23/3 : Votée ou imposée par le 49.3, la réforme des retraites, c’est toujours Non, Non aux 64 ans, retrait de la réforme

Jeunesse révoltée, classe ouvrière organisée
22 mars 2023
« Darmanin ne fera pas sa loi ! » Paris, Grenoble
26 mars 2023

Les puissantes manifestations du 23 mars, plus de 3 millions, sont la réponse des ouvriers, des travailleurs et de la jeunesse au 49.3 du gouvernement Borne pour faire passer la réforme à l’assemblée nationale, à l’intervention de Macron, avec ses provocations, ses attaques contre les manifestants – « la foule » – et sa détermination à imposer « l’ordre » contre les « factieux »,après une semaine de mobilisations, de blocages, de manifestations, de jour comme en soirée, dans toutes les villes.

L’exigence du retrait de la réforme, le « non aux 64 ans », ont pris une nouvelle force et dimension, avec la colère contre la façon de l’imposer, contre la volonté très largement majoritaire des travailleurs, des masses populaires et de la jeunesse.

Macron cristallise cette profonde colère, qui s’exprime de multiples façons, comme on a l’a vu à travers les innombrables panneaux, les slogans scandés avec force dans toutes les manifestations du 23 mars. Pour de plus en plus de manifestants, la contestation va au-delà de Macron, de son mépris de classe, de son autoritarisme. Toute la séquence « parlementaire » a mis en lumière le fait que les institutions sont totalement au service du système capitaliste, contre les travailleurs et le peuple, contre leurs intérêts. Qu’elles ne sont qu’un « miroir déformant » de la démocratie et de la volonté du peuple, et qu’elles ne garantissent que les intérêts de la minorité de possédants, de privilégiés.

C’est l’irruption de la jeunesse qui a été un des faits saillants de cette neuvième journée nationale appelée par l’intersyndicale

Des dizaines et des dizaines de milliers de jeunes, lycéens et étudiants – 150 000 rien qu’à Paris – ont animé les cortèges, apportant un nouveau dynamisme à la contestation sociale. Débarrassés du stress des épreuves du bac, les lycéens et lycéennes- très nombreuses – ont bloqué leurs bahuts (400 établissements ont été touchés d’une manière ou d’une autre) et sont venus ensemble aux lieux de manifs, en cortèges compacts. Derrière les banderoles, ils reprenaient en force les slogans qui détournent les propos provocateurs de Macron, ceux qui ont marqué les mobilisations précédentes et ceux qui expriment la solidarité avec les secteurs ouvriers en lutte. Les étudiants et étudiantes participent en nombre aux manifestations spontanées et quotidiennes qui ont suivi l’annonce du recours au « 49.3 », allant de piquets de grèves en piquets de grève.

De plus en plus de jeunes contestent « la société » dans laquelle Macron, son gouvernement, les patrons… veulent les obliger à vivre, sous la menace des matraques, dans la misère et même de la faim, dans la précarité.

Les jeunes sont les principales cibles de la violence policière, qui prend de l’ampleur. Arrestations massives, avec gardes-à-vue systématiques, bastonnades et gazages se généralisent : c’est la mise en œuvre du « maintien de l’ordre » et de la chasse « aux factieux » annoncés par Macron dans son interview.

Il est clair qu’une importante frange de la jeunesse est en train de se politiser, avec une radicalisation de la contestation touchant la société. Les références à mai 68 ou à la révolution, sont de plus en plus nombreuses sur les pancartes, les banderoles et les slogans.

Un grand nombre d’enseignants ont été dans les cortèges avec les jeunes, ou dans celui des UL et UD qui organisent les manifestations et initiatives locales souvent intersyndicales.

Soutien aux secteurs ouvriers en grève

Les secteurs en grève, énergie, sncf, éboueurs et traitement des déchets, étaient encore fortement représentés dans ces manifestations et très applaudis. Dans de nombreuses villes, les mobilisations en soutien avec ces secteurs se sont multipliées ces derniers jours, avec l’idée qu’il fallait aider au blocage, même partiel, de l’économie. Les distributions de tracts et les barrages filtrants sur les ronds points, aux péages d’autoroutes y contribuent. Les feux de palettes et de pneus à ces points de rendez-vous se généralisent.

