Des dizaines de milliers de retraité (e) s dans la rue, le 15 mars (photos et commentaires de nos correspondants)

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Ce 15 mars, il y avait deux rendez-vous : celui des salariés des EHPAD et celui des retraités.

De nombreux EHPAD étaient en grève, avec banderoles accrochées aux portails, aux fenêtres… et des rassemblements ont été organisés, notamment devant les agences régionales de santé. La situation est toujours aussi tendue dans les établissements, du fait du manque de personnel, de moyens, de la précarité et des bas salaires, et dans certaines villes, les salariés de l’aide à la personne se sont joints au mouvement.

Les manifestations de retraités, dans les grandes villes, ont rassemblé des dizaines de milliers de retraités, femmes et hommes. Par rapport aux précédents rendez vous, il y a eu plus de manifestants, plus de villes où des rassemblements et des manifestations ont eu lieu : la mobilisation des retraités s’enracine et gagne en nombre et en force.

Pour ce troisième rendez-vous depuis l’élection de Macron, la colère était palpable : « on n’en peut plus » ! La hausse de la CSG est passée par là : chacun fait ses comptes : la baisse est importante et elle touche la majorité des retraites, notamment les petites retraites que le gouvernement continue à présenter comme « confortables », au regard de « ceux qui n’ont rien ou presque rien ». La justification de la « solidarité intergénérationnelle » met les retraités en colère, eux qui aident déjà les enfants et petits enfants et qui sont révoltés devant le cynisme d’un Macron qui ne s’en prend qu’aux petites gens, jamais aux riches, bien au contraire.

Une retraitée de la Poste résumait bien la situation : « Nous sommes d’une génération qui a gagné des avancées, en se battant. Aujourd’hui, tout est remis en cause. C’est un recul brutal, un changement de société. Pour nous et pour nos enfants et petits enfants. Macron a trop de pouvoir, c’est dangereux ». Le mot d’ordre « les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, de cette société-là, on n’en veut pas » collait bien à ces manifestations.

Beaucoup de participants étaient venus parce qu’ils en avaient entendu parler, parce qu’ils avaient eu connaissance par un tract… On entendait souvent cette phrase : « je ne suis pas syndiqué, mais je voulais être là ».

Beaucoup de discussions et beaucoup de tracts diffusés.

Nous avons souvent été interrogés par des manifestants qui prenaient le tract du parti et qui voyaient les dates de rendez-vous sur la « une » de notre journal : « vous pensez qu’il va finir par reculer ? ».

Ces dates, ce sont les mécontentements, les résistances qui s’empilent et les retraités prennent leur place dans cette accumulation de colères. Ils ne lâcheront pas et seront dans les prochains grands rendez-vous, comme celui du 22 mars. Les neuf organisations nationales de retraités qui ont appelé au 15, ont déjà lancé un appel dans ce sens.

A la fin de la manifestation parisienne, un imposant dispositif policier a bloqué la manifestation. Non loin de là, des dizaines de cars de police étaient stationnés. Cela pouvait paraître incongru, vu le caractère de la manifestation. Mais c’est à l’image d’un gouvernement qui veut imposer sa politique par la force, par l’intimidation… La force du « Macron démission » qui a jaillit à ce moment là, montre que la « rupture » avec Macron et sa politique est profonde.

 

GRENOBLE : 2000 manifestants. Surtout des retraités, des salariés des EHPAD (où la mobilisation cette fois a été assez limitée). Peu de tracts et journaux compte tenu de la pluie et du vent. Colère contre le gouvernement ! Elle monte.  Beaucoup seront là le 22 mars pour manifester avec la Fonction publique mais aussi les salariés du privé, de la Sécurité sociale, les jeunes qui se sont donné rendez-vous ce jour là.

Lyon: 3000 manifestants ; sous la pluie et dans le froid, de nombreux retraités et les personnels des Ehpad

VILLEFRANCHE : la section des retraités avait préparé des diffusions en amont avec questionnaires sur le pouvoir d’achat actuel amputé de la part CSG… Résultat, beaucoup de colères et une présence de nombreux retraités aux deux rendez-vous donnés le matin ainsi qu’à la manifestation du soir ; des visages inconnus, venus pour la plupart pour la première fois à une manifestation de ce type ! Malgré une pluie dense et le froid, ils ont bravé la météo pour dire « stop, ça suffit ! »

PARIS : 30 000 manifestants de Montparnasse à la rue de Varenne. Le cortège de tête, de la CGT, très compact et de loin le plus important. FO, Solidaires, Unsa en fin de cortège.

