Après les discours fumeux devant le congrès, place aux mesures concrètes. Et celles-ci penchent systématiquement du côté du Capital, des intérêts des riches, des grands patrons et des grands actionnaires. Toutes les réformes anti ouvrières et anti populaires prises par Hollande et ses gouvernements sont reprises et amplifiées, comme on le voit avec les ordonnances qui poussent plus loin et étendent le champ des attaques de la loi El Khomri. Les exigences patronales sont écoutées et satisfaites, comme on le voit avec le remplacement du « compte pénibilité » par un vague « compte de prévention » qui réduit les types d’activité pris en compte pour pouvoir partir en retraite plus tôt, à condition d’avoir fait reconnaître une maladie professionnelle ayant entraîné une incapacité permanente de plus de 10% ! Et pour couronner le tout, c’est la branche « maladie et accidents du travail » qui financera ce dispositif et non les patrons, ce qui les exonère même sur le plan financier de toute responsabilité en matière de prévention. Le premier ministre parle d’une « solution pragmatique, loin des positions idéologiques de gauche ou de droite », alors qu’il est question des conditions de travail qui mettent la vie des travailleurs en danger.
C’est Macron qui a « tranché », après les déclarations de Philippe sur l’éventualité d’un report des mesures fiscales, du fait du déficit public trop important. Il faisait référence aux milliards de dépenses publiques non financées, laissés par Hollande et ses gouvernements. Les déclarations de Philippe, volontairement floues, n’ont visiblement pas été du goût des milieux économiques et financiers qui ont porté Macron au pouvoir. Ce dernier, qui a pris le temps de s’entretenir avec Sarkozy, a déclaré qu’il n’allait pas commettre les mêmes erreurs que Hollande en ne respectant pas ses engagements et que les baisses d’impôts promises allaient être mises en œuvre immédiatement.
Il y aura donc une baisse d’impôts pour les grandes fortunes. L’ISF, qui les taxait un peu, mais qui les faisait quand même hurler à l’injustice fiscale, changera de nom et ne concernera que les revenus tirés de l’immobilier et la taxation des revenus du capital sera plafonnée à 30% (au lieu des 33% actuels). Ces deux mesures profitent avant tout aux plus fortunés. C’est un choix assumé, car, comme le dit Macron et ses ministres, il s’agit de « mettre en œuvre une fiscalité favorable à l’investissement ». C’est la répétition du dogme selon lequel, plus on favorise les grandes fortunes et les grands actionnaires, plus ils investiront et, en bout de course, plus cela favorisera l’activité économique… On en connaît les conséquences ; les riches deviennent toujours plus riches et la pauvreté s’étend, tout comme le chômage et toutes les plaies du système capitaliste. Une évaluation de l’observatoire français de la conjoncture économique des conséquences de ces mesures fiscales aboutit au résultat suivant : 10% des ménages les plus fortunés vont capter 46% des gains des mesures fiscales à destination des ménages.
Macron a tenu à souligner que la baisse de la taxe d’habitation sera bien mise en œuvre et devrait concerner 80% des contribuables qui l’acquittent. Cette baisse de 30% ne se limitera pas aux ménages les plus modestes. Ce qu’il ne précise pas, c’est comment les collectivités territoriales vont combler ce « manque à gagner ».
L’augmentation de la CSG, un impôt injuste, qui touche toutes les catégories sociales
L’augmentation de la CSG (de 1,7%) qui ira de paire avec la suppression des cotisations chômage et maladie sur les salaires, n’aura pas les mêmes conséquences pour tous : tous les fonctionnaires verront leurs revenus amputés, au moment où le point d’indice a été encore une fois gelé. Les retraités qui paient déjà la CSG à taux plein seront également touchés. Seules les très petites retraites (en dessous de 1200€ mensuels) devraient continuées à être exonérées.
Pour compenser les allégements fiscaux, le gouvernement Philippe va procéder à une série d’économies budgétaires dans tous les ministères (4,5 milliards supplémentaires d’ici la fin 2017) pour « rester en dessous des 3% » de déficit public, qui est la norme au sein de l’UE.
Ces baisses toucheront aussi bien l’éducation nationale, que le logement, le social, la santé…, y compris le budget de guerre, ce qui provoque un tollé dans la haute hiérarchie militaire qui se plaint « de ne plus pouvoir assumer ses missions ».
Macron veillera, comme l’avait fait auparavant Hollande, à les rassurer.
Le ton change : il n’est plus question de mener une politique « de droite et de gauche », de satisfaire « en même temps » les patrons et les salariés.
Les décisions prises sur différentes questions, les débats et les votes au parlement sur les ordonnances le montrent : c’est une politique d’austérité renforcée au service des intérêts des forces qui ont mis Macron là où il est ; l’oligarchie.
Le 13 juillet 2017