L’intersyndicale a annoncé une nouvelle mobilisation pour mardi 28, pour dire « non aux 64 ans »

Macron essaie par tous les moyens de diviser l’intersyndicale, en focalisant sur la dénonciation des « violences » et évoquant des « chantiers » de discussion possibles. Ce sont d’ailleurs davantage quelques uns de ses ministres qui sont chargés de « tendre la main » aux syndicats, en promettant davantage d’écoute et de discussions, sur des thèmes comme celui du « partage de la richesse » ou le travail des séniors. Ils se gardent bien de préciser ce qu’a voulu dire Macron quand il a parlé, durant son interview, de la nécessité de « faire revenir à l’emploi celles et ceux qui touchent le RSA ». Cette idée déjà mise en œuvre dans plusieurs départements, revient à obliger les bénéficiaires à accepter n’importe quel « boulot », toujours mal-payé. Avec Macron, ce sera le cas notamment des seniors.

L’intersyndicale continue aussi à exister à la base, dans l’organisation des actions et du soutien aux foyers de grèves.

Le drapeau du parti a flotté dans les manifestations qui se sont succédé toute cette semaine. L’autocollant a continué à y être distribué et porté. Le 23, les camarades ont diffusé La Forge, le tract sur le 49.3 et dans quelques villes, ils ont commencé à faire connaître la déclaration des partis et organisations marxistes léninistes d’Europe, en solidarité avec le mouvement actuel.

En Italie, à Milan, Naples, Florence, Turin et Bologne, des manifestations de solidarité avec le mouvement des travailleurs ont eu lieu.

Les camarades de la Plate-forme Communiste ont diffusé la déclaration.

Nous avons donné la priorité aux compte rendus écrits et aux photos envoyés par nos camarades des différentes villes, pour cette journée de mobilisation qui a une importance particulière. Nous mettons en fin de ces texte, quelques uns des mots d’ordre et textes de panneaux révélateurs de la colère, de l’esprit d’offensive, de la détermination, sans oublier l’humour de ces expressions.

Le 23 mars, 12000 manifestants dans le Cher

Le Berry-Républicain titre « en masse dans la rue », « les opposants à la réforme ne veulent rien lâcher » avec un éditorial sur le « retour de flamme » de l’intervention provocatrice du président Macron.

Les manifestations dans le Cher ont  nettement progressé en nombre de manifestants avec 12 000 manifestants.

Le recours au « 49.3 » contre la majorité populaire opposée à la réforme, a conduit le QG de l’intersyndicale à démultiplier les actions de blocage tous les jours : feux de palettes suivant l’usage des piquets de grève à Bourges, occupation des rails, blocage du centre de tri des déchets à 5h et piquenique en forçant les barrière de la préfecture, blocage à 5h du matin du parc des bus RATP. Des manifestions à Bourges ont réuni des centaines de manifestants (1800 samedi) se terminant par un grand feu de pneus et palettes de la colère. Des manifestations du même type ont eu lieu à Vierzon et Saint Florent.

A Bourges, le 23 mars, le chiffre remonte à 8000  avec une intersyndicale plus confortée et unie que jamais dans l’union à la base et dans l’action dans un rejet majoritaire des 64 ans. avec la profusion de pancartes contre les 64 ans, plus de jeunes avec des pancartes portant le mot « révolution », plus de slogans des enseignants à 50 % en grève sur la question démocratique, « les syndicats à l’Elysée, les prolos à l’Elysée ». Des primo manifestants viennent grossir les rangs avec l’exigence de gagner le retrait. La manifestation s’est terminée par un feu de palettes et blocage du rond point de la place de l’Europe. L’accueil fait à l’autocollant de notre parti « Capitalisme broyeur de vie, 2 ans de plus c’est non » confirme une élévation de conscience du mouvement social.

A Vierzon une manifestation imposante de l’intersyndicale avec 4000 manifestants qui s’est terminée à la gare SNCF pour une occupation des voies et le blocage des trains;

A Saint Amand 650 manifestants et 100 à La Guerche.

Paris : manifestation compacte, dynamisée par les jeunes et déterminée dans le refus des 64 ans

Les nombreuses photos donnent le ton de cette 9ème manifestation.

En quelques mots : une « pré manif » très dense, mélangée et « calme » au départ.

