionnaire sous la houlette de l’impérialisme, notamment français, à travers une recomposition des forces sociales et politiques de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie radicale réformiste. Cependant l’unité de la bourgeoisie n’est pas acquise pour autant. Cela apparaît assez clairement au regard de l’évolution de la situation qui révèle que l’agenda des putschistes est pour le moment articulé autour de la remise en selle du clan Blaise Compaoré avec le CDP et les partis et organisations alliés qui pourrait constituer le noyau dur de cette recomposition. Cette perspective ne manquera pas de provoquer l’hostilité des autres fractions de la bourgeoisie qui n’y trouveraient pas leur compte. Il s’agit notamment des partis et organisations qui ont profité de l’insurrection populaire de 2014 et animé la transition et le CNT d’alors, en particulier le MPP et ses alliés qui ont géré le pouvoir depuis 2015. L’implosion qui se poursuit dans plusieurs partis avec les différentes démissions, comme c’est le cas dans le MPP et les autres partis de l’ex-majorité présidentielle, ne constituent pas nécessairement un facteur qui va faciliter l’unité de la bourgeoisie.
- Etouffer le mouvement populaire et révolutionnaire par la démagogie, la répression et la terreur contre le peuple, les démocrates et en particulier les révolutionnaires, liquider les organisations démocratiques et révolutionnaires ;
- Fournir à l’impérialisme, principalement français, et à la bourgeoisie réactionnaire toutes tendances confondues, une opportunité de sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvent.
Les tentatives de légalisation de et de légitimation qui ont accompagné l’avènement du MPSR qui ne sont que de la poudre aux yeux et visent en même temps à rassurer les puissances impérialistes, n’enlèvent rien au fait qu’il s’agit d’un coup d’Etat militaire.
Pour toutes ces raisons le putsch du 24 janvier 2022 est contre-révolutionnaire, réactionnaire et pro- impérialiste
II LES FORCES SOCIALES ET POLITIQUES QUI SOUTIENNENT LE COUP D’ETAT DU MPSR
Le coup d’Etat du MPSR sert les intérêts de la bourgeoisie réactionnaire ainsi que de la petite bourgeoisie radicale réformiste. Ce sont ces forces sociales et leurs partis et organisations qui l’ont soutenu et le soutiennent d’une manière ou d’une autre.
- Il y a d’abord le clan de Blaise Compaoré et le CDP, en particulier son aile qui qui se proclame « CDR historique », ainsi que d’autres partis et les organisations de la société civile (OSC) de cette mouvance. Ceux-ci apparaissent comme l’aile politico civile du putsch du 24 janvier ayant conduit à l’avènement du MPSR. En effet, l’évolution de la situation montre de plus en plus clairement que la restauration annoncée par le MPSR vise d’abord à remettre en selle ce clan et la fraction de la bourgeoisie qu’il représente. Cela se manifeste, entre autres, par des contacts souterrains ou ouverts avec le clan de Blaise Compaoré, le rôle joué par les caciques et les soutiens de son régime. De nombreux faits en attestent tels que :
- La désignation de Tertus Zongo pour présider les « Assises des forces vives » ;
- La nomination dans le Gouvernement de la Transition des fidèles parmi les fidèles de Blaise Compaoré comme Yéro BOLLI, nommé ministre chargé de la réconciliation nationale ;
- La désignation par le Chef de la junte militaire, le Lieutenant-colonel DAMIBA, à l’Assemblée Législative de la Transition de représentants d’organisations de la société civile (OSC) favorables aux putschistes et au CDP, y compris des personnalités et des maires décriés par les masses ;
- La composition des délégations envoyées en mission dans certains pays, et qui comprenaient les anciens membres du CDP ;
- La présence dans les rangs du MPSR d’anciens officiers du RSP [le Régiment de Sécurité Présidentielle de Blaise Compaoré], la nomination de plusieurs d’entre eux à des postes clés de la hiérarchie militaire ;
- Le séminaire gouvernemental organisé par le lieutenant-colonel DAMIBO assuré par des caciques du CDP.
