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Les résistances se multiplient et s’ajoutent les unes aux autres

Nous commençons cette année en tirant un bilan politique de 2022 et des grandes tendances qui l’ont marquée. Sur le plan national, il y a le mouvement de grèves pour l’augmentation des salaires, qui a traversé toute l’année et qui se poursuit. Il y a aussi les mobilisations dans l’éducation, la santé, les transports publics qui cumulent bas salaires, conditions de travail pénibles, horaires flexibles et surcharges de travail liés aux rendez-vous sportifs qui déplacent des milliers de personnes sur des réseaux déjà saturés. Ce numéro tire des enseignements de ces mobilisations qui montrent que les travailleurs « ne lâchent pas », qu’ils résistent au chantage du gouvernement et des patrons qui essaient de dresser les usagers contre les grévistes. Ça ne marche pas, car ces combats sont vus comme légitimes. Et parce que la détermination de ceux et celles qui se battent est forte. On se bat pour gagner, car il est nécessaire d’arracher des augmentations pour vivre et faire vivre les proches. Les hausses de prix vont continuer et aucun article n’y échappe, même ceux qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’augmentation du prix de l’énergie.

Les contre-réformes se sont succédé, avec l’appui de la droite, ou avec le 49.3 à répétition. En ligne de mire, celle à laquelle Macron tient particulièrement, celle qui veut liquider le seul acquis qui reste de 1981, à savoir l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans : déjà fixé à 62 ans depuis 2010 (pour les personnes nées à partir de 1955), Macron et son gouvernement voudraient le repousser à 64 ou 65.

Une partie des partisans de ce recul social en sont encore à chercher les « éléments de langage », alors que l’objectif premier est de retirer des milliards aux retraités pour les mettre à disposition des monopoles profiteurs de la hausse des prix des produits de grande consommation, de l’augmentation du parc nucléaire, des profiteurs de la guerre qui vendent toujours plus d’armes et investissent déjà dans les projets de reconstruction des villes et des infrastructures bombardées. Parmi eux, il y a aussi ceux qui se sont enrichis en construisant des stades au Qatar, sur les cadavres des ouvriers immigrés, en respectant le code du travail qatari, promotionné par des parlementaires européens corrompus. Macron s’est joint à cette apologie nauséabonde. Il faut dire que le porte-parole de l’oligarchie ne peut rien refuser à cette monarchie réactionnaire qui investit des milliards dans les monopoles en France, achète des armes, des produits de grand luxe et vend du gaz naturel. Dire que l’inamovible ministre de l’économie ne sait toujours pas qui sont les « profiteurs de la crise » et ne voit pas d’intérêt à les taxer !

La bataille contre le projet de réforme de la retraite ne doit pas s’enliser dans des débats sur les « alternatives » à opposer, mais doit se fixer quelques mots d’ordre clairs, compréhensibles par le plus grand nombre, pour mettre le plus de monde possible dans la rue, dans la grève, pour faire reculer le gouvernement.

Cette bataille ne se substitue à aucune autre : les résistances se multiplient et s’ajoutent les unes aux autres.

Sur le plan international, c’est toujours la guerre inter-impérialiste en Ukraine qui jette son ombre sur l’Europe et plus encore. Elle s’exporte dans les Balkans, où les nationalismes sont à vif. Cette guerre est un dangereux creuset pour pousser les nationalismes, alimenter les haines et creuser des fossés entre des peuples qui vivent côte à côte. C’est aussi un accélérateur de la militarisation de chaque pays et des alliances militaires qui se renforcent, comme on le voit avec l’Otan érigé en donneur d’ordre et en chef d’orchestre des armées des Etats d’Europe. En Russie, les pertes de jeunes soldats, dont Poutine veut augmenter le recrutement, alimentent la contestation de cette guerre qui n’a que trop duré.

Quant à la France, puissance impérialiste qui n’a jamais cessé de mener des opérations militaires, des guerres régionales, des « opérations extérieures », quel que soit le chef de l’Etat et la couleur politique de la majorité, elle tient aujourd’hui à se singulariser. Elle est la première à fournir des chars à l’Ukraine et envoie une batterie de missiles. Elle fait du canon Caesar le symbole de son engagement militaire du côté des forces ukrainiennes et envoie des chars Leclerc en Roumanie pour prendre le commandement d’un des dispositifs de l’Otan. C’est aussi pour payer l’accélération de la militarisation que le gouvernement veut réduire le « coût des retraites ».

Le peuple péruvien a fini l’année 2022 en manifestant et a repris les rues pour chasser ceux qui ont participé au coup d’Etat parlementaire orchestré par la droite et l’impérialisme américain. Il résiste à la répression et s’organise pour gagner. Il bénéficie de la sympathie et de la solidarité des peuples des autres pays d’une Amérique latine qui ont repris le chemin de la lutte, après les terribles années de la pandémie, contre l’oligarchie locale, soutenue par l’impérialisme. En Iran, la mobilisation des femmes, des jeunes, des travailleurs, de tout le pays, a dépassé le cap des trois mois malgré la répression féroce du régime, de plus en plus isolé. « Femme, vie, liberté » est le mot d’ordre qui les rassemble.