Une démonstration de force de Solidaires, avec les différents cortèges des « Sud » (Santé, Rail, Finances, Social…) et celui d’organisations écologistes, derrière le camion d’Alternatiba, Attac, la Confédération paysanne, et de très nombreux nombreux cortèges de jeunes, lycées, étudiants, des avocats, et beaucoup de cortèges de chercheurs, de grandes écoles… Des associations qui n’avaient pas encore participé aux manifestations sont venues cette fois. Le Secours Populaire, qui tenait son stand pratiquement en face du nôtre avait aussi fait ce choix. Nous y voyons la volonté de ces organisations de participer à la protestation populaire, contre la réforme et contre la façon de l’imposer.

Dans l’important cortège de l’URIF CGT, les éboueurs, les travailleurs des centres de traitements de déchets ont été très applaudis, de même que les pompiers, les électriciens et les cheminots, dont beaucoup avaient participé aux actions sur les gares, avec d’autres secteurs en grève et les étudiants.

les médias ont focalisé sur les incendies de poubelles, les vitres d’abris bus explosées et les affrontements de jeunes black blocks avec les très nombreux policiers. Il fallait démontrer qu’il fallait « mettre de l’ordre ».

En tout cas, l’exigence du retrait de la réforme était la tonalité de cette manifestation qui a mis une partie du peuple dans les rues.

12 000 à Tours

C’était à nouveau une grosse mobilisation, 12.000 manifestants à Tours ce 23 mars selon la CGT, qui dépassait de beaucoup celles du 11 et du 15 mars. L’intransigeance et le mépris de Macron avec son 49/3 et sa surdité aux refus du bas peuple, ont ravivé les énergies. Une pancarte vue dans la manif: « puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple! ».  Malgré cela la manifestation s’est déroulée sans heurt.

Beaucoup plus de jeunes étaient présents dans tout le cortège. Les étudiants de la faculté des Tanneurs maintenaient le blocage de leur université depuis une semaine. Ils étaient nombreux dans la rue et déterminés. Les enseignant-e-s venant de l’Université mais aussi des écoles ou lycées des différents coins du département, Loches, Chinon, Amboise, Fondettes et bien sûr Tours… n’étaient pas en reste. On remarquait les salariés du privé avec SKF en tête venus en nombre, mais aussi, ceux d’Otis, d’Hutchinson, des laboratoires Chemineau de Vouvray (entreprise sous-traitante de l’industrie pharmaceutique de plus de 300 salariés). D’autres venaient de petites entreprises comme ceux de Gobel à Joué les Tours (fabricant de moules à gâteaux, les salaires sont de 1300 €, ils étaient 3 à faire grève sur 40). Etaient aussi présents les cheminots, en grève continue depuis le 7 mars, les salariés de l’énergie, des militants des organismes sociaux, beaucoup de fonctionnaires et salariés des services publics dont certains participent aux actions journalières organisées par l’intersyndicale. Un piquet de grève était maintenu devant la centrale nucléaire de Chinon et une coupure d’électricité a été faite en direction de la préfecture. Des rassemblements devant la préfecture et devant le commissariat ont eu lieu à la fin de la manif pour demander la libération de 5 jeunes qui avaient tagué le mur de la préfecture pour protester contre l’inaction climatique. Un groupe a terminé par une occupation de la gare de Tours.

Regain de mobilisation à Blois

Il fallait être partout en ce 23 mars, à Blois, la journée de mobilisation a commencé dès 6h du matin avec les jeunes du lycée Dessaignes qui avaient mis en place un blocus devant la porte principale et qui appelait leurs camarades à rejoindre le cortège au départ de la préfecture à 14h30.

A partir de 7h, c’était au tour des ouvriers de l’entreprise Borgwarner (anciennement Delphi) située sur le boulevard de l’industrie de se mettre en ordre de marche avec d’autres travailleurs de la métallurgie (Valéo, Hpi etc.) en direction du rond point du Cap’ciné.

Ce rond point est stratégique, il se trouve à la sortie de la quatre voies qui traverse Blois du Nord au Sud et à peine à un kilomètre de la sortie de l’autoroute A10. Un barrage filtrant y était organisé, annoncé par l’intersyndicale, en amont, obligeant le préfet et les forces de l’ordre d’anticiper des délestages et des déroutages des usagers ce qui a contribué au blocage massif des rues et artères périphériques et du centre ville. Dans une excellente ambiance avec de la musique, le sentiment partagé était que l’organisation de ce délestage avait entrainé un grand capharnaüm dans Blois.

