La grève des travailleurs sans papiers pour leur régularisation tient bon

13 février, conférence de presse au siège de la CGT, à Montreuil, sur la lutte des travailleurs sans papiers, en grève pour leur régularisation.
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Message de soutien de la CGT-B (Burkina) au mouvement de grève des travailleurs sans papiers
20 février 2018

Une semaine après le déclenchement de la nouvelle grève des travailleurs sans papiers

La conférence de presse du mardi 13 février avec le secrétaire général de la CGT P. Martinez, et les responsables du Collectif confédéral « Droits des migrants » a bien évidement « boosté » tout le monde sur les six piquets de la région parisienne et en tout premier lieu les grévistes.

Si, dans un premier temps, tous les patrons visés par le ce mouvement de grève concerté ont réagi assez violemment et pour certains très violemment, comme ceux de l’agence d’intérim Defi-Technology de l’avenue Daumesnil à Paris (12ème), au final la tension a fini par descendre de quelques crans et un modus vivendi a fini par s’installer. Même si les patrons de Chronopost et de Sepur (les deux piquets du 91) maintiennent encore une très forte pression sur les grévistes y compris juridique.

Les piquets de grève n’en sont pas moins dans des situations, y compris matérielles, très différentes les uns des autres. A Sépur (entreprise de collecte d’ordures ménagères) la direction a isolé les grévistes des militants de l’UL, en fermant les grilles et en appelant en renfort face à ces « dangereux » travailleurs qui ont osé se mettre en grève pour leurs droits, des vigiles avec des maîtres-chiens. C’est par-dessus les grilles que se fait le ravitaillement.

Le jeudi 15 février, l’UL CGT avait organisé à 18h devant l’entreprise située en bout des pistes d’Orly au fond d’une impasse un rassemblement de soutien. (voir photo)

Rassemblement devant Sepur

Sur celui de l’entreprise Event Thai (94), située dans la ville même de Chevilly Larue, les grévistes sont confinés dans une petite pièce, au premier étage dans la cour, mais peuvent aller et venir, y compris sortir et rentrer. Les militants CGT de l’UL de Rungis se relaient en permanence à leurs côtés. Tous connaissent la musique vu qu’ils et elles ont été jusqu’au bout avec les grévistes du piquet du MIN de Rungis (mars/avril 2017), il y a quelques mois. Vendredi c’était mafé pour tout le monde!

A la Queue en Brie (94), sur le piquet perdu au milieu de nulle part dans cette entreprise de collecte de gravas de toutes sortes, les militants CGT avec les grévistes ont réussi à investir comme un bungalow, un peu plus grand qu’un placard. Jeudi dernier la direction a cité la CGT et les grévistes devant le tribunal d’instance de Créteil. Mais le juge a préféré appeler les parties à une médiation. Depuis, la direction est d’accord pour remplir les documents adéquats permettant d’avancer dans la régularisation des grévistes.

Samedi, un barbecue de solidarité était organisé sur le site réunissant une cinquantaine de participants. (voir photo)

Avec les grévistes de Slgt

 

Vue du site

Sur celui le STG à Roissy, les grévistes n’ont pour lieux de vie que deux pièces (ils sont plus nombreux) mais c’est la CGT qui, avec la grève, a fait installer des toilettes de chantier pour les grévistes vu que sur le lieu de travail ça n’existe pas?!

Dans le 12ème à Paris, l’attitude plus que limite des patrons n’hésitant pas à recourir à des vigiles pour venir provoquer physiquement les grévistes a trouvé réponse avec la présence appuyée des militants-es de la CGT Paris. Les grévistes ont fini par s’installer définitivement dans le local commercial de l’agence, certes exigu vu le nombre de grévistes, mais donnant directement sur l’avenue Dausmesnil. Offrant les moyens d’une forte visibilité syndicale. Sur ce piquet en particulier – sur les autres aussi, mais dans une moindre mesure vu l’implantation géographique des entreprises – toutes les forces politiques viennent apporter leur soutien. Les camarades de notre parti s’y sont rendus avec le dernier numéro de La Forge. (voir photo)

Defi Technology, à Paris Daumesnil

Sur le piquet de Chronopost (91), si les travailleurs sans papiers dans leur grande majorité embauchés par Derichebourg-intérim ont pu déjouer la sécurité pour s’installer dans les locaux, les militants de l’UL CGT de Massy n’ont pu se maintenir dans les lieux. La direction, là aussi, a renforcé les contrôle des entrées et sorties. Ce sont les militants de la CGT de Chronopost ont pris le relais et aident les grévistes pour assurer la vie sur le piquet.

Vendredi 16 février, le secrétaire de la fédération FAPT (fédération des activités postales et de télécommunication qui organise les travailleurs de Chronopost) avait pu organiser la venue de P. Martinez sur le site. Celui-ci a pu rencontrer les grévistes en compagnie des militants-es de Chronopost et de ceux de l’UL de Massy. La direction du site a été obligée de convenir avec l’UL d’un protocole permettant la visite des grévistes en début et en fin de journée. (voir photo)

Avec les grévistes de Chronopost, à gauche, la secrétaire de l’UL CGT de Massy et P. Martinez

Ce dimanche, les militants syndicaux, associatifs et politiques s’étaient donné rendez-vous sur le marché de Chilly-Mazarin (91) pour faire connaître plus largement le mouvement de grève et appeler à la solidarité financière. Les anciens grévistes travailleurs sans papiers de 2008, de l’entreprise Millénium (91) aujourd’hui militants syndicaux étaient présents. 300€ ont été récoltés.

Une semaine après la réunion de Montreuil, où les 120 grévistes s’étaient donnés rendez-vous une dernière fois avant le top départ, la grève tient bon. Sur deux piquets (Sepur et Chronopost/Derichbourg) les patrons renâclent toujours à s’engager dans la rédaction des documents permettant la régularisation.

Mais comme l’ont réaffirmé les militants de la CGT qui pilotent ce mouvement de grève coordonné, ce n’est pas avec les préfectures (75, 91, 93, 94) que va pouvoir se définir le cadre politique permettant la régularisation de ces 120 grévistes.

Message a priori entendu par le gouvernement, mais qui a encore du mal à se concrétiser vu qu’aucune date de rencontre avec la CGT, une semaine après le lancement de la grève, n’est encore arrêtée.