Grève dans le groupe mutualiste VYV

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Devant le siège central à Paris Montparnasse

Le 24 mars dernier, grande première au sein du jeune groupe mutualiste VYV, avec son premier appel intersyndical national à la grève des 7 syndicats représentés (CFDT, CGC, CFTC, CGT, FO, SUD et UNSA). 10 000 travailleurs-euse se sont impliqués d’une manière ou d’une autre – y compris en se mettant en grève – dans cette journée de mobilisation.

Fondé en 2017, le groupe VYV c’est l’Union de plusieurs acteurs de la Mutualité et de « l’Economie Sociale et Solidaire ». Pour les mutuelles et organismes de prévoyance, (régies par le livre 2 du Code de la Mutualité), il se compose d’Harmonie Mutuelle, de la MGEN (Education Nationale), de CHORUM, de la MGEFI (Fonction Publique et Finances), de la MMG (Antilles-Guyane), de la MNT (Territoriaux), de la SMACL Assurance.

VYV3 constitue l’offre de soins et d’accompagnement « tout au long de la vie » de VYV, (régi par le livre 3 du Code de la Mutualité), avec des crèches, des EHPAD, des SSIAD, des cliniques, des établissements pour personnes handicapées physiques et psychiques, des ambulances, du funéraire…. Arcade-VYV en est le pôle Habitat et logement social.

Ce mastodonte Mutualiste c’est 11 millions de personnes protégées, 45 000 salariés et 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 7,7 milliards réalisés par l’activité assurance. Ce groupe complexe s’étend partout en France, les Unions Territoriales fusionnant les unes avec les autres jusqu’à atteindre l’échelle régionale. Mais les anciens slogans du mutualisme « plus proche, plus humain, plus utile » semblent s’être dissous dans ce gigantesque magma. En tous cas, ni les salariés, ni les usagers ne s’y retrouvent. Pour n’en donner qu’un exemple, les ex-magasins « opticiens mutualistes » s’appellent maintenant « Ecouter Voir », la perte du mot mutualiste ne doit rien au hasard, bien trop ringard.

Et comme partout, l’inflation actuelle pèse lourdement quel que soit le secteur d’activité. Dans toutes les conventions collectives appliquées dans le groupe (CC 51, 66, ANEM…) les négociations salariales se sont soldées par des échecs et les conditions de travail se dégradent sans cesse, en particulier au sein de VYV3 (secteur sanitaire et médico-social). Les négociations en cours sur un futur contrat santé groupe, sont au point mort et ont réussi à fâcher même la CFDT.

C’est ce qui a amené l’intersyndicale à appeler à cette journée de mobilisation, en réclamant :

  • Une augmentation des rémunérations de 5% pour l’ensemble des salariés avec un minimum de 200€ net par mois
  • La mise en place d’un contrat santé unique avec un haut niveau de prestation sans aucune augmentation de cotisation pour l’ensemble des salariés du groupe
  • Une réelle amélioration des conditions de travail à travers un accord proactif et sur des mesures très concrètes

Elle a été un vrai succès. 8000 à 10 000 salariés, dont c’était souvent la première grève, ont participé à des rassemblements, des débrayages, avec, par endroit, la fermeture pure et simple d’un cabinet dentaire, d’un magasin d’optique, d’un centre d’audioprothèse… et des délégations ont été reçues dans les sièges sociaux régionaux comme au siége de Tours Nord où 200 salariés s’étaient donnés rendez-vous pendant qu’une délégation de 30 personnes étaient reçues par la DG. Cela a été aussi le cas à la Tour Montparnasse, siège national du groupe.

Dans ces rassemblements les salariés ont constaté que malgré la grande diversité de métiers, tous ressentent la perte de sens des métiers quels qu’ils soient et des « valeurs mutualistes », une précarisation accrue, le sentiment de devoir toujours faire plus avec moins, des primes obscures inatteignables, le manque de personnel et des salaires trop bas.

Mais la direction nationale du groupe ne semble pas avoir pris la mesure du mécontentement, et rien de concret n’est sorti des rencontres qui ont eu lieu. Sur les questions salariales en particulier, le groupe renvoie la balle aux unions régionales : à elles de trouver les moyens de faire …ce qu’elles pourront ! c’est-à-dire pas grand-chose, pendant que le riche groupe VYV, (activité assurance du livre 2), continuera à s’engraisser et ses cadres dirigeants à se remplir les poches. D’autres journées sont à prévoir rapidement pour faire avancer les revendications des salariés.

Correspondance TOURS