Vers 10h, les syndicalistes de la Cgt sont partis devant le siège de l’UIMM pour continuer à distribuer des tracts et appeler à la manifestation de 14h30.

Au casse-croûte solidaire, on aura vu quelques routiers se mettre à l’arrêt et discuter quelques minutes, d’autres descendre pour partager avec les grévistes ce moment.

A la centrale nucléaire de St Laurent, une opération de filtrage des entrées était organisée et la production d’électricité dans le même temps était réduite de 600 MW.

Dans cette matinée animée, sur Romorantin, autour de 600 manifestants bloquent les trois ronds-points dans une ambiance festive, les travailleurs de Storengy (stockage de gaz) étaient présents, depuis le 7 mars, ils sont en piquet de grève H24 et leur délégué syndical CGT assure : « Pour peu que le mouvement s’amplifie encore, on va continuer jusqu’au retrait ».

Ce sont ces travailleurs organisés et déterminés qui après avoir fait presque un mois de grève pour les salaires entre juin et juillet 2022 en obtenant une prime et des revalorisations salariales, qui s’y collent ensemble à nouveau depuis plus de 3 semaines pour faire reculer le gouvernement, à l’image de ceux des raffineries.

Du côté de Vendôme, la mobilisation ne faiblit pas par rapport au 7 mars puisqu’en cette matinée du 23 on dénombrait autour de 3000 manifestants, dans le cortège on pouvait noter la présence de la Confédération Paysanne avec une fanfare installée sur un tracteur. Pour la première fois depuis le 19 janvier, un feu de palettes a eu lieu milieu de la N10, afin de mettre au feu une pancarte 49.3.

La manifestation à Blois était prévue au départ de la préfecture à 14h30. Le cortège s’est mis à grossir tout au long de l’avenue Maunoury pour arriver à 12 000 manifestants déterminés et remontés par l’utilisation du 49.3 et les propos de tenus par Macron au 13h de mardi.

Dans les rues de Blois, la nouveauté ce sont les lycéens et étudiants notamment ceux de l’INSA de la branche paysage, qui pour l’occasion ont créé un sticker sur lequel on pouvait lire « En 2023 Niquons l’Etat »

Si ce mot d’ordre est un tant soit peu décalé par rapport à celui de « 64 ans c’est NON », il reflète un sentiment profond de cette jeunesse qui n’en peut plus de cette société et qui veut la combattre.

Il y avait aussi la Confédération paysanne, plus représentée que dans les précédentes manifestations.

Il fallait ouvrir l’œil car les pancartes fleurissent et laissent quelques bons mots comme celle où il était inscrit « Quand les éboueurs font grève, les orduriers s’indignent ! »

Les manifestants sont déterminés, cette journée d’action n’était sûrement pas un baroud d’honneur.

A commencer par les ouvriers de Storengy qui viennent de reconduire la grève jusqu’à la semaine prochaine.

Pau

Enorme ! , encore plus énorme que les manifs précédentes. Décidément la retraite à 64 ans ne passe pas et le peuple d’ici comme partout se soulève farouchement contre.

24000 manifestants dans les rues de Pau et 20000 à Bayonne, et au-delà des rivalités entre les deux villes sur le plan du rugby, tout le monde s’est retrouvé uni pour crier sa grande colère. Syndicalistes, jeunes venus en nombre , employés et ouvriers de grandes et de petites boites, personnels de la santé, de l’éducation nationale, des institutions judiciaires, des administrations territoriales, des soins à domicile, des maisons de retraite, familles avec les enfants, à pied ou en vélo, tous étaient là, conscients de leurs responsabilités et déterminés à continuer les manifestations tant que Macron ne retirerait pas cette loi scélérate. Dans ce déferlement populaire l’ambiance était à la joie d’être si nombreux mais en même temps l’ambiance était aussi sérieuse et appliquée.

De nombreuses actions, tant au niveau du public que du privé, se préparent pour la semaine à venir ainsi que des blocages. Rendez-vous est pris pour mardi 28 pour une manif encore plus puissante.

55000 à Lyon et 3500 à Villefranche

Records battus depuis le début des manifs ! Le 49,3 et les interventions provocatrices de Macron ont encore fait monter les colères ! Le refus de la réforme est toujours aussi fort et la mobilisation se nourrit aussi de tout le contexte : l’exploitation et la surexploitation, la crise et la vie chère…, et la colère contre Macron et son gouvernement. Cortège très compact, énormément de pancartes d’expression individuelle, les gaziers et électriciens, la Confédération paysanne pour certains venus en tracteurs aux portes de la ville, beaucoup de jeunes, en plusieurs cortèges, beaucoup de boîtes du privé, …Beaucoup de chants, de sourires d’être ensemble et nombreux derrière une intersyndicale unie.

