En prenant appui sur le texte national unitaire qui était encore en cours d’élaboration, diverses organisations grenobloises se sont réunies en visio conférence- dimanche 2 juillet pour discuter d’une initiative à prendre ensemble. Intitulé : « Justice pour Nahel, ensemble contre les violences et l’impunité policières – Appel isérois pour la jeunesse », le texte qui en est ressortia été signé par de très nombreuses organisations (1). Il appelait à un rassemblement mercredi 5 juin à 18 heures. Ce rassemblement était initialement prévu Place Victor Hugo, mais dès qu’il a été déclaré, un arrêté préfectoral a interdit (pour l’après-midi jusqu’au lendemain matin) toute manifestation dans un large périmètre du centre-ville. Le rassemblement donc s’est finalement tenu le devant le tribunal -autorisé cette fois. 300 personnes s’y sont retrouvées. Dans leurs prises de paroles, toutes les organisations ont salué l’importance de cette initiative unitaire et insisté sur la nécessité de poursuivre ensemble. Toutes ont dénoncé le meurtre de Nahel et de trop nombreux autres, la loi de février 2017 et toutes les autres lois sécuritaires… Beaucoup ont évoqué le racisme dont sont victimes de nombreux habitants des quartiers populaires. De nombreuses interventions ont dénoncé, la pauvreté, la précarité, la casse des services publics et sociaux dans les quartiers. En réponse à la stigmatisation des parents, la secrétaire générale de l’UL CGT de Grenoble a rappelé les conditions de travail et d’horaires des mères qui travaillent tôt le matin et tard le soir pour des salaries dérisoires. Elle a fait le lien avec les autres questions sociales soulevées par les mobilisations des travailleurs et à insister sur l’importance de s’organiser. Le DAL a parlé des multiples violences que subissent les habitants des quartiers, notamment en matière de logement…. Nous reproduisons ci-dessous l’intervention de notre parti qui s’est largement appuyé sur le tract national diffusé le même jour devant le supermarché du quartier de la Villeneuve.
Il y a moins de 3 semaines, nous manifestions pour dire Justice pour Alhoussein Camara ; aujourd’hui, nous disons Justice pour Nahel : jusqu’où ira la liste des mineurs et des jeunes gens tués lors de contrôles routiers ? Est-ce que ce sont des « bavures », des accidents « inexcusables et inexplicables », comme le dit Macron. Certainement pas ! Leur nombre sans cesse en augmentation est notamment la conséquence d’une loi de février 2017 qui a dangereusement élargi la définition de la « légitime défense », jusqu’à en faire un véritable « permis de tuer » : elle doit être abolie !
Les émeutes qui ont suivi viennent de loin : Elles s’inscrivent dans un contexte de pauvreté grandissante, de précarité, de discriminations, de racisme…, dans des quartiers où le logement est en décrépitude, où les écoles manquent de moyens, où les services publics disparaissent, où les médecins et les centres de soins sont insuffisants, où les équipements sportifs se délabrent, où les subventions aux associations sont coupées…
Alors oui, c’est un fait, des jeunes qui se sont retrouvés par milliers dans les quartiers et les centres-villes, s’en sont pris à des symboles d’une « république » où « l’égalité » et la « fraternité » sont pour eux de vains mots,. Ils s’en sont pris parfois à des équipements culturels, parfois à des magasins… Si on ne veut pas voir d’où vient cette colère, on ne comprendra rien à cette révolte.
Les « appels au calme » assortis d’une répression de grande ampleur viendront peut-être provisoirement à bout de ces explosions de colère de la jeunesse des quartiers populaires, mais ils ne régleront rien et ne feront qu’augmenter le ressentiment des jeunes vis à vis d’une société qui les exclue.
Les interdictions de manifester nous fait nous déplacer de Verdun à Victor Hugo, de Victor Hugo à cette place du tribunal… Elles ne font que renforcer notre détermination à nous organiser et à lutter ensemble pour l’augmentation des salaires, contre la précarité et la vie chère, les exclusions et les divisions, contre la repressions, les violences et l’impunité policières.
A l’heure où le gouvernement veut encore faire des milliards d’économies sur les dépenses sociales, nous disons : de l’argent pour les salaires, les retraites, pour la jeunesse, pour l’éducation, la santé, la culture…, pas pour la répression, pas pour les actionnaires et pas pour faire la guerre !
Capitalisme broyeurs de vie : ce n’est pas cet avenir que nous voulons pour a jeunesse. Ce système, on n’en veut pas, ON LE COMBAT !