Les mobilisations du 26 janvier, des enseignants et des étudiants, des « invisibles » de l’éducation nationale

Le numéro 1 de notre revue « Rupture » est en vente. Il est consacré à l’éducation en système capitaliste. 5 euros, plus frais de port
26 janvier 2021
La semaine anti coloniale se tient à partir du 5 février
1 février 2021

Manif des enseignants et étudiants à Strasbourg

La mobilisation a commencé par un rassemblement de plus de 200 personnes et des prises de paroles dès 13h30 place de la République. Enseignants et étudiants se sont exprimés en témoignant de leur situation actuelle, pour dire leur colère contre les mesures du gouvernement. Ils demandent la réouverture des universités et dénoncent les problèmes des cours à distance.

Puis la manifestation s’est mise en route pour parcourir le centre-ville de Strasbourg. A la tête, après la banderole « Des moyens pour l’éducation », le cortège des jeunes, lycéens et étudiants, mettait de l’ambiance à travers leurs mots d’ordre. Les étudiants réclamaient « L’ouverture des facs pour tous les étudiants », « Du fric pour l’éducation pas pour la répression » et ils scandaient « Les vieux dans la galère, les jeunes dans la misère, de cette société-là on n’en veut pas, on la combat », pour marquer la situation de misère dans laquelle certains de trouvent actuellement.

A l’appel des syndicats, CGT Educ’action, CGT FERC, CGT CROUS, SNES, FO, Sud Education, FSU, etc., de nombreux enseignants se sont mobilisés. On apercevait des banderoles de lycées : le lycée Fustel de Strasbourg, le lycée Schuman de Haguenau, le lycée Hôtelier A. Dumas d’Illkirch. Dans ce dernier lycée, les enseignants se mobilisent depuis plus d’une semaine contre la fermeture d’une des sections annexes d’enseignement, contre les conditions de travail et le projet de suppression de 40 postes d’enseignants sur l’académie. Trop c’est trop ! Parmi les nombreux profs d’école, de collège et de lycée, de jeunes profs manifestaient, pour certains, la première fois et se posaient la question, comment faut-il faire pour que les choses changent, pour donner à l’éducation son importance.

Des militants et des organisations se trouvaient présents pour soutenir cette lutte. Des organisations politiques, associatives (dont Egalité), des militants portant le drapeau ou la chasuble (CGT territoriaux – CGT FATP), etc.

Nous étions plus de 500 personnes au plus fort de la manifestation.

Nos camarades ont diffusé le journal et aussi le n°1 de notre revue sur « L’éducation en système capitaliste ». Nous avons pu avoir des débats intéressants qui montraient qu’effectivement, l’éducation était, comme la santé, complètement soumise aux lois économiques du système capitaliste, pour le profit capitaliste et non pas pour répondre aux besoins des masses populaires, des jeunes des milieux populaires. Les enseignants et étudiants avec qui nous avons discuté partageaient ce point de vue.

Bordeaux : 1500 à 2000 manifestants contre la politique de Blanquer et de Vidal

C’est avec le mot d’ordre « Les jeunes dans la galère, les jeunes dans la misère, de cet’ société-là, on n’en veut pas ! » que sont arrivés une bonne centaine de jeunes étudiants pour rejoindre le cortège intersyndical d’enseignants CGT Educ’Action-FO-FSU, derrière leur banderole unitaire « NI FERMETURE NI PRECARITE !  DES MOYENS POUR L’UNIVERSITE ! ».

Plus de 1.500 manifestants directement concernés par la politique de Blanquer ont dit NON la casse de l’enseignement public, sur le même modèle que la casse de l’hôpital public, de tous les services au public, et leur remplacement par la carte bleue… C’est à ces conclusions que sont parvenues plusieurs discussions d’avant-manif.

Les Assistant (e ) s d’éducation – AED – étaient présents pour exiger la reconnaissance de leur rôle en particulier celui de « repérer » les lycéens en souffrance psychologique pour éviter qu’ils décrochent. Ils demandent la revalorisation de leur métier et sa pérennisation. Les infirmières scolaires et universitaires dénonçaient la gestion au sparadrap de la crise sanitaire. Dans les discussions, revenait souvent l’idée que l’Education nationale est au plus mal sur fond de réformes imposées au pas de charge, sans véritable écoute des organisations syndicales ni des enseignants, et souvent contre leurs avis. Et que dire de la condition faite aux étudiants depuis 5-6 mois !