Grenoble

Acte 9 : La plus forte mobilisation de rue depuis le début de la contestation de la réforme des retraites : 55 000 personnes dans les rues de Grenoble, boostées par le 49.3 et la dernière intervention de Macron et ses déclarations sur « les factieux », « la foule » [pour ne pas dire la populace] qui manifeste « n’a pas de légitimité ». Sentiment grandissant chez les manifestants que le monde du travail, le peuple qui font vivre le pays ne compte pour rien et que « la démocratie » est taillée sur mesure par et pour les seuls possédants.

Si les actifs, les retraités étaient toujours là, nombreux, tout le monde a remarqué le nombre impressionnant de jeunes (grève dans plusieurs bahuts) en blocs compacts, dynamiques. Cela a galvanisé plus d’un.

Notre autocollant y a fait un tabac : tu en donnes à un, d’autres mains se tendent pour l’avoir, certains reviennent en redemander.

La manifestation s’est terminée place de la préfecture, occupée symboliquement pendant plusieurs heures dans un ambiance festive et fraternelle ; comme quoi la lutte, la résistance collective, affaire éminemment sérieuse sont source de joie aussi !

Continuation de la lutte, le lendemain : pas de train avant midi, piquet de grève à la Poste Chavant, chez les territoriaux de Grenoble, la Propreté urbaine, barrage filtrant sur l’A 41… 

Compte rendu des manifestations du 23 mars à Toulouse et dans la région

Une foule immense 150 000 personnes,  à tel point que le cortège avait commencé à s’avancer avant même l’heure de départ. Le 49-3 et l’allocution méprisante de Macron ont entraîné une participation massive des indécis qui ont sauté le pas. Beaucoup de cortèges organisés comme lors des précédentes mobilisations en semaine bien sûr, mais aussi une foule anonyme : on vient avec ses collègues, ses amis pour exprimer avec le mouvement le rejet de cette réforme.

Les blocages innombrables ont aussi bien préparé le terrain de la mobilisation. Nombreux-ses  participent tout azimut sur les rond points, lycées, dépôts, voies de chemin de fer, hôpital, etc. Que ce soit à Toulouse ou dans les villes périphériques des départements ruraux, le 49,3 et le discours de Macron ont mis le feu aux poudres. La réponse est un foisonnement d’actions et un regain de mobilisation.

Blocages sur Toulouse non exhaustif :

Airbus -500 personnes, intersyndicale, interpro sur les ronds points d’Airbus, RTE soutient l’action et coupe l’alimentation des chaînes de montage pour la plus grande satisfaction des ouvriers-res. Coupures en ville et sur certaines usines de la périphérie.

Il faut saluer au passage les travailleurs- ses de RTE qui sont en grève reconductible depuis plusieurs semaines et qui, après avoir réalisé des opérations « robin des bois » pour rétablir l’énergie aux plus démunis et aux boulangers dans certaines villes, ont conduit des opérations baptisées « sobriété énergétique » en coupant sporadiquement des lieux de production. Cela montre dans la lutte cette fois, comme nous l’avons analysé dans notre revue « Rupture » l’importance stratégique de ce secteur d’activité.

Rocade :Feux de poubelles interrompent la circulation

Muret : tous les ronds points de la zone d’activité ont été neutralisés avec palettes et feux de 6h à 9h30 avec forces militants venus tenir les barrages avec renfort de gilets jaunes. Forte mobilisation des travailleurs de Pierre Fabre. Des travailleurs d’une petite structure des environs viennent avec fenwick apporter des palettes, d’autres apportent café et croissants. Les gendarmes dissuadent les conducteurs plus récalcitrants qui s’emportent et laissent faire… Coups de klaxons pour approuver les actions.

CHU Purpan : Mobilisations devant le CHU.

Lycéens qui se rallient aux manifs.

Diffusions devant les entreprises petites ou grandes et sur les marchés.

ALCIS sous traitant Tisséo (transports urbain) opération blocage pour les salaires et contre la réforme des retraites.

SNCF :AG intersyndicale devant la gare et occupation des voies.

