Nous voulons avant tout exprimer notre solidarité avec la population de Mayotte qui a besoin d’une aide humanitaire et sanitaire d’urgence et massive. L’Etat colonial doit l’assurer.
Le cyclone dévastateur d’une intensité inouïe a détruit la quasi-totalité des bidonvilles, dont le plus grand comptait au moins 20 000 personnes. Y vivaient beaucoup de personnes et de familles « illégales » car sans titre de séjour, mais aussi des personnes avec des papiers en règle, qui ne trouvent nulle part où loger.
Beaucoup de maisons en « dur » ont également été gravement touchées. La majorité de la population de ce département, évaluée à 320 000 personnes, n’a pas accès à l’eau potable ; si cela était déjà un grave problème avant le cyclone, dès 2023, cela devient aujourd’hui une menace sanitaire majeure mettant en danger des milliers de personnes, notamment les enfants. Le réseau électrique est par terre et sa remise en état prendra beaucoup de temps. Le carburant est rationné et de nombreux villages restent inaccessibles. La nourriture manque et une grande partie de la population n’a pas moyen de s’en procurer. Le réseau téléphonique est également coupé, ce qui accroît l’isolement des rescapés et fait grandir l’inquiétude légitime des mahorais vivant hors de l’île qui cherchent à avoir des nouvelles des proches.
C’est la solidarité des pauvres et les moins pauvres envers les pauvres qui évite pour le moment l’écroulement de la société. Le nombre de victimes n’est pas connu, mais il va grimper au fur et à mesure où les amas de tôles, d’arbres et de matériaux qui ont servi à construire les habitations des bidonvilles seront déblayés. Sans attendre, les rescapés reconstruisent à la hâte des abris pour avoir un minimum de protection contre les pluies, utilisant tout ce qu’ils peuvent récupérer. Quand ils peuvent s’exprimer devant des journalistes, ils parlent de l’abandon dans lequel ils se trouvent et expliquent qu’ils doivent trouver à manger à se protéger, à tout prix.
Des propos haineux, qui parlent des « voleurs », des pillages, circulent ; ils en appellent au gouvernement pour envoyer l’armée, plus de gendarmes, de policiers, pour faire régner l’ordre, pour combattre l’insécurité.
Retailleau, ministre de l’intérieur toujours en fonction, est sur cette position, ajoutant qu’il fallait poursuivre la politique de fermeté « contre l’immigration illégale ». Il se met dans les pas de celle que Darmanin avait mis en œuvre avec l’opération Wuambushu de 2023, et que le RN et ses élus veulent poursuivre et durcir.
L’Etat colonial français a délaissé depuis des années Mayotte, plongeant la majorité de la population toujours plus dans la misère et la précarité et envoyant des escadrons de gendarmerie pour empêcher des explosions sociales.
Il a toujours refusé de construire de l’habitat populaire pérenne, laissant se développer l’habitat précaire, qu’il qualifiait lui-même « d’indigne ». Un habitat qui ne pouvait pas résister à un cyclone.
L’Etat colonial doit secourir cette population en danger vital.
Paris le 18 décembre 2024
Parti Communiste des Ouvriers de France