Les revendications portaient essentiellement sur la réouverture des facs aux étudiants dans des conditions humaines, équitables et sanitaires « normales ». Les étudiants veulent pouvoir finir correctement leur année universitaire : il ne reste que 5 mois pour y parvenir et c’est c’est de la responsabilité des ministres Blanquer et Vidal d’y répondre positivement.

Près d’une dizaine de La Forge ont été vendues ou données selon les finances. Plus d’une centaine de tracts mensuels du parti ont été distribués.

Les jeunes de l’UJR à Bordeaux ont distribué le tract national de leur organisation.

Notre nouvelle revue « Rupture » a, elle aussi, été présentée dans cette manifestation.

Correspondance Cellule Sanz-Baena-Bravo Bordeaux

Paris

Manifestation combative de quelques milliers d’enseignants et d’étudiants, à Paris de Luxembourg au ministère. S’il y a eu beaucoup de grévistes, notamment dans le primaire, le climat anxiogène qui règne depuis des jours et les difficultés de se déplacer, ont sans doute dissuadé bon nombre de grévistes de venir manifester à Paris. De plus, plusieurs manifestations ont eu lieu dans les préfectures des départements de la région parisienne.

Les infirmières de l’éducation nationale drapées dans des couvertures de survie ont manifesté en bloc. Comme le disait une manifestante, « On ne plus faire face, on n’est trop peu et les besoins des élèves sont immenses », avant de rejoindre leur cortège dynamique, en tête.

Beaucoup de discussions, qui tournaient autour de la grande précarité dans laquelle vivent les étudiants : les annonces de Macron ne passent visiblement pas. Des discussions aussi sur la situation dans les collèges des banlieues, où, comme le disait un enseignant partisan des méthodes Freinet, Blanquer et cie essaient de faire passer le fait que les classes sont surchargées, que les enseignants doivent accepter de prendre les élèves des collègues absents… bref, de laisser se dégrader les conditions d’enseignement pour les enfants des milieux populaires.

Beaucoup d’interviews réalisées par des jeunes des écoles de journalisme ou des vidéastes qui travaillent pour les sites d’info alternatifs.

Le stand du parti était placé en début de manifestation, ce qui nous a permis de diffuser largement le tract national, et de présenter aux personnes intéressées, la nouvelle revue du parti.

Les militants de l’UJR diffusaient leur tract national.

Pau : grève dans l’éducation, une mobilisation et une grève puissante

Suppressions de postes, salaires gelés, discriminations salariales envers les CPE, les documentalistes, précarité et aggravation des conditions de travail des assistants d’éducation AED, des accompagnants d’élèves en situation de handicap AESH, lourdeur et épuisement face à l’épuisement du protocole sanitaire, fermeture des universités. Les raisons de faire grève et de se mobiliser étaient multiples et toutes aussi légitimes les unes que les autres. Ainsi à Pau, plus de 500 personnels d’éducation, d’étudiants se sont rassemblés à l’appel de l’intersyndicale départementale FSU-CGT-FO-SUD. Localement, l’UNSA a rejoint l’intersyndicale alors que nationalement, elle fait le jeu du « dialogue social » de Blanquer.

La forte mobilisation a fait que le rassemblement s’est transformé en manifestation. Les grévistes étaient très importants dans les écoles paloises où le service minimum, destiné à briser la grève, a été déployé dans 13 écoles. Cela montre bien l’ampleur de la mobilisation face à la suppression de 13 postes dans le 1er degré. Les enseignants de collèges et de lycées étaient tout autant mobilisés puisque malgré une hausse des effectifs (+1,1 %), 104 postes vont être supprimés.

Les AED poursuivent leur mobilisation, puisqu’un collectif rassemblant des assistants d’éducation de plusieurs établissements, s’est mis en place dans les Landes.

Notre parti est intervenu sur Pau avec un tract reprenant l’article de La Forge et la publicité pour notre revue, Rupture. Un exemplaire a été donné notamment aux étudiants mobilisés de Solidaires-Etudiants, qui viennent de remporter les élections étudiantes devant la droite universitaire (UNI).