Voies navigables de France action sur écoulement des canaux.

Météo : action rond point

SGAMI : Plus surprenant ! Les employés SGAMI, syndiqués à la CGT ont appelé à filtrer le dépôt de matériel, carburant, équipements, de la police et des services du ministère de l’intérieur !

Les initiatives avant manif ont soudé les collectifs et ont conforté les militants dans leur démarche de blocage. Elles ont aussi entraînés les indécis et contribué à faire grandir la manifestation.

Éducation nationale

Un énorme cortège ce jeudi 23 septembre. Beaucoup de banderoles d’établissements. Dans plusieurs lycées, les enseignants et les élèves, parfois aussi avec des parents se sont retrouvés pour une AG ou un repas solidaire avant de partir ensemble en manifestation, ce qui a donné lieu à de nombreux échanges sur la réforme des retraites mais aussi sur la réforme du Bac, parcoursup, le SNU…

Détermination et colère profonde contre le pouvoir incarné par Macron.

Répression policière

Avant la fin de la manifestation, la police a dispersé la manif à coups de gaz lacrymogènes et charges policières avec flashballs, alors que des milliers de manifestants  défilaient dans le calme, parfois avec des enfants,. 

Plus de 50 interpellations dont 17 le matin avant une action, pour « rassemblement en vue de commettre une infraction », du coup garde à vue de 24h mais aucune charge retenue…

La violence s’est d’abord celle de ce pouvoir !

Dans les villes de zones rurales :

Muret 1500 personnes

Saint Gaudens

Un scénario qui s’est étendu à tous les départements

Agen 6000 personnes avec défilé des camions Enedis, participation massive de lycéens en tête de cortège.

Marmande 1400 manifestants.

Foix 18 000 manifestants.

Tarbes 24000 manifestants blocage du centre de tri postal.

Albi 10 000 manifestants.

Rodez 30 000 manifestants rocade bloquée.

Nous avons diffusé le journal et distribué les autocollants qui rencontrent du succès auprès des jeunes notamment mais pas seulement.

Aude

Dans le département de l’Aude la mobilisation est clairement montée d’un cran depuis le blocage du port pétrolier de Port-la-Nouvelle à l’initiative de la CGT de Narbonne la nuit du jeudi 16 Mars, jour du vote du projet de loi. De nombreux militants se sont relayés sur le piquet pendant 9 jours. Ils venaient de l’Aude et du département voisin des Pyrénées-Orientales ; syndiqués CGT, FSU, Solidaires, FO, paysans de la Confédération Paysanne, gilets jaunes, habitants, voisins … Le piquet a été évacué après l’envoi des CRS la nuit suivant la manif du 23 mars, qui étaient chargés de « sécuriser » ce point devenu stratégique après une tentative de blocage du dépôt pétrolier voisin de Frontignan (Hérault). Le piquet, initialement prévu pour durer une matinée, aura permis une expérience de blocage unitaire et organisé dans le temps, avec une forte présence des secteurs en lutte : Energie (Enedis surtout), Nucléaire (Orano), Postiers, Cheminots, Enseignants …

C’est dans ce contexte départemental que se sont tenues les mobilisations du 23 mars, marquées comme partout par un regain de mobilisation et une grande détermination suite au 49-3. Après de nombreuses manifestations en centre-ville de Carcassonne, la CGT a impulsé avec l’intersyndicale un déploiement et une manifestation dans la zone commerciale et industrielle : piquet de grève des postiers le matin au centre de tri, tractage sur la rocade, déploiement dans les commerces de la zone, blocage et repas à midi, puis une manifestation qui aura réunie presque 7 000 personnes. 

Un convoi escargot est arrivé sur place depuis Limoux et à Castelnaudary une manifestation le matin a regroupé une centaine de personnes. Les salariés d’ENEDIS, avec la CGT, ont organisé l’arrivée d’un convoi de véhicules bleus en tête de cortège qui a donné un caractère de lutte de classe à cette manifestation. Les cheminots ont été mis à l’honneur en tête de la CGT avec leurs fumigènes et pétards.

A Narbonne la gare a été bloquée le matin avec les cheminots, avant une manifestation estimée à 10 000 personnes l’après-midi !

Strasbourg : On ne lâchera pas !

Grosse manif, dense, colorée, très animée, très déterminée à poursuivre, une volonté de blocage. Orientée contre le 49.3 et toujours le refus des 64 ans. Les syndicats annoncent 30 000 personnes.

