Trois militaires français tués le 28 décembre, deux, le 2 janvier ; à chaque fois par des explosions de bombes qui ont fait sauter leurs véhicules. Un an après le sommet du G5 à Pau (13 janvier 2020), la liste des militaires tués au Mali et dans le Sahel ne cesse de s’allonger. Ce G5 avait été marqué par les injonctions de Macron à l’adresse des chefs d’Etat des pays africains à s’engager davantage dans la guerre contre les groupes djihadistes et à exprimer plus fortement leur soutien aux troupes françaises sur le terrain. Il n’a pas manqué d’évoquer les 13 militaires qui venaient d’être tués dans la collision entre deux hélicoptères au Mali (25 novembre 2019) pour fustiger les appels au départ des troupes françaises du Sahel, appels qui émanent notamment des populations de plusieurs pays. Il ciblait de façon à peine voilée les positions du gouvernement malien de l’époque, qui multipliait les déclarations en faveur d’un dialogue avec des groupes armés.
600 hommes supplémentaires avaient été envoyés, notamment dans la région des « trois frontières », entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso, où les groupes armés djihadistes sont actifs. En fait, la stratégie déployée par l’impérialisme est à plusieurs détentes : renforcer les opérations militaires, pour pouvoir annoncer des succès sur le terrain, pousser les armées des pays africains à s’engager davantage dans ces opérations, pour « prouver » leur efficacité et essayer de gagner le soutien de quelques Etats de l’UE, le tout pour pouvoir organiser un « désengagement » progressif des forces françaises. Mais rien ne fonctionne : la zone déclarée comme plus « sécurisée » début décembre par le chef d’état major, Lecointre (« il y a une amélioration de la situation sécuritaire » avait il dit, suite à son séjour les 10 et 11 décembre dans le camp de Hombori), ne l’est visiblement pas. Les groupes djihadistes y multiplient les attaques, malgré les « dizaines de djihadistes « neutralisés » selon l’expression des militaires français, relayés par la ministre Parly. Des négociations ont bien lieu entre les nouveaux dirigeants maliens et des groupes djihadistes, alors qu’officiellement, les autorités françaises les désapprouvent. Et aucun gouvernement au sein de l’UE ne veut envoyer des troupes de façon conséquente dans ce bourbier.
Il n’est plus possible d’écarter la question du retrait des troupes françaises du Sahel (Mali, Burkina, Niger, Tchad…). Nous l’avons exigé depuis le début ; les peuples de ces pays l’exigent de plus en plus. Il faut combattre et isoler les partisans de cette guerre « jusqu’au bout ».
Paris, 4 janvier 2021