Les camarades et amis du parti ont diffusé 3000 tracts

 

Une des nombreuses banderoles : « retraités maltraités », mais retraités mobilisés !

Il n’y a plus que quelques tracts à diffuser : l’essentiel a été diffusé dans les cortèges très compacts de la CGT.

 

Dans l’Est : Dynamisme des mobilisations : les retraité(e)s et les personnels des EHPAD

STRASBOURG : La « surprise » du nombre et la colère !

Près de 3000 manifestants, c’était la surprise pour beaucoup. L’ambiance de la manifestation était à la colère. « La retraite nous voulons la vivre dignement », « On a fait Mai 68 ! On peut faire un mai 2018 ! », « Macron saigneur ». Cris de colère et de ras le bol dans ce long cortège dynamique. Des personnels soignants des Ehpad étaient présents. Un carré jeune tenait une banderole qui faisait le lien avec tous ceux qui luttent, travailleurs, chômeurs, précaires, retraités, jeunes. Ils scandaient « Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère ! De cette société-là on n’en veut pas ! » et lorsqu’un camarade a précisé « et cette société-là, on la combat ! » il a été applaudi et les jeunes ont repris le slogan. Un autre jeune a déclaré : « Si je suis là aujourd’hui, c’est aussi à cause de ma grand-mère qui a du mal pour vivre ». Ils ont terminé la manif sur l’internationale. La manifestation s’est terminée place Broglie avec les interventions écoutées des syndicats.

La manif retraite d’octobre avait rassemblé dans les 600 personnes. Beaucoup de monde se disait agréablement surpris par le nombre de manifestants d’aujourd’hui. Entre temps, les personnes à la retraite ont pu toucher du doigt l’importance de la ponction effectuée sur leur pension. Ils ont aussi constaté les différentes mesures du gouvernement et les nombreux plans de suppressions d’emplois. Cela a renforcé leur détermination.

Les camarades ont diffusé le tract d’appel à la réunion publique du lendemain contre la guerre à Afrin et contre le régime répressif d’Erdogan. Le tract a été bien accueilli : Les camarades ont fait le lien entre la casse des acquis sociaux (dont la retraite) en France et les mesures anti-travailleurs en Turquie. Ce sont les grands monopoles qui en profitent partout et un bon nombre des ces monopoles sont implantés en Turquie, où le régime d’Erdogan leur livre une main d’œuvre bon marché et un taux de profit important. La solidarité des luttes au-delà des frontières contre l’exploitation des travailleurs et contre le recul social imposé par les différents gouvernements à la solde des monopoles a été discutée.

De nombreux manifestants se sont donné rendez-vous pour le 22 mars.

prises de paroles sur les marches de l’opéra

COLMAR : Ce sont près de 700 retraités qui ont manifesté !

Pour certains, c’était une première manifestation et tous étaient contents de se retrouver aussi nombreux pour une ville comme Colmar. Colère également, car les « retraités ne sont pas des nantis » et il y en a ras le bol « d’opposer les jeunes aux vieux ou les actifs aux retraités ».

MULHOUSE : Plus de 1500 !

Ils ont dénoncé : « CSG + 1,7% = retraités rackettés ». Là aussi un nombre record pour ces dernières années. Là aussi la colère parce qu’on essaie de culpabiliser les retraités d’être des nantis. Là aussi la perspective de se retrouver nombreux le 22 mars et d’ébranler « Macron 1er ».

BELFORT

Près de 500 personnes à Belfort à l’appel de l’intersyndicale aujourd’hui malgré la météo pluvieuse, dont une grande majorité de retraités.Interventions CGT et FSU retraités et CGT Hôpitaux. La manifestation s’est dirigée dans le calme vers la préfecture.

Nous avons vendu le journal vendu et donné plusieurs anciens numéros à des personnes (chômeuse, mère de travailleur pauvre inquiète pour l’avenir de ses enfants et petits-enfants, retraitée) intéressées par le journal.