Le discours de Macron a énervé et révolté encore plus les manifestants qui l’étaient déjà par le recours au 49.3. Ils ont réagi à son mépris, son arrogance. Beaucoup ont ressenti son discours comme un outrage ; de plus son intervention s’est faite à 13h quand la majorité des salariés travaille. « La foule c’est le peuple. Le peuple n’est pas les députés. Ce gouvernement n’est pas pour le peuple mais pour les gros, les dominants ».

De nouveaux manifestants étaient là, pour la première fois. Et dans la manif, toujours les mêmes composantes, depuis 9 fois et même plus. Industries, services, commerces, hôpital, social, finance, éducation, bibliothécaires, étudiants et lycéens, jeunes travailleurs, …. On a pu voir de très nombreux panneaux, imaginatifs. L’imagination, la révolte, l’énervement, le désir d’expression étaient renforcés. Les étudiants d’Art Déco ont fait sensation en faisant déambuler d’immenses marionnettes, contre le 49.3 – Oiseau de malheur.

Des fanfares défilaient au rythme d’une musique entrainante. Une solidarité entre les couches des travailleurs s’est exprimée fortement. Un prof disant que travailler jusqu’à 64 ans n’est pas une sinécure mais que pour les ouvriers et d’autres métiers difficiles, c’est encore pire. Un autre dénonçant les épreuves anticipées du bac, « anticipation qui correspond aux plannings des patrons qui veulent avoir une liste d’apprentis et stagiaires dès le mois d’avril » déclare-t-il.

De nombreux slogans dont « La retraite à 60 ans, on s’est battu pour la gagner, on se battra pour la garder ! » et « Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, les femmes dans le précaire, de cette société-là, on n’en veut pas, on la combat » étaient repris massivement. Les manifestants ont également dénoncé l’attitude agressive de la police et le gazage des jeunes et des militants sur les quais, sur le campus universitaire les jours précédents.

Dans cette manifestation, les gens se sentaient légitimes et se « sentaient le peuple », uni et solidaire.

Notre parti a distribué le tract sur le 49.3 et les autocollants ont eu un grand succès. Quelques dizaines de La Forge ont été diffusés. Le message de solidarité de la CIPOML a intéressé des jeunes qui ont laissé leurs coordonnées pour pouvoir discuter lors d’un prochain rendez-vous de La Forge. Un camarade a aussi annoncé le salut et la solidarité de travailleurs de LIDL en Grèce.

Mulhouse : 10 000 manifestants dans la rue. A Colmar aussi la manifestation a été importante.

Dans d’autres villes, des manifs ou rassemblements auront lieu ce samedi, comme à Saverne.

Florilège de slogans, de textes vus sur les panneaux

« Tu nous mets 64, on te MAI 68 »

Nouveau depuis le 49,3 : « l’eau bout à 100°, le peuple à 49,3 »

« Violences institutionnelles, violences insurrectionnelles »

« Qui sème la misère, récolte la colère »

Contre Darmanin, par un cortège de femmes : « Darmanin, ministre des violences et du viol »

« Quand c’est non, c’est non ! »

« Prends l’argent aux milliardaires, pas à nos grands mères »

« Le fait que les pauvres puissent avoir des loisirs a toujours révolté les riches »

« Si la réforme passe en force, le peuple aussi »

« En grève, à plein régime »

« Louis XVI a été décapité, on peut recommencer »

« Nous sommes la foule, ET le peuple » (référence au discours de macron)

« Ton grand père, c’est mon stagiaire »

« Prof au bout du rouleau, 2 ans de + c’est Non »

« La Commune reFEUrira »

Lié à la répression

« Quand tout le monde sera en garde à vue, qui cotisera ? »

« Une garde à vue, peut être, mais jamais au garde à vous »

« Président des français, pas des Marchés »

« Sur les pavés, la rage »

« L’obéissance ou l’émeute, mon choix est fait »

« On ne battra pas en retraite », « Nous ne lâcherons rien » « 49,3 ou pas, on n’en veut pas »

« Ce que fait le gouvernement, les travailleurs peuvent le défaire par la grève »  

« Augmenter les salaires, pas l’âge de la retraite »

Et, dans plus en plus de cortèges

« Les jeunes dans la galère, les femmes dans le précaire, les vieux dans la misère, de cette société, on n’en veut pas et on la combat ».