La grande duperie

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La grande duperie

Macron a lancé le « grand débat » devant quelque 600 maires, dans une commune de l’Eure en état de siège.

C’est en fin de compte deux ministres qui sont chargés de le piloter jusqu’au 15 mars, après la démission de C Jouanno, épinglée pour le salaire qu’elle allait toucher à la tête de commission nationale du débat public.

C’est un débat biaisé, encadré par les axes que Macron a tracés dans sa lettre. La première « ligne rouge », c’est celle du programme présidentiel, oubliant sciemment qu’il n’a été élu que par 26% des électeurs.

Pas question de revenir sur l’orientation générale de sa politique économique, rappelée dans la lettre : « la lutte contre le chômage doit être notre grande priorité et (…) l’emploi se crée avant tout dans les entreprises, il faut donc leur donner les moyens de se développer ». Et pour être encore plus explicite, il dit « nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises (…) pour encourager l’investissement et faire que le travail paie davantage. » Autrement dit : sur la suppression de l’ISF sur les revenus du capital, la baisse de la fiscalité des entreprises, la baisse pérenne des cotisations sociales. On a déjà vu ce que signifie : « le travail doit payer davantage » pour les salariés : c’est la défiscalisation des heures supplémentaires ou l’entourloupe sur la « prime d’activité » versée à certains foyers fiscaux par la CAF ou encore les primes défiscalisées versées par « les entreprises qui le peuvent », une façon à peine voilée d’acheter la paix sociale dans les très grands groupes.

Il a également martelé la nécessité de baisser les dépenses publiques, allant jusqu’à demander à celles et ceux qui participeraient à ce débat, de dire quels sont les services publics à supprimer !

Les autres thèmes, la transition écologique, la citoyenneté et la démocratie, évitent de poser les grands choix, comme celui de la sortie du nucléaire ou l’interdiction des pesticides, pour en rester à des généralités, à des demandes de « propositions » et à d’éventuels « accords européens ». Mais Macron a tenu à rajouter deux questions qui vont générer polémiques, divisions et surenchères réactionnaires : celle de l’immigration, avec la reprise de l’idée des « quotas » et celle de la laïcité. C’est sa méthode : lancer des provocations, chercher à diviser, jeter des ponts à droite.

Si ce « débat » s’adresse à « tout le monde », il vise en particulier les participants au mouvement des gilets jaunes, en prétendant répondre ainsi aux attentes et aux exigences qu’ils expriment depuis plus de deux mois. De ce côté, les réactions sont généralement négatives.

Il en est de même de plusieurs organisations et surtout des militants des organisations syndicales, des associations, des partis qui se retrouvent sur le terrain de la dénonciation de la répression et de la remise en cause du droit de manifester et qui mettent en avant les exigences sociales, notamment l’augmentation du SMIC, des salaires, des pensions, du point d’indice des fonctionnaires, l’instauration de l’ISF sur tous les revenus, la défense des services publics…

Boycottons ce « grand débat » : priorité à la mobilisation dans les entreprises, les services, et dans la rue.