MOLSHEIM : « EHPAD en grève, Personnel épuisé »

Jeudi matin, devant cette banderole-drap blanche écrite en rouge et accrochée en grand devant la maison de retraite Sarepta à Molsheim, le personnel soignant (infirmières et aides-soignantes) et de la logistique est sorti pour dénoncer ses conditions de travail.

150 résidents et 90 temps pleins pour s’occuper des personnes âgées 24h sur 24h et 7 jours sur 7.

Conditions de travail et salaires déplorables conduisent à des démissions nombreuses. Le recrutement se fait de plus en plus difficilement. Le personnel est à bout ; il ne sait même pas s’il peut prendre des congés avec les enfants cet été.

Les soignantes dénoncent aussi les conditions inhumaines dans lesquelles elles sont obligées de soigner les personnes âgées. « Toilettes minimum : tête, mains, fesses ! Voilà où on en est arrivées » Moins de dix minutes par personne pour la toilette, dénoncent-elles, sans parler du reste. « On est mal ! ». Et le personnel de ménage doit suppléer les aides-soignantes, qui suppléent les infirmières quand elles ne sont pas là.

Le personnel a été soutenu par une délégation C.G.T. importante.Les salariés de la maison de retraite ont commencé à s’organiser et à construire leur section syndicale. Ce sont donc en tout une cinquantaine de personnes qui se sont retrouvées rassemblées devant Sarepta. Des amis et camarades syndicalistes ont apporté leur soutien. Certaines soignantes viendront l’après-midi à la manifestation des retraités.

MERTZWILLER

Deuxième point de rassemblement pour les EHPAD ce jeudi matin. Le personnel a répondu à l’appel et ce sont une trentaine de personnes qui étaient rassemblées protester contre l’inhumanité des conditions de travail. Soutenu là aussi par des délégations de la CGT.

 

TOULOUSE

Ce sont 4000 retraités,  qui ont manifesté à Toulouse à l’appel de 9 organisations syndicales. Les cortèges de la CGT étaient les plus fournis. Certains retraités manifestaient pour la première fois de leur vie. Cette manifestation se situait dans un contexte où les cheminots, les EHPAD, les personnels petite enfance étaient aussi ponctuellement mobilisés sur d’autres points et à d’autres heures de la journée. Des retraités prévoyaient de rester en ville pour aller soutenir les personnels des EHPAD l’après midi, d’autres se donnaient rendez vous pour le 22 mars. Nous avons diffusé le tract avec le journal. Dans les villes de la région des mobilisations ont également eu lieu, Rodez, Figeac, Foix, Tarbes, Agen, Carcassonne. Dans tous les départements des points de mobilisation.

 

 

 

TOURS

La manifestation du 15 mars à Tours a rassemblé plus de 2000 manifestants unissant salariés des EHPAD, pour plus de   moyens, retraités contre l’augmentation de la CSG et le gel des pensions et étudiants contre la loi Vidal.

La forte représentation des retraités  cheminots faisait le lien aussi avec la lutte pour la défense du statut du cheminot et du service public de la SNCF. La volonté du gouvernement d’attaquer tous azimuts amène de fait les noyaux de résistance à se multiplier et à se regrouper. Le fait que les retraités tiennent à être aux côtés des salariés des EHPAD, se concrétisant par un cortège commun, est un phénomène récent qui va s’installer durablement.

Le cortège des EHPAD était moins important que le 30 janvier dernier mais avec des secteurs fortement représentés comme ceux de la mutualité malgré les manœuvres de la direction pour freiner la mobilisation. Dans la maison de retraite de De Beaune, à Ballan les salariées sont sorties dans les rues de la ville et ont demandé à rencontrer le maire pour donner les pétitions et exposer leurs difficultés.  Il y avait aussi des salariés qui venaient de tout le département, Ligueil, Loches, l’Ermitage du CHU ……
Les retraités très en colère faisaient le gros du cortège.

