Tunisie : Solidarité avec le combat de Radhia Nasraoui en grève de la faim

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Radhia Nasraoui en grève de la Faim contre la levée des mesures de protections dont bénéficiait jusque là Hamma Hammami, porte-parole du Front Populaire de Tunisie

Depuis le 11 juillet Radhia Nasraoui, avocate, Présidente de l’organisation contre la torture en Tunisie et membre du sous-comité de lutte contre la torture de l’ONU, a entamé une grève de la faim à son domicile pour protester contre la diminution du niveau de protection dont bénéficiait jusqu’à lors son mari Hamma Hammami, porte-parole du Front Populaire de Tunisie et Secrétaire général du Parti des travailleurs.

Depuis l’assassinat du dirigeant du Front Populaire Chokri Belaïd en février 2013, Hamma Hammami avait été placé sous la protection rapprochée de la garde présidentielle.

En mai de cette année, le niveau de sa protection n’est plus assuré que pour ses déplacements officiels et les meetings auxquels il participe. Cette mesure unilatérale prise par la Présidence, désigne de fait le camarade Hamma Hammami comme étant la nouvelle cible à abattre, après les assassinats de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi (également dirigeant du Front populaire).

Comme nous l’a expliqué Radhia lors de la vidéo conférence organisée par les amis du Front populaire le 5 aout à Paris: « puisque la présidence a refusé de répondre à mes questions : est-ce que la situation sécuritaire de mon mari et de ma famille s’est améliorée qui pourrait justifier une modification des dispositions de protections ? Sinon : quelles sont les raisons qui justifient leur levée ? J’ai entamé cette grève de la faim contre cette décision qui met la vie de Hamma en danger ». Ajoutant: « les assassinats de Chokri et Mohammed auraient pu être évités si les autorités avaient pris leur responsabilités ».

Le 11 août, Radhia, sur demande des médecins, a été hospitalisée. Elle est ressortie de l’hôpital et continue sa grève de la faim toujours à son domicile. Un mouvement de solidarité en Tunisie et au niveau international autour de ses exigences s’organise.

Comme vient de le déclarer un des dirigeants du Front Populaire : « la cause de Radhia est celle de tous les démocrates. Elle est juste et sa revendication est légitime: la protection sécuritaire et les autres services fournis par l’Etat ne doivent pas se limiter à une junte au pouvoir, à leurs acolytes et à leurs familles mais elles doivent être accordées équitablement entre les citoyens quelle que soit leur origine sociale et leurs orientations politiques ».

Le 8 août une délégation au nom des associations, organisations politiques (dont notre parti) qui avaient pu s’entretenir avec Radhia à l’occasion de cette vidéo conférence du 5 août, ont remis la déclaration ci-dessous à l’ambassade de Tunisie.

 

Lettre à Monsieur l’Ambassadeur de Tunisie à Paris

Monsieur l’Ambassadeur,

Nous, militants associatifs, syndicaux et politiques  réunis ce jour 5 août 2017 à Paris, avons été surpris et indignés par le retrait de la protection rapprochée par la garde présidentielle dont bénéficiait Hamma Hammami, Porte-Parole du Front Populaire de Tunisie et Secrétaire Général du Parti des Travailleurs, depuis le mois de juin 2017.

La mise en place d’une protection limitée dépendant du Ministère de l’Intérieur, ne couvrant que les déplacements « officiels » et les « réunions publiques » de l’intéressé laisse la porte ouverte à tous les dangers pendant le temps non couvert par cette protection occasionnelle.

Nous tenons à vous rappeler ce qui suit :

Le Front populaire à déjà déploré la perte de deux de ses grands fondateurs et dirigeants, lâchement assassinés en plein jour devant leurs résidences respectives :

– Chokri Belaïd a été assassiné le 6 février 2013 en sortant de chez lui,

– Mohmed Brahmi a été assassiné le 25 juillet de la même année, jour de la fête nationale de la République , également devant son domicile.

C’est pour éviter la répétition de ces tragédies nationales qu’une décision a été prise d’instaurer une protection rapprochée, 24 heures sur 24, autour de Hamma Hammami particulièrement menacé par les ennemis de la révolution, de la démocratie et de la liberté et qui, à la solde des puissances étrangères et de leurs représentants locaux, ont plongé le pays, ces dernières années, dans le sang et les larmes, tuant et blessant des membres des forces de sécurité, des citoyens et des touristes étrangers en visite dans le pays.

Or, depuis le mois de mai dernier, cette protection rapprochée a été retirée alors que le danger n’a pas disparu et que le pays est toujours, officiellement et dans les faits, en butte aux assauts des terroristes armés et financés par les ennemis de le Tunisie, de la révolution et de la démocratie.

Pour protester contre cette nouvelle situation pleine de dangers, mettant en cause sa sécurité, celle de son époux et de sa famille et pour rappeler le Droit constitutionnel à la vie sereine et à la protection de l’État, Mme Radhia Nasraoui, avocate et militante des droits de l’Homme, a décidé d’entamer une grève de la faim depuis le 11 juillet dernier.

Vu son âge, sa vie militante et les actions qu’elle a longuement menées contre le despotisme et la dictature, la santé de Mme Radhia Nasraoui est aujourd’hui d’autant plus exposée et fragilisée.

Nous voudrions vous rappeler, Monsieur l’Ambassadeur, que la protection de ses citoyens, et en particulier ceux qui sont les plus exposés au danger, est un devoir impérieux de l’État en vertu de la Constitution tunisienne, comme en vertu des traités internationaux dont la Tunisie est signataire.

Toute soustraction à ce devoir, outre sa dimension immorale et inhumaine, est considérée par le doit national et international comme non-assistance à personne en danger.

La Tunisie ne peut pas supporter un autre assassinat politique. Il est de la responsabilité de l’État de prendre les mesures nécessaires pour prévenir que cela n’arrive, y compris la protection rapprochée des personnalités dont il est avéré qu’elles sont la cible de projet d’actes terroristes.

L’État tunisien est la propriété du peuple tunisien et aucun gouvernement ni aucun parti politique n’a le droit de l’utiliser contre aucun citoyen tunisien et surtout pas contre ses adversaires politiques, mentalité et pratiques qui relèvent du système despotique, dont le pays a longtemps souffert.

Pour toutes ce raisons, nous protestons énergiquement contre cette situation faite à Hamma Hammami, à sa famille et au Front Populaire de Tunisie.

Nous y voyons un moyen de chantage politique à la veille des élections municipales et une forme de pression exercée sur le Front Populaire et ses dirigeants.

Nous demandons la restitution de la protection rapprochée de Hamma Hammami et de sa famille et tenons le Président de la République et le chef du gouvernement tunisien pour responsables de toute atteinte à sa vie et à sa sécurité ainsi qu’à celle des siens.

Paris, le 5 août 2017