Nous reproduisons l’appel intersyndical, signé par toutes les organisations syndicales et appelons à mobiliser pour cette première initiative de riposte unitaire.
En bas de ce texte, nous reproduisons l’article de La Forge de janvier, « non à la retraite à 64 ou 65 ans.
Non à la retraite à 64 ou 65 ans !
Mardi 10 janvier, le contenu du projet de loi sur la énième contre-réforme des retraites est mis sur la table. Fin du faux suspense, vu que l’essentiel est déjà connu. Après avoir échoué à imposer sa retraite à points en 2019/2020, E. Macron revient donc à la charge pour, cette fois-ci, s’en prendre directement aux 62 ans, âge légal du départ en retraite, pour le porter à 64 ou 65 ans.
Le MEDEF est bien évidement pour, mais se fait discret. Trop content de cet allongement de la durée du temps de travail à peu de frais qui va permettre de gonfler un peu plus les profits.
Avec le gouvernement, il a à cœur la nécessité de « sauver » le système par répartition qui, comme à chaque contre-réforme (c’est la 8e) est, selon eux, menacé de s’effondrer. E. Macron, le 31 décembre, y a consacré une bonne partie de son allocution : « l’objectif est de consolider nos régimes de retraite par répartition qui, sans cela, seraient menacés, car nous continuons de financer à crédit ». Mais dans sa campagne électorale de 2022, il a dit aussi que cette réforme servirait à financer « d’autres dépenses ».
Selon les projections du ministère du travail lui-même, le recul de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans pourrait générer 32 milliards d’économies à l’horizon 2035 ! De quoi financer effectivement « d’autres dépenses » ! Pour E. Borne, « c’est un système (de retraite) dans lequel nos actifs financent les pensions des retraités… or nous vivons plus longtemps donc le nombre d’actifs rapporté au nombre de retraités ne cesse de baisser ».
A la question sur le nombre de seniors encore au travail au moment de leur retraite (seul un 1/3 des 60/64 ans étaient en emploi en 2021), E. Borne répond que la réussite de la réforme passera par le maintien dans l’emploi en fin de carrière (?!). Et pas question d’augmenter les cotisations sociales (celles des patrons) pour « sauver le système », car elle ne veut pas « augmenter le coût du travail ».
Bref, en face tout est dit avec la mauvaise foi qui les caractérise, mais ils ont en charge les intérêts du Capital et, cette fois-ci, ils voudraient bien arriver à faire passer leur réforme, dite paramétrique (recul de l’âge légal), à défaut d’avoir pu faire passer celle dite systémique (retraite à points).
Pas la peine de s’égosiller pour faire des propositions ou se placer sur le terrain « d’une autre réforme des retraites ». Le seul axe de lutte qui vaille, c’est d’engager la bataille pour dire « Non ! » au recul de l’âge légal de départ en retraite.
Difficile de dire comment va s’établir le rapport des forces dans la bataille qui vient. Une chose est sûre, E. Macron et son gouvernement veulent aller vite pour essayer de prendre de vitesse le mouvement social et arriver à faire passer leur projet de loi au parlement avec l’aide de la droite ou en passant en force avec un nouveau 49/3.
Fait rarissime, toutes les organisations syndicales sont sur le pied de guerre contre ce recul annoncé de l’âge légal. Jusqu’à la Cfdt qui, vent debout, adresse à ses équipes du matériel en veux-tu en voilà pour un maximum de visibilité dans les manifestations à venir. Le soir de la présentation du projet de loi par E. Borne, toutes les organisations syndicales se réunissent pour arrêter définitivement les dates des journées interprofessionnelles de grève et de manifestations contre le projet de loi. Déjà, des préavis pour couvrir la semaine du 16 au 20 ont été déposés. D’autres le sont sur la question des salaires le 13 janvier comme à la RATP. De leur côté, le même soir, les partis de la gauche parlementaire vont tenir meeting.
Si, dans la dernière période et encore maintenant, la question des salaires était au cœur des luttes et des grèves et où sur les piquets de grève, « personne » n’évoquait la question de la retraite, après le 10 janvier, la retraite et la contre-réforme va parler à tout le monde ! Inévitablement, cela va venir coiffer pendant un temps les mobilisations en cours sur la question des salaires, mais cela ne va pas les étouffer pour autant pour peu que le mouvement arrive à s’installer un tant soit peu dans la durée. L’augmentation des salaires, c’est une question de survie, là maintenant. Comment pourrait-on lui opposer la question des retraites et inversement. Sans compter avec tous les autres fronts de lutte (assurance chômage, santé, éducation, logement, travailleurs sans papiers…).
Dans les semaines qui viennent, cette contre-réforme des retraites peut être la « grosse goutte » qui va exacerber toutes les colères.
La Forge 646, de janvier 2023