Pérou : « A bas le coup d’État parlementaire orchestré par la droite et l’impérialisme américain ! »

Solidarité avec les Clestra Illkirch (67), en grève pour défendre leurs acquis et pour des augmentations de salaires
15 décembre 2022
Halte à la répression antisyndicale !
17 décembre 2022

Nous publions ci dessous la prise de position du Parti Communiste du Pérou (marxiste léniniste) prise au lendemain du « Coup d’Etat parlementaire ».

Depuis, la situation a rapidement évolué, notamment au niveau du mouvement ouvrier, paysan, populaire. Les mobilisations n’ont cessé de grandir. La détention de Castillo a été prolongée, L’état d’urgence a été décrété dans tout le pays. Les présidents du  Mexique, de la Colombie, d’Argentine, de Cuba, du Honduras, du Nicaragua, ont demandé que les droits du Président Castillo soient respectés.

La contestation populaire est très forte, elle a gagnée plusieurs départements de province. Des travailleurs des mines, des travailleuses de l’agriculture (grandes exploitations de la « nouvelle agriculture » pour l’exportation : vignes, fleurs, avocats,…) les étudiant.es et beaucoup de jeunes répondant aux appels à manifester lancés par les syndicats, les partis de gauche….

L’état d’alerte a été déclenché dans la police (pas des vacances, ni des permissions). La police et l’armée ont tiré à balle réelle : il y a 7 morts à Andahuaylas (la province d’origine de l’actuelle présidente). A Arequipa, il y a plusieurs blessés et mutilés et des dizaines des détenus. L’Etat d’urgence a été décrété dans plusieurs départements, 10 aéroports ont été fermés.

Les principales routes sont bloquées ce qui un impact sur l’acheminement des produits essentiellement agricoles et de viande vers les villes. 

Les revendications politiques qui traversent le mouvement populaire sont : la dissolution du congrès, des nouvelles élections générales, la convocation d’une assemblée Constituante, la libération de Castillo. A ces exigences, s’ajoutent les exigences pour améliorer les conditions de vie des travailleurs, des paysans…

La grand majorité des syndicats des travailleurs et travailleuses, des paysans, les organisations étudiantes et les organisations de jeunesse, les organisations populaires de femmes, sont dans le mouvement et appellent à la poursuite de la mobilisation. La CGTP appel à marcher vers Lima.

Le congrès est muet, la presse et les médias ont dû parler de la mobilisation populaire, mais ils mettent en avant la « casse », les « saccages des magasins », les morts… Les appels à la « paix », au « dialogue » se multiplient, avec un effet réduit. Les forces qui sont « derrière » ce « coup » réactionnaire ont annoncé que les élections présidentielles sont avancée à 2024 (au lieu de 2026) mais cela ne « prend pas ». D’autant que dans les mobilisations, les congressistes sont dénoncés comme des « traîtres » ; les slogans fusent : « On ne vous a pas élu.es pour ça ».

L’exigence de dissolution du Congrès devient une exigence largement partagée.

Si les forces poussent à intensifier la répression, des fissures apparaissent dans l’armée, notamment au niveau des officiers subalternes, des soldats (le service militaire est obligatoire) dont certains ont fait des déclarations de refus de tirer sur les civils.

L’Etat de siège a été décrété dans 15 provinces.

Nous exprimons notre solidarité avec le mouvement ouvrier et populaire du Pérou et apportons notre soutien aux camarades du PCP (m-l).

16 décembre 2022

Déclaration du Parti Communiste du Pérou (marxiste léniniste) – 7/12/2022

A bas le coup d’État parlementaire orchestré par la droite et l’impérialisme américain ! Pour une assemblée constituante souveraine et populaire. Qu’ils s’en aillent tous !

Ce qui s’est passé aujourd’hui, mercredi 7 décembre 2022, à midi au Pérou, n’est pas un événement imprévu ou un simple accès d’aventurisme de l’ancien président Pedro Castillo, qui a prononcé un discours télévisé pour dissoudre le Congrès de la République et chercher ainsi à mettre fin aux différends entre les pouvoirs exécutif et législatif qui ont bloqué de nombreux projets de loi qui pourraient apporter quelques solutions dans le contexte actuel de crise alimentaire, énergétique, économique et politique que connaît le pays. Il y a des éléments majeurs que nous ne pouvons pas perdre de vue, pour ne pas être les victimes stupides de la tromperie des autres et de nous-mêmes, et pour mettre à nu les intérêts de classe qui s’affrontent dans la situation actuelle, face auxquels nous ne pouvons pas être naïfs.

La mission de l’OEA, présente dans le pays il y a quelques semaines, n’a pas fait que mener une mission pour contribuer à la stabilité du Pérou, étudier les possibilités d’établir un gouvernement de transition dans le but de maintenir le calme dans la région, selon les directives de l’impérialisme américain – dont les intérêts n’ont pas été remis en cause par le gouvernement de Pedro Castillo – ; l’OEA a, au contraire, donné plus de possibilités à l’impérialisme américain de renforcer sa domination, en suivant les recommandations du FMI et de la Banque mondiale.