- À l’annonce de la prise du pouvoir par le MPSR, les autres partis et organisations de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie radicale réformiste : partis et organisation de l’ex-majorité, de l’ex-opposition et bien d’autres, ont « pris acte » du coup d’Etat et ont expliqué leur disponibilité à « accompagner » le nouveau pouvoir, y compris les forces religieuses et coutumières qui du reste ont été gratifiées d’un ministère. Toutefois, chacun d’eux a son agenda. C’est la raison pour laquelle ils soutiennent la transition et participent à ces organes, en caressant l’espoir de revenir aux affaires ou d’être réhabilités. Ils se préparent à des échéances futures et, ce faisant, ils veulent se donner les moyens d’atteindre leurs propres objectifs. Le MPP, d’abord paniqué, tente de relever la tête et évite soigneusement de s’opposer frontalement au pouvoir du MPSR.
- C’est dans ce cadre, qu’il faut comprendre la posture d’une aile de la petite bourgeoisie radicale réformiste qui, sous couvert de changements générationnels et sous prétexte de se mettre « au service de la nation en danger » piaffe d’impatience de venir aux affaires. Elle cherche à participer à la gestion de l’appareil d’Etat et à accéder au rang de la bourgeoisie. Cela finit de convaincre sur la nature foncièrement contre-révolutionnaire et réactionnaire des éléments de la petite bourgeoisie radicale réformiste et des opportunistes de tous poils qui se plient en quatre pour justifier le coup d’Etat du MPSR et ce faisant ils s’efforcent de réhabiliter le putschisme dans notre pays par toute sorte d’arguties. Ils veulent ainsi masquer les intérêts et le contenu de classe du système économique et social que les putschistes du MPSR entendent défendre.
- Ainsi dans la perspective des échéances électorales futures, le paysage politique se dessine à travers les postures des différentes forces sociales et politiques vis-à-vis du pouvoir du MPSR. Mais toutes ces forces défendent les intérêts de classes réactionnaires, contre-révolutionnaires, et ne se soucient aucunement des préoccupations fondamentales de la classe ouvrière et du peuple.
III LIENS DES PUTSCHISTES AVEC L’IMPERIALISME, NOTAMMENT FRANÇAIS
Le coup d’Etat du 24 janvier 2022 bénéficie également de la compréhension, voire du soutien des puissances impérialistes, principalement l’impérialisme français, et leurs relais que sont notamment la CEDEAO et l’UEMOA. L’attitude bienveillante des autorités françaises, de l’Union européenne et de la CEDEAO en dit long à ce sujet. Ce soutien a été exprimé en des termes on ne peut plus clairs par la représentante spéciale de l’Union européenne pour le Sahel, Emmanuela Del Rey, qui a déclaré à sa sortie d’une audience à la Présidence du Faso :« Je suis heureuse de constater qu’il y a des perspectives positives pour le pays et qu’il y a la volonté des nouvelles autorités de répondre aux défis du pays », et que le Burkina Faso vit « une période historique fondamentale« .
À cet égard, le putsch du MPSR a été, sinon directement organisé et préparé par la France, à tout le moins encouragé, accompagné et soutenu par les autorités et l’armée françaises. Du reste, il apparaît de plus en plus que les principaux organisateurs et exécuteurs militaires de ce putsch relèvent d’un groupe très restreint d’éléments issus des forces spéciales formées pour la lutte contre le terrorisme, encadrées notamment par l’armée française à travers l’opération « Sabre ».
IV LE COUP D’ETAT DU 24 JANVIER 2022 NE PEUT PAS CREER LES CONDITIONS POUR UNE SOLUTION CORRECTE DES PROBLEMES EN FAVEUR DE LA CLASSE OUVRIERE ET DU PEUPLE.
Du reste, notre peuple dans sa grande majorité ne s’y est pas trompé. S’il n’a pas opposé immédiatement une résistance organisée contre ce coup d’Etat, ce n’est nullement parce qu’il le soutient. Déjà, très vite la confusion des premiers instants, les interrogations sur les intentions et la capacité du MPSR à satisfaire les attentes des classes et couches populaires et l’attentisme bienveillant de certaines couches de la population ont rapidement fait place successivement au doute, puis à la déception et enfin à la conviction que les putschistes du 24 janvier 2022 sont des imposteurs et que le coup d’Etat du 24 janvier 2022 ne peut pas créer les conditions pour une solution correcte des problèmes en faveur de la classe ouvrière et du peuple.
