Depuis le 1er septembre, des mobilisations, avec des blocages et des rassemblements devant les supermarchés ont lieu en Martinique. Ils ont également été organisés en Guadeloupe, mais leur ampleur est plus réduite. La question de la vie chère est la toile de fond de ces mouvements.
Lancées par sur les réseaux sociaux, ces mobilisations prennent la forme de rassemblements devant des grandes surfaces et des manifestations.
La revendication mise en avant est celle de l’alignement des prix des produits de consommations qui sont, officiellement, 40% plus élevés que ceux pratiqués dans la grande distribution « en métropole ».
Des affrontements avec les forces de police ont lieu en marge de ces mobilisations. Le préfet de Martinique a instauré le couvre-feu dans plusieurs quartiers de la capitale.
Tout le monde a en tête le grand mouvement populaire de 2009, « contre la pwofitasyon » qui a paralysé les deux îles, colonies de l’impérialisme français, pendant 40 jours. A l’époque déjà, la question des inégalités abyssales entre la poignée de riches, notamment les familles de béké qui contrôlent l’économie, et la masse de la population qui vit dans la pauvreté ; celle du niveau de chômage très élevé frappant notamment les jeunes… étaient à la base de cette révolte massive et populaire, dans laquelle les forces syndicales, associations, forces politiques… ont joué un rôle important.
Depuis 2009, il y a eu les grandes mobilisations qui ont dénoncé l’empoisonnement de la population, notamment agricole, par le chlordécone, que l’Etat colonial a couvert et qu’il ne reconnaît toujours pas comme un « crime d’Etat ». Il y a eu la question de l’épidémie du Covid 19, qui a fait des ravages et qui a mis en évidence le délabrement du système de santé dans les colonies. Les hausses des prix de tous les produits, de l’énergie… qui ont été entièrement répercutées et très souvent amplifiées, creusent encore les inégalités et plongent les masses populaires dans la pauvreté. Officiellement, 26,7 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté en Martinique, Guadeloupe – 14% pour l’ensemble de la population français ([1]).
C’est donc la question de la vie chère, de la pauvreté et des inégalités, qui sont le terreau de ces mobilisations.
Elles interviennent aussi dans le contexte de la crise coloniale, en Kanaky-Nouvelle Calédonie.
Ce système colonial qui amplifie toutes les attaques économiques, sociales, politiques, anti démocratique, environnementales que l’impérialisme fait subir aux travailleurs, aux peuples, à la jeunesse des colonies.
Nous tenons à exprimer notre solidarité avec ces travailleurs, ces peuples et leurs organisations de lutte, dans leurs combats, en particulier dans ce moment où Macron et le gouvernement Barnier sont sur le point d’annoncer les grandes lignes de leur politique réactionnaire, anti ouvrière et anti populaire, et de répression contre les mouvements de contestation de la domination coloniale.
[1] Selon les chiffres et les catégorisations réalisées par l’Observatoire des inégalités, « la grande pauvreté touche cinq à dix fois plus les départements d’outre-mer (DOM) que la métropole, selon les données de l’Insee pour l’année 2018. Elle frappe plus de 10 % de la population guadeloupéenne, martiniquaise et réunionnaise et près de 30 % des Guyanais, contre 2 % des habitants de l’Hexagone. »