La Kanaky n’est pas à vendre

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Le 24 novembre s’est tenu un rassemblement devant le siège parisien de l’entreprise VALE NC, à l’appel des organisations kanak à Paris (Mouvement des jeunes kanak en France, USTKE…) et le soutien de l’AISDPK, du collectif « ni guerre ni état de guerre », du NPA, de notre parti… La préfecture avait interdit le précédent rassemblement, prévu une semaine auparavant, le même jour que la mobilisation en Kanaky même. Ce rassemblement avait pour but de dénoncer le bradage de l’usine de nickel de la province Sud appartenant à Vale NC à Trafigura/Beurrier, un consortium monté en catimini par l’actuel président de Vale NC, Antonin Beurrier, avec l’appui du gouvernement français, sans aucune concertation avec les autorités coutumières et les populations de la province Sud. Alors que depuis mars des négociations pour le rachat par le groupe coréen Sofinor Korea Zinc, l’un des principaux groupes mondiaux maîtrisant le procédé hydro métallurgique, plus sûr et moins polluant que le procédé utilisé par Vale (qui a déjà causé la mort de plus de 300 personnes notamment Brésil et provoqué d’énormes dégâts environnementaux) étaient en cours, le gouvernement français cherche à imposer sa solution. En Kanaky, la mobilisation s’organise pour dénoncer la décision unilatérale de l’Etat français, du gouvernement de Nouvelle-Calédonie et des dirigeants de la province Sud et exiger que la population kanak directement concernée puisse décider elle-même du contrôle et de la gestion de ses richesses. « Usine du Sud = Usine pays ! Trafigura/Beurrier on n’en veut pas ! La Kanaky n’est pas à vendre ! »

Affiche du collectif ICAN, en Kanaky, appelant à un rassemblement le 20 novembre

Les enjeux économiques et politiques de cette vente

Le monopole minier brésilien VALE est propriétaire, via sa filiale canadienne, de l’usine et de la mine de nickel et de chrome de Goro, dans le Sud de la Kanaky. Le nickel et le chrome extraits ont la qualité requise pour les batteries de voitures électriques.

Quand Vale a annoncé sa volonté de vendre cette usine, qui emploie 1600 personnes (en comptant les travailleurs des sociétés de sous-traitance), les dirigeants de l’entreprise, notamment le pdg, A. Beurrier, sont entrés en négociation avec ont mis en place un consortium, autour du groupe suisse Trafigura, consortium spécialisé dans le négoce des matières premières, qui comprend, outre Trafigura, la financière Prony (à hauteur de 25%) et des investisseurs privés.

l’Etat français n’est pas actionnaire, mais est créancier de l’actuelle société, via un prêt de 260 millions datant de 2014. Le ministère des Outre Mer et celui de l’économie n’ont pas caché leur intérêt pour l’offre « Prony Resource » de Trafigura, qualifiant celle de la Sofinor et de Korea Zinc de peu fiable.

Sofinor, est le nom de la compagnie minière de la Province Nord, contrôlée à 85% par la Province Nord. Cette offre de rachat est soutenue par le collectif « usine du Sud= unsine pays », par le KLNFS, le Parti travailliste, l’Union syndicale des travailleurs kanak et des exploités – USTKE – l’instance coutumière autochtone de négociation (ICAN). cet ensemble de forces a le soutien d’une grande partie des populations kanak, qui considèrent, à juste titre, que le contrôle, l’exploitation des richesses minières doivent rester entre les mains des organisations qui luttent pour l’indépendance et la souveraineté kanak. Début novembre, elles ont organisé des actions de blocage des routes d’accès à la mine, du port de Nouméa… L’Etat colonial a fait dégager le 17 novembre les barrages par les forces de l’ordre.

Le contrôle de cette usine et de la mine sont donc des questions à la fois économiques et politiques. L’enjeu économique, ce sont les ressources minières du Nord de la Kanaky, où le monopole suisse Glencore contrôle 40% de l’usine de Koniambo qui exploite un grand gisement de nickel, et celles du Sud, que son concurrent Trafigura veut acquérir. L’enjeu politique est évidemment lié à la question de l’indépendance de la Kanaky dont ne veulent pas l’Etat français et les secteurs locaux qui veulent conserver leurs privilèges.