Les régimes réactionnaires du Golfe, alliés de l’impérialisme US, soutiennent les militaires soudanais qui répriment le mouvement révolutionnaire. En effet, l’armée a tiré sur les manifestants à Khartoum.
Le puissant mouvement populaire au Soudan a abouti, le 11 avril, à la mise à l’écart d’Omar al Bachir, le militaire autocrate au pouvoir au Soudan. Devant l’ampleur de la mobilisation sociale, sa détermination, son caractère national… les militaires soudanais ont préféré écarter leur ancien chef, pour essayer de gagner du temps et éviter que le système mis en place, avec ses alliances internationales, ne soit balayé.
Le mouvement révolutionnaire est dirigé par un regroupement : le front des « forces pour la liberté et le changement » FFC, composé de plusieurs forces (syndicats, associations, mouvements de femmes, partis politiques, dont certains sont regroupés dans un front « des Forces nationales). Il a, face à lui, le Conseil militaire de transition. Ce dernier fait traîner les discussions autour d’une transition politique qui mettrait l’essentiel des rouages politiques entre les mains des civils. En fait, les militaires ne veulent pas lâcher le pouvoir.
Le mouvement populaire a maintenu la mobilisation, notamment à travers les immenses rassemblements devant le QG de l’armée dans la capitale, Khartoum. Ces dernières semaines, la situation s’est tendue, avec des tirs de soldats, de miliciens, sur les manifestants, faisant des morts. Un pas supplémentaire était franchi, avec l’organisation d’une manifestation, aucunement spontanée, le 31 mai, dans la capitale, sur le thème du « soutien à l’armée et à l’Islam ». Venus de la campagne, les manifestants étaient visiblement venus à l’appel de certains leaders religieux et surtout de secteurs de l’armée.
Le chef du « conseil militaire de défense », le général Fattah, venait de faire la tournée des capitales des Etats membres de la coalition menée par l’Arabie saoudite et ses alliées, les monarchies du Golfe, ainsi que l’Egypte, dirigée par al Sissi. Le Soudan est membre actif de cette coalition et l’armée soudanaise est très présente au Yémen. Comme l’a dit un haut responsable saoudien, « la sécurité et la stabilité au Soudan participent de la sécurité et de la stabilité en Arabie Saoudite ». Outre cette coopération militaire, la monarchie saoudienne a beaucoup investi dans l’agriculture, le BTP, les télécoms, au Soudan.
Autrement dit, les régimes réactionnaires du Golfe, alliés de l’impérialisme US, ont donné leur aval à la répression du mouvement révolutionnaire au Soudan, « par peur d’une contagion », mais aussi par peur d’un changement de rapport de force qui résulterait d’un retrait du Soudan de la coalition contre le Yémen. Ils s’inquiètent de la montée de mots d’ordre, dans le mouvement révolutionnaire, qui rejettent ouvertement l’aide de Ryad, qui dénonce l’ingérence de l’Egypte…
L’impérialisme US est sur la même position que celle des ses alliés.
En ne mettant pas un terme aux livraisons d’armes à l’Arabie saoudite et aux Emirats, l’impérialisme français et directement impliqué dans la salle guerre au Yémen et se rend de fait complice de la répression du mouvement populaire, révolutionnaire au Soudan.
Nous dénonçons la réaction qui veut étouffer dans le sang l’aspiration au changement qui s’exprime depuis des mois au Soudan.
Nous affirmons notre solidarité avec le peuple du Soudan dans son combat pour le pain, la justice, la liberté.
Nous dénonçons le soutien des puissances impérialistes aux militaires soudanais et à leurs alliés.
Nous reproduisons la déclaration de la Voix démocratique du Maroc.
Sur les massacres des manifestants pacifiques par le conseil militaire au Soudan
Les forces du conseil militaire ont lancé une attaque sanglante contre les manifestants rassemblés devant le quartier général des forces armées. Cette attaque a été menée par le conseil militaire et les milices du régime de Bachir qui ont tiré à balles réelles et ont violemment dispersé les manifestants. Le nombre de morts ne cesse d’augmenter alors que le nombre de victimes n’est toujours pas connu.
L’escalade de cette violence révèle le véritable visage du conseil militaire et ses manœuvres contre révolutionnaires. Après avoir obtenu le soutien politique et financier des régimes impérialistes et des régimes réactionnaires d’Arabie saoudite, des Emirats et de l Egypte, il passe à l’étape suivante pour éliminer la révolution et plonger le pays dans la violence réactionnaire.
Nous exprimons notre solidarité inconditionnelle avec la révolution et les peuples du Soudan, conduite par les forces du changement, pour la liberté.
Nous condamnons fermement le conseil militaire qui représente le camp de la contre révolution.
Nous dénonçons l’ingérence réactionnaire et impérialiste dans la révolution soudanaise.
Nous appelons les forces démocratiques à exprimer leur solidarité et leur soutien à la révolution soudanaise, pour la défense de la paix et l’arrêt du bain de sang mené par le conseil militaire contre les aspirations à la liberté et la justice sociale des peuples du Soudan.
La Voix démocratique, Rabat, le 6 juin 2019