On ne peut s’en tenir aux promesses faites par le MPSR qui ne peuvent pas être tenues dans les délais de la transition. Cela porte plusieurs raisons, parmi lesquelles on peut noter les aspect suivants :
- Le putsch du MPSR est venu approfondir la crise sécuritaire. En effet, malgré les déclarations des putschistes, ce coup d’Etat est au contraire un facteur d’instabilité et d’insécurité en général et il contribue à approfondir la crise au sein de l’armée, en raison notamment des clans militaires rivaux, mais aussi du mécontentement de la troupe.
- MPSR n’a pas de stratégie propre, autonome ; il ne sort pas de l’impasse stratégique politique et militaire dans laquelle se trouve l’impérialisme principalement français et l’Etat néocolonial y compris les Forces de Défense et de Sécurité (FDS).
- Le pouvoir du MPSR a une marge de manœuvre limitée en raison de la domination de l’impérialisme, principalement français, et de la volonté de la France de renforcer sa présence militaire dans notre pays. Envers et contre la volonté de notre peuple qui exige le départ des troupes militaires étrangères, notamment françaises sur notre sol, le MPSR mène des tractations avec la France pour le maintien et l’extension de ses bases militaires, en particulier le transfert de Barkhane du Mali dans notre pays.
- De l’aveu du président du MPSR, le lieutenant-colonel DAMIBA, il ne faut pas moins de 10 ans pour réduire la capacité de nuisance des GAT [Groupes armés terroristes]. C’est ce qui ressort de son livre intitulé : « Armées Ouest-africaines et Terrorisme : Réponses incertaines ».
- La base sociale des putschistes est restreinte. Ils s’appuient principalement sur des forces sociales et politiques décriées dont le régime a été chassé du pouvoir par l’insurrection populaire d’octobre 2014 et la résistance populaire victorieuse au coup d’Etat contre-révolutionnaire et réactionnaire de septembre 2015. Ils ne bénéficient pas d’un soutien populaire, au contraire dans leur grande majorité les masses expriment de plus en plus leur déception, leur désaveu et leur défiance vis-à-vis du pouvoir du MPSR.
- La restauration politique que le MPSR met en œuvre et la réconciliation qu’il cherche à promouvoir sont aux antipodes des attentes du peuple : une réconciliation sans justice et qui consacre l’impunité.
4.1 Le pouvoir du MPSR issu du coup d’état militaire du 24 janvier 2022 ne manquera pas de recourir à la répression pour se maintenir
Loin de résoudre la crise au sein des forces armées, le coup d’Etat du 24 janvier va, d’une part, approfondir les divisions au sein des FDS avec des risques d’affrontements entre les différents clans putschistes et, d’autre part, accentuer les tendances à la remise en cause des libertés individuelles et collectives et à la répression pour se maintenir, à cause de sa faiblesse voir l’absence de base sociale sérieuse et du fait que le MPSR n’est pas en mesure de réaliser les attentes des masses dans les délais qu’il s’est donnés. Ainsi le caractère fascisant des putschistes va apparaître rapidement compte-tenu du niveau atteint par le mouvement démocratique et du fait que le MPSR n’arrive pas à exercer un contrôle sur le peuple, ce d’autant plus que le pouvoir issu de ce putsch est incapable de répondre aux besoins des masses, ce qui du reste n’est nullement la raison de son avènement comme l’a rapporté le chef de la junte, le lieutenant-colonel DAMIBA, en déclarant que le MPSR « ne s’inscrit pas dans une logique révolutionnaire ». Cette évolution est perceptible à travers notamment le fait suivants :
- Dès les premiers instants, le président du MPSR a tenu à mettre en garde las partis politiques et les organisations démocratiques et syndicales en se donnant le droit de leur indiquer ce qu’elles doivent ou e doivent pas faire ou dire, traduisant ainsi sa volonté de les contrôler.
- Profitant du terrorisme de la crise sécuritaire, le pouvoir MPSR tente de museler le peuple en prenant des mesures et des lois liberticides. C’est dans ce cadre que s’inscrivent :
- La création du Commandement des opérations de théâtre national qui « est autorisé pour prendre toute mesure correspondant aux besoins de la défense et de la sécurité, y compris les restrictions de liberté de circulation et l’interdiction de certains moyens de déplacement » ;
- Les restrictions des manifestations à caractère politique où associatif de nature à perturber l’ordre public ou à mobiliser des forces de sécurité dont la contribution serait opportune au front ;
- L’interdiction formelle aux populations civiles de résider ou de mener des activités dans certaines zones d’opérations militaires ;
- La décision de décréter l’état d’urgence sur toute l’étendue du territoire.