La mission de l’OEA et les intérêts de l’impérialisme américain étaient de rechercher la stabilité, afin que les forces de gauche ne mettent plus en avant la demande d’une « Assemblée Constituante Souveraine et Populaire », qui jetterait les bases d’un nouveau modèle économique rendant possible le développement national et l’amélioration des conditions de vie des travailleurs. Et, en plus de cela, pour éviter qu’après l’Assemblée constituante, un nouveau gouvernement puisse rapprocherait le Pérou de l’influence chinoise et russe.

Il existe dans le monde un contexte de confrontation inter-impérialiste, qui nous met en danger de guerre. Les Etats-Unis, les pays de l’Union européenne, la Russie et la Chine se battent pour une nouvelle répartition du monde dans le contexte de la crise économique, politique, alimentaire et énergétique à l’échelle mondiale. À cette fin, l’impérialisme américain a intérêt à faire baisser les tensions qui permettent aux forces de gauche de progresser et à accorder plus d’attention aux contradictions inter-impérialistes.

Il y a un arrière-plan très important dans lequel l’oligarchie péruvienne joue un rôle, puisque c’est elle qui a comploté pour que Pedro Castillo se sente suffisamment assuré du soutien des forces armées et de la police pour annoncer dans son discours qu’il allait « dissoudre temporairement le Congrès » et pour qu’au dernier moment se voyant abandonné, l’oligarchie ait tous les outils pour procéder à une Vacance Constitutionnelle. La première vice-présidente Dina Boluarte, qui est depuis longtemps la carte de transition des partis de droite et qui avait déjà préparé un discours dénonçant la tentative d’auto-coup d’État de Castillo, a pris la direction du pays en brandissant les bannières de la défense de l’ordre constitutionnel et du respect de l’institution des Forces armées et de police.

Pedro Castillo a voulu faire un coup d’Etat dans le style fujimontesiniste, en répétant des phrases malheureuses qui nous amènent à nous souvenir de l’origine du plan violent qui a mis en place le néolibéralisme au Pérou. Comme disait Marx, « L’histoire se répète deux fois, d’abord comme une tragédie, puis comme une farce », et la farce dans laquelle est tombé Pedro Castillo, signifie sans aucun doute un coup porté aux bannières brandies par le mouvement populaire pour le changement de la Constitution politique, pour limiter l’action des monopoles et oligopoles, pour mettre fin au rôle subsidiaire de l’État et pour arrêter la vente éhontée de nos ressources naturelles aux transnationales.

Les travailleurs sont dans les rues et élèvent la voix pour protester contre cette manœuvre de l’oligarchie et de l’impérialisme américain, qui avec un faux appel à « l’unité nationale » essaient de détourner notre attention du danger que courent actuellement les communautés paysannes et indigènes et la production agricole nationale, avec plus de 46 méga-projets miniers qui exigent leur exécution, en prenant le contrôle des territoires communaux, sans permis social, sans évaluation l’impact sur l’environnement et la production agricole. De même, en raison de l’utilisation limitée du référendum pour apporter des changements à la Constitution de 1993, dans un contexte de crise alimentaire, qui jusqu’à présent, dans la première étape de la production nationale, où 20% de la production agricole a déjà été perdue, en raison du manque de précipitations, il n’y a pas de production d’engrais ou d’usine pétrochimique pour industrialiser notre gaz ; tout cela affectera l’approvisionnement alimentaire à partir du deuxième bimestre de 2023.

Les monopoles qui contrôlent les importations alimentaires, le système financier et la presse qui a agité la vacance, pour continuer à toucher l’argent pour la propagande d’État, sont ceux qui sont les plus grands bénéficiaires de ce coup d’État de la droite, orchestré par l’impérialisme américain et qui ne met pas dans les rues le mouvement des travailleurs et du peuple organisé.

Le Parti Communiste Péruvien (Marxiste-Léniniste), appelle les travailleurs et les peuples à continuer à descendre dans la rue pour défendre le programme populaire, à contrecarrer la tentative de la bourgeoisie parasite d’imposer des projets et des intérêts transnationaux dans le pays et ainsi avancer de manière organisée pour exiger le départ de tous les corrompus et appeler à une Assemblée Constituante Souveraine et Populaire, où les forces organisées du peuple débattront du modèle de pays dont nous avons actuellement besoin.

L’expérience récente nous a montré que la voie électorale de la démocratie bourgeoise a ses limites et ne doit pas être la seule façon pour le peuple travailleur d’exprimer sa volonté. De même, il est clair que les Forces Armées et la Police Nationale sont toujours au service des classes dominantes du pays et nous ne pouvons pas croire que c’est depuis le Congrès et la nouvelle présidence du pays, que les changements dont le peuple et le pays ont besoin puissent se faire. Il n’y aura pas de caudillo (chef militaire ou politique) pour remplacer le rôle du peuple travailleur organisé dans la tâche de construire une République démocratique populaire, ni pour défendre ses intérêts.

Ni les forces du nationalisme à tendance fasciste qui ont couvert la fuite de Montesinos en l’an 2000, ni la social-démocratie et les ONG (qui veulent de nouvelles élections sans changer la Constitution) ne sont des voies sûres pour l’accomplissement du programme du mouvement populaire.

Seul le peuple organisé peut sauver le peuple !

A bas le coup d’Etat parlementaire comploté par la droite et l’impérialisme américain !

Pour une Assemblée Constituante Souveraine et Populaire, laissez partir tous les corrompus

Nilo Candela – Secrétaire général

Pour le GS. du CC du PCP (m-l)