Dumarey : le cœur lourd, mais la tête haute

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De nos camarades de Strasbourg

Vendredi 6 février était le dernier jour de travail pour la grande majorité des 250 personnes licenciées de Dumarey. Certains sont déjà partis, d’autres resteront encore quelques jours. Après les 12 jours de grève de novembre dernier et la détermination des travailleurs et de leur intersyndicale pour arracher et finir par obtenir une prime supra-légale conséquente, la DREETS a donné son accord au PSE.

Lors du CSE du 27 janvier, l’intersyndicale CGT et CFDT a refusé de cautionner le PSE et c’est donc unilatéralement que Dumarey applique son plan, après avoir été obligé de fournir des compléments d’information principalement sur les catégories professionnelles concernées par les licenciements.

La CGT a lancé un appel à la presse pour ce dernier jour de travail : « Face à cette casse de l’emploi, il nous semble opportun que vous veniez rencontrer et recueillir le témoignage et le ressenti des salariés et syndicalistes ce vendredi entre 13h30 et 14h15 à l’entrée de l’usine aux tourniquets »

Nous y sommes allés pour soutenir une fois encore les travailleuses et travailleurs licencié-e-s, la CGT et pour témoigner effectivement de ce moment important. Nous avons donné le journal et dans les discussions nous avons montré que leur lutte s’inscrit dans un contexte général de la lutte de classe contre les broyeurs de vie.

La tristesse et l’écœurement se sentaient à travers les gestes et dans les paroles, les au-revoir échangés. Tristesse, car beaucoup de ces travailleuses et travailleurs quittent un collectif de travail, souvent avec 30 ans d’ancienneté. Écœurement car si elles et ils ont donné beaucoup pour l’entreprise, c’est un énorme gâchis que leur labeur soit gaspillé ainsi. Des larmes, des embrassades devant les tourniquets. Mais pas d’abattement. Le dynamisme demeure chez beaucoup. « J’ai donné toutes ces années. C’est du gâchis ! Le boulot était dur, dans des conditions de merde ces derniers temps, mais nous avons tenu. » nous dit une ouvrière. Un autre salarié déclare : « Pour tous les autres qui vont se trouver dans la même galère, il faut trouver le MOYEN DE FAIRE PRESSION sur les patrons, il faut le faire. »

Un militant CGT nous explique :

« Ce moment est difficile. Tous les militants CGT sont licenciés. Je refuse mon licenciement, mais l’inspection du travail va certainement le valider. Les derniers temps les pressions de la direction se sont poursuivies. Les salariés sont restés plus d’un mois dans l’expectative de leur avenir. Notre écœurement vient aussi du fait que la direction a fait du grand n’importe quoi dans sa gestion et que le groupe Dumarey a « fait un emprunt » de 8 millions dans les caisses de l’usine. Et nous, on se retrouve sur le carreau. Pourtant les salariés n’ont pas lâché prise et sont restés déterminés. Ils s’opposaient aux membres de la direction et à leur hiérarchie, répondaient vertement. Quand la décision de la DREETS a été connue, les ouvrières et ouvriers se sont approprié les ateliers pour se retrouver, « fêter », trinquer ensemble et parler. La direction n’a pas pointé son nez pour empêcher quoique ce soit. Il ressortait de ces derniers moments de convivialité, un sentiment de fierté d’avoir fait plier la direction pendant leur mouvement de novembre, contents d’avoir pu faire ce dernier baroud d’honneur. Dépités et tristes certes de n’avoir pas pu garder leur emploi, mais la tête haute. »

Lors d’un moment de convivialité dans les ateliers, un militant déclare « … On se reverra très certainement dans les manifs … »

Il va rester plus de 300 personnes sur le site. La fabrication de boîtes de vitesse est terminée. Il reste la production de composants divers pour l’électrique et l’hybride. Pour combien de temps ? Les salariés qui restent se disent de plus en plus que cela ne va pas durer et qu’ils ne sont pas à l’abri. L’enjeu actuel se trouve dans la capacité à poursuivre le combat et de reconstituer leur syndicat de lutte.