4.2 Le coup d’Etat du 24 janvier 2022 du MPSR ne peut pas réaliser les transformations politiques, économiques et sociales auxquelles notre peuple aspire
A la lumière de l’expérience historique des coups d’Etat militaire en Afrique et singulièrement dans notre pays, la classe ouvrière et le peuple doivent comprendre que le putsch du 24 janvier 2022 du MPSR, au regard des conditions de sa survenue, de ses objectifs véritables et de son orientation politique, ne peut pas résoudre leurs problèmes fondamentaux, ni apporter le changement véritable auquel ils aspirent. À l’instar des autres coups d’état militaires que notre pays a connu, celui du MPSR également ne remet pas en cause l’ordre social capitaliste néocolonial qu’il vise au contraire à sauvegarder et à renforcer tout en luttant pour endiguer les luttes populaires et liquider le mouvement démocratique et révolutionnaire.
A ce propos, comme l’a souligné le PCRV dans un article intitulé « Putschisme et Révolution » paru dans son Organe Politique Central BUG-PARGA, n°17paru en mai 1983 :
« Au total il apparaît donc clairement que les coups d’Etat ne touchent pas les bases de la domination de la classe bourgeoise au pouvoir. Ils n’entraînent pas de changement qualitatif dans le régime économique et social (capitaliste néocolonial). Ils ne renversent que certains individus du pouvoir et les remplacent par d’autres, lesquels représentent aussi la même classe dominante, mais expriment avec plus de force les intérêts de groupes particuliers de cette classe. C’est pourquoi les putschs diffèrent fondamentalement de la révolution et ne peuvent mettre un terme à l’exploitation de l’homme par l’homme… »
C’est cela que le MPSR, par la voix de son chef le lieutenant-colonel Sandaogo Paul Henri DAMIBA, a clairement avoué en rappelant que le MPSR ne s’inscrit pas dans une logique révolutionnaire. C’est aussi le sens de la mission de sauvegarde et de restauration prônée par les putschistes du 24 janvier 2022.
En prônant la restauration, dont la traduction pratique est la remise en selle massive, systématique des fractions bourgeoises et des éléments liés au régime de Blaise Compaoré renversé par l’instauration populaire de 2014, en choisissant délibérément d’écarter les couches et classes populaires et en indiquant clairement que le MPSR « ne s’inscrit pas dans une logique révolutionnaire », il est clair que ce ne sont pas les intérêts de la classe ouvrière et du peuple que les putschistes du 24 janvier entendent défendre, mais plutôt ceux de la bourgeoisie et de l’impérialisme, principalement français.
C’est pourquoi le PCRV appelle la classe ouvrière, le peuple, la jeunesse, les travailleurs, les démocrates et les révolutionnaires à :
- Rejeter et se démarquer des illusions réformistes : le putschisme et le réformisme ne remettent pas en cause les bases de la domination néocoloniale qui est la cause fondamentale de la crise que traverse le pays
- Se démarquer du coup d’Etat contre-révolutionnaire du MPSR ;
- S’organiser et se mobiliser pour s’opposer fermement à toute velléité de remise en cause des libertés politiques démocratiques et syndicales ;
- Continuer à s’organiser de façon autonome pour poser et défendre fermement leurs revendications légitimes ;
- Exiger du pouvoir en place les solutions correctes à la crise humanitaire et scolaire et des mesures pour faire face à la vie chère (hausse des prix des produits de première nécessité, accessibilité aux services sociaux de base) ;
- Lutter contre l’impunité des crimes économiques et de sang, contre la corruption. Et ne pas se laisser divertir par la prétendue réconciliation ;
- Dénoncer la guerre civile réactionnaire et les fauteurs de guerre ; Dénoncer et s’opposer à l’implantation des forces militaires dans notre pays, s’opposer au transfert de Barkhane dans notre pays
Le PCRV appelle la classe ouvrière et le peuple à s’organiser encore mieux avec lui pour réaliser son alternative révolutionnaire, réaliser la Révolution Nationale Démocratique et Populaire pour mettre en œuvre son programme minimum et pour en finir avec les coups d’Etat, en finir avec la domination des classes bourgeoises réactionnaires liées à l’impérialisme, en finir avec les fauteurs de guerre civile réactionnaire.