Tours

Ils se sont retrouvés à Tours à plus de 650  à l’appel de la CGT, FO, FSU et SUD à défendre de meilleures conditions pour l’éducation pour ceux qui travaillent et ceux qui apprennent, pendant cette période de pandémie mais avec des revendications devenues plus pressantes dans cette période. C’est le cas des demandes de revalorisation salariale et de postes dont l’insuffisance ne rendent pas attractive cette profession et aggravent les conditions de travail. La division de classes en deux pour permettre les distanciations n’est pas  souvent possible,  par manque de locaux et/ou manque d’enseignants. Une prof d’art plastique disait qu’il n’était pas possible de faire cours correctement  en toute sécurité à 35 élèves! Les perspectives n’étaient pas meilleures pour après puisqu’il était prévu une de poste.

Il était frappant de voir la grande diversité des professions représentées. Au lycée Balzac de Tours, toute la « vie scolaire » était arrêtée par la grève des AED Assistant.es d’Éducation. Ces personnels, de même que les AESH  Accompagnants  des Elèves en Situation de Handicap, demandent à être mieux considérés dans leur travail. Le manque criant d’infirmières du travail était pointé, seulement présentes 3 ou 4 jours par semaine dans certains lycées et parfois envoyées pour faire les tests ailleurs, alors que les élèves sont en souffrance dans cette période et auraient besoin d’accompagnement.

Les étudiant.es étaient nombreux.ses à réclamer le retour en présentiel. Ils n’en peuvent plus de devoir suivre leurs cours à distance, enfermés dans des chambres de 12 m2 avec du matériel pas toujours efficient. Un étudiant de philo disait qu’il y avait déjà 40 % de décrochage dans sa filière et que ce n’était pas la pire!

La défense  du service public était revendiquée par les syndicats. La question de l’avenir des jeunes était aussi sous-jacente. Une retraitée disait que son fils chercheur avait dû s’expatrier en Suisse pour trouver un travail dans la recherche publique.

Des jeunes politisés posaient la dimension internationale avec un « Etudiants de tous les pays unissez-vous ». Mais le lien entre les caractéristiques de ce système éducatif et le système capitaliste n’était pas fait spontanément. C’est aussi le but de la Revue « Rupture »: « L’éducation en système capitaliste »

Toulouse

2000 personnels de l’éducation nationale ont manifesté à Toulouse ce 26 janvier à l’appel d’une intersyndicale CGT FO, Solidaires FSU, FSU, CNT,

Dans le cortège les personnels comme les RASED*, AESH*, AED*, animation, tenaient à faire valoir aux côtés des enseignants du primaire et du secondaire leurs revendications, ils ont organisé leur visibilité par des pancartes et des banderoles. Les AED ont entamé depuis le 1°décembre un mouvement de grève avec plusieurs journées très suivies, alors qu’ils sont particulièrement vulnérables, du fait de la précarité de leur statut. Les AESH qui connaissent aussi des conditions de travail particulièrement dégradées et exigent toujours la revalorisation de leur salaire ont annoncé aussi une journée spécifique le 11 février.

Un cortège très animé et coloré a parcouru la ville jusqu’à la préfecture.

Toutes et tous réclament des augmentations de salaires, des moyens supplémentaires notamment avec la pandémie qui exige du personnel supplémentaire et non pas des CDD à courte durée. Ils dénoncent le Grenelle de l’éducation véritable mascarade, et un budget de l’éducation nationale rabougri, qui démontre le peu d’engagement de ce gouvernement pour améliorer les conditions de travail et d’étude dans les écoles et les établissements scolaires.

Très présents aussi les étudiants qui se sentent abandonnés et réclament des cours en présentiel, ils ont enchaîné avec un sit-in place du Capitole comme le 21 janvier. Beaucoup ont déjà jeté l’éponge, rendu leur logement et sont repartis chez leur parents sans aucune perspective d’avenir. Des personnels des facs et des laboratoires de recherches étaient aussi présents.

La colère s’exprime et s’organise dans tous les secteurs les revendications se précisent par catégories. La prochaine mobilisation du 4 février devrait permettre de rassembler toutes ces luttes.

RASED : Réseau « aide et soutien » d’enseignants spécialisés et de psychologues scolaires pour prendre en charge la difficulté scolaire.

AESH Accompagnant.e .s des élèves en situation de handicap.

AED Assistants d’éducation : personnels de vie scolaire dans les collèges et les lycées.