Inauguration du local des livreurs à Grenoble

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On devait se serrer, ce samedi 30 novembre dans le nouveau local des livreurs à vélo de Grenoble.

Les clefs en avaient été remises par la Mairie en juillet dernier. Après avoir pris le temps de commencer à l’aménager et de s’organiser pour le faire fonctionner, l’association ADALI qui le gère et la Cgt Livreurs tenait à l’inaugurer de façon plus formelle.

Beaucoup de livreurs, mais aussi des syndicalistes, des représentant.e.s d’associations, Laura Pfister, adjointe à l’Égalité des droits… : il y avait du monde pour fêter la précieuse avancée que représente un local fermé pour des travailleurs dont le lieu de travail habituel est… la rue.

Dans son discours d’accueil, au nom d’ADALI et de la CGT Livreurs, Mohamed Fofana a rappelé l’avancée que représente ce local fermé : « Nos vrais employeurs, a-t-il poursuivi, sont les Deliveroo, Uber Eats et autres plateformes. Ils veulent nous faire croire que nous sommes des travailleurs indépendants. Mais ce n’est pas la réalité. En nous imposant un statut de « micro-entrepreneurs, elles se débarrassent de toutes les obligations d’un employeur classique. Nous devons financer nous-mêmes nos outils de travail (vélo, téléphone équipements…). Nous sommes payés à la course (et non sur notre temps de travail réel qui comprend de nombreux temps d’attente, pendant lesquels nous restons à la disposition des plateformes, sans être payés). Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige ou que ce soit la canicule … : par tous les temps nous attendons les commandes dans la rue. Ces conditions matérielles nous placent dans une grande précarité et nous exposent à de nombreux risques. Elles rendent également plus difficile l’organisation collective. C’est pourquoi, ce local est pour nous une précieuse avancée. »

Il a rappelé pourquoi certains d’entre eux avaient pris l’initiative de se syndiquer, en insistant sur l’importance de la lutte, de l’organisation et de la solidarité : un cheminement de plusieurs années, construit avec l’appui de l’Union locale CGT, rappelé par la projection d’un album photos des luttes menées par les livreurs ces dernières années :

Présentation du diaporama :

« On a eu la loi Darmanin, mais manifestement la réaction ne s’en contente pas. Une énième loi immigration (plus de 10 en 10 ans !) est en préparation et le mot d’ordre du moment, c’est, à l’image de la consigne donnée aux préfets par Retailleau : « Régularisez moins, expulsez plus ! ». […] Avec ce nouveau gouvernement, on a donc tout à la fois l’austérité au carré et la réaction au carré. Cette politique réactionnaire aux relents d’extrême droite, qui va continuer à « pourrir encore plus la vie des migrants », qui prend progressivement pour cible tous les étrangers qui vivent en France, et qui nous menace tous, quel que soit notre pays d’origine.

Les quelques photos que nous allons vous présenter retracent brièvement le parcours des livreurs grenoblois pour s’organiser et s’intégrer dans la lutte commune de tous les travailleurs. Plus que des mots, elles illustrent cet esprit de lutte et de résistance qui nous garde debout. Une volonté de s’organiser, de ne pas se laisser diviser, de mener ensemble nos combats contre l’exploitation et la réaction.

C’est absolument nécessaire, car nous avons devant nous un système capitaliste-impérialiste qui agit comme une machine à broyer nos vies : 

  • Une machine à broyer la vie des peuples dominés, victimes du pillage, de la misère, de la corruption des guerres que fomentent et nourrissent les grandes puissances -parmi lesquelles la France- et qui contraignent tant de femmes et d’hommes à quitter leur pays en prenant tous les risques
  • Une machine à broyer la vie des travailleurs, des jeunes, ici, qu’on soit français ou étranger, avec ou sans papier.

C’est pourquoi l’UL CGT du Grand Grenoble est fière d’avoir pu apporter sa contribution pour aider les livreurs à s’organiser et à prendre leur place dans la lutte d’ensemble des travailleurs qui vivent, bossent et résistent dans notre pays. Ce diaporama en montre quelques étapes. »

Alors que de nombreux syndicalistes étaient présents, Alain Lavy, s’est exprimé en tant que militant de l’UL CGT sur les enjeux de  la lutte de livreurs :

« Le statut d’auto-entrepreneur, imposé par les plates-formes pour pouvoir user la force de travail des livreurs, conjugue le recours à des technologies de pointe (téléphonie mobile et algorithmes) et le retour aux formes les plus archaïques de l’exploitation capitaliste : le travail à la tâche ! Le recours massif à des sans-papiers qui contraint à vivre sous la menace permanente de l’expulsion, est un formidable moyen de pression pour faire accepter cette surexploitation. C’est un moyen pour peser sur l’ensemble des revendications du monde du travail C’est pourquoi la lutte contre l’UBERISATION du travail et la lutte pour la régularisation des travailleurs sans papier font partie intégrante des RESISTANCES du monde du travail. »

Steve Fluxman, au nom  des Travailleurs sans papier CGT, a appelé au rassemblement qui est organisé le 4 décembre par le syndicat et de nombreuses associations, face aux blocages des autorités préfectorales : refus de renouvellement de titres de séjour ; plus de dépôt de demandes de titres ; préfecture inaccessible et impossibilité d’avoir des rendez-vous… Il en a rappelé les graves conséquences : « perte de travail et d’aides sociales, perte d’alternance, impossibilité de poursuivre des études pour les étudiants… »

Emmanuel Omonlogo, président du Collectif d’associations africaines et étudiantes de l’Isère est allé dans le même sens.

Après les interventions, la soirée s’est close dans une ambiance très chaleureuse avec un repas préparé par les livreurs.

Un moment qui fait du bien dans la situation !