Les étudiants en lutte contre la loi Vidal de sélection dans les facs s’étaient ralliés au cortège chantant « les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, de cette société là on n’en veut pas !  » ou bien  « laissez nos papys et mamys ! attaquez les profits! »

La Nouvelle République a mis l’accent sur l’image qu’a voulu renvoyer le président pendant sa venue à Tours, par ex avec le bon accueil à l’école de Rilly qui allait bénéficier d’un enseignant supplémentaire, occultant le fait que la police maintenait les manifestants à distance sur tout le parcours.  Il y a même eu des personnels de justice s’inquiétant de la future réforme et des futurs déserts de justice qu’elle allait générer, qui ont bloqué le tram pour protester contre le manque d’effectifs.

 

 

 

 

 

 

BOURGES

Dans le Cher, les manifestations du 15 ont vu affluer nombre de retraités en colère contre Macron au delà des militants, un succès souligné par la presse. 1000 à Bourges, 600 à Vierzon 250 à St Florent. Une convergence de lutte avec la Santé et le soutien des partis politiques de gauche. Succès aussi des rassemblement des EHPAD .

Mobilisation et conférence de presse des Métaux CGT contre la loi Macron et la remise en cause des acquis de la convention collective par des accords d entreprise, avec un article appelant au 22 à la convergence des luttes avec les cheminots
PAU
De mémoire de retraité, on n’avait pas vu cela depuis dix ou quinze ans. Ce jeudi 15, pas moins de neuf organisations syndicales (exceptée la CFDT) ont appelé à un rassemblement devant la préfecture des Pyrénées Atlantiques. Vu le nombre de manifestants – entre 200 et 2500 – et leur détermination, ce rassemblement s’est rapidement transformé en manifestation qui a parcouru de nombreuses rues de Pau.
Dans la sous préfecture, à Bayonne,  il  étaient 1200 manifestants et manifestantes.
« Les retraité ne sont pas des nantis, il y en a marre ! ».
Ce fort ressentiment, après une vie entière consacrée au travail, se double d’une vraie colère, qui va au delà du simple refus de voir appliqué le nouveau barème de la CSG : « Il n’est pas normal que, après une carrière complète, certains retraites versées, dans le milieu agricole, par exemple, n’arrivent pas au niveau du smic » comme l’a dit un manifestant. La liste des ponctions financières est devenue trop longue : « il n’y a jamais eu une telle amputation des pensions » dit le communiqué de l’intersyndicale.
A la fin de la manifestation, elle a appelé les retraités à soutenir la mobilisation de l’intersyndicale des salariés et des personnels des EHPAD qui allait avoir lieu dès le début de l’après midi devant la préfecture.
Elle a également appelé à manifester aux côtés des salariés de la fonction publique, jeudi prochain, à Pau, à 10h.
Le tract du parti a été diffusé dans la manifestation que quelques journaux ont été vendus.
Dans les EHPAD, « il y a urgence »
Si beaucoup d’agents, aides soignantes et infirmières ont manifesté leur inquiétude et leur colère, tout en restant sur leur lieu de travail, auprès des résidents, près de 250 d’entre eux, accompagnés par les syndicats et de nombreux retraités, ayant déjà participé à la manifestation du matin, se sont retrouvés devant la préfecture, avant d’aller manifester jusqu’à l’hôtel du département. « Il y a 130 EHPAD dans le 64 et ils sont tous en situation d’urgence » disaient les manifestants, dénonçant le manque d’effectifs, les conditions de travail catastrophiques pour le personnel et les résidents. « Pour s’occuper d’une personne âgée qui a peu ou pas de mobilité, sans parler des pathologies, la douche, l’habillage, la coiffure et les petits soins nécessaires, plus un minimum de relationnel ; il faudrait une bonne demi heure. » Or, dans certains EHPAD, il faut s’occuper de 12 à 15 personnes dans la matinée ! « Nous ne pouvons pas réellement faire notre travail convenablement et nous rationnons, par exemple, le nombre de douches – une seule par semaine », cite une aide soignante qui ajoute « en trente ans de service, je n’avais jamais vu cela. »
Comme le disait un délégué CGT, « C’est une situation qui explose : à partir de 2025, les plus de 85 ans vont croître de 200 000 par an et quand ils arrivent en EHPAD, ils sont très dépendants et les places manquent. Il faut d’urgence une autre politique globale de prise en charge ».