Lactalis : le profit passe au dessus de la santé des enfants

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Un des leaders mondial des produits laitiers, un « fleuron » du capitalisme français, le groupe Lactalis, est responsable d’une contamination de lait infantile à la salmonelle. Les dirigeants de ce groupe détenu par la famille Besnier, ont mis des semaines à reconnaître leur responsabilité, en se murant dans un silence hautain ponctué d’annonces sur des retraits partiels des lots fabriqués par l’usine de Craon.

Le gouvernement, qui a mis lui aussi du temps à réagir, a fini par lancer des contrôles à travers l’organisme chargé des fraudes (la DGCRF), contrôles qui ont montré que des dizaines de grandes surfaces, pharmacies, crèches, hôpitaux, grossistes, avaient continué à écouler des lots qui auraient dû être retirés de la vente. En cause, de graves dysfonctionnements du système de traçabilité, aussi bien au sein de Lactalis qu’au niveau de la grande distribution.

Le gouvernement affiche aujourd’hui une « fermeté » vis-à-vis des dirigeants de ce monopole qui a engrangé aides et allégements de charges, qui a bénéficié du soutien de l’Etat à son expansion à l’étranger et qui a poussé des centaines d’éleveurs à la faillite. L’Etat a toujours envoyé les CRS pour protéger les intérêts de Lactalis de la colère des manifestants. Il n’a rien eu à redire quand les dirigeants de Besnier rompaient les contrats de livraison avec les producteurs de lait qui avaient osé dénoncer devant les caméras de la télévision publique les prix qui les condamnaient à la faillite. Combien de suicides ces multimilliardaires ont-ils sur la conscience ? Le gouvernement est particulièrement cynique quand il se retranche derrière les « contrôles » alors qu’il vient de réduire le nombre de postes, qui se sont ajoutés à ceux que Sarkozy avait déjà mis en œuvre. La suppression des CHSCT et la fusion des trois instances (CE, DP et CHSCT) au profit d’un « comité social et économique » va réduire les possibilités pour les syndicats, pour les travailleurs de dénoncer et de s’opposer aux pratiques patronales qui passent outre les mesures de sécurité et d’hygiène, pour toujours plus de profits. Les langues ont commencé à se délier, sur les conditions de travail dégradées, où les consignes d’hygiène ne peuvent plus être respectées, car il faut aller toujours plus vite, produire davantage…

Si le nombre d’enfants contaminés par cette bactérie reste relativement limité, pour le moment, cette affaire entre dans la liste des contaminations par manque de contrôle, par fraude, par dissimulations et par la priorité donnée au profit.

Les méthodes de « patron de droit divin », qui se sent au dessus des lois, qui est prêt à étrangler les producteurs en les payant en dessous des coûts de production et qui est à l’affût de toute opportunité pour étendre encore l’emprise de ce monopole sur les producteurs de lait, sur les consommateurs et les marchés … commencent à être mises sur la place publique. Les affaires de fraude refont surface. La fortune du PDG, treizième fortune en France, celle de la famille Besnier, s’est construite sur le dos des paysans, fournisseurs de la matière première, des ouvriers des usines de production, sur le rachat des concurrents, surtout ceux qui connaissaient des difficultés, sur l’imposition de prix élevés à la grande distribution.

L’usine incriminée appartenait à un de ses concurrents, bien plus petits que le groupe Lactalis, qui a eu des difficultés financières, aggravées par une contamination à la salmonellose ! Une bonne affaire pour Lactalis.

Ce qui se passe illustre les dangers que font courir les monopoles sur la société ; au nom de la course au profit maximum, ils font produire dans des conditions dangereuses pour les consommateurs qui achètent, sans le savoir les produits sous différentes appellations qui dépendent toutes du même monopole. Des monopoles qui accumulent les profits ; deviennent toujours plus puissants et dont chaque décision pour augmenter les profits pour les actionnaires a des conséquences immédiates sur des pans entiers de la société.

C’est ce système, au service exclusif des monopoles, qu’il faut remettre en cause.

Barrage de pneus devant une usine de Lactalis, durant la « crise du lait »

 

Manifestation des éleveurs ruinés par Lactalis