Accord de la honte UE-Tunisie

Déclaration du 6ème congrès du Parti des Travailleurs – Tunisie
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Regard sur les faits importants du mois de juillet
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Des milliers de migrants meurent noyés chaque année

Le 17 juillet, les représentants de l’UE et le président de la Tunisie, ont scellé un accord qui porte essentiellement sur la politique de refoulement des migrants. L’UE sous-traite au régime tunisien sa politique de fermeture des frontières, en échange de quelques millions d’euros. Les objectifs sont clairement formulés : payer pour que le régime tunisien empêche le départ de bateaux de migrants des côtes tunisiennes, faciliter le renvoi de Tunisiens en « situation irrégulière » vers leur pays et des migrants originaires des Etats d’Afrique Subsaharienne, vers la Tunisie, qui les renvoie dans le désert aux frontières avec l’Algérie, la Libye. Cet accord, conclu avec le régime réactionnaire de Kaïs Saïed, autocrate qui décide de tout et réprime sans relâche toute forme d’opposition, condamne des milliers de migrants à périr en mer, car ils continueront à vouloir fuir la misère et les guerres, ou dans les déserts. Les dirigeants de l’UE le savent et sont donc responsables.

U Van den Leyen, la présidente de la commission européenne, entourée par G Mélonie, la dirigeante d’extrême droite qui est à la tête du gouvernement italien, ainsi que le premier ministre ultra libéral des Pays Bas, apportent leur soutien à Kaïs Saïed. L’UE veut conclure un accord du même type avec les dirigeants marocains et égyptiens.

Nous reproduisons ci dessous l’article de La Forge de juillet-août 2023

Tunisie : grand « marchandage » sur la vie des migrants

Le 11 juin, G. Meloni, présidente du Conseil italien, a accompagné la présidente de la Commission européenne, U. von der Leyen, à Tunis, pour rencontrer Kaïs Saïed. G. Meloni, qui a déjà fait deux voyages express en Tunisie, joue un rôle « d’intermédiaire » intéressé avec le régime tunisien, vu qu’un grand nombre de migrants partent des côtes tunisiennes et que les Tunisiens sont nombreux à s’engager dans les traversées très dangereuses, qui font des milliers de morts. Ces traversées ont augmenté de près de 300 % entre janvier et mai 2023.

La démarche engagée vis-à-vis de l’autocrate tunisien est un mélange de cynisme et de soutien au régime réactionnaire tunisien. Le responsable de la diplomatie européenne l’avait déjà laissé entendre en déclarant, en mars qu’il « était impératif d’éviter l’effondrement économique et social de la Tunisie », ce que U. van den Leyen a traduit par « la nécessité pour l’UE d’investir dans la stabilité et la prospérité ». En fait, la démarche de la chef de la Commission européenne rappelle celle de la troïka (Commission européenne, FMI, BCE) vis-à-vis de la Grèce, en 2015, où il s’agissait déjà d’imposer au gouvernement grec les conditions des banques et des marchés financiers, promettant des aides, des prêts… « en échange » de graves mesures d’austérité pour les travailleurs et le peuple de Grèce.

Cette fois, c’est le chantage à un prêt du FMI de 1,9 milliard, en échange de mesures antisociales, comme l’arrêt des subventions d’Etat à des produits de grande consommation. C’est, du côté de l’UE, une promesse d’aide de 900 millions d’euros avec une aide financière immédiate de 150 millions d’euros, en échange d’un contrôle plus strict des frontières, des plages, des eaux territoriales tunisiennes et l’accord au rapatriement des migrants tunisiens « irréguliers » qui vivent dans l’UE et des « citoyens d’Afrique subsaharienne, vivant en Tunisie, vers leur pays d’origine… ». La France n’est pas en reste. Darmanin, en visite à Tunis le 19 juin, a annoncé en grande pompe l’octroi de 26 millions d’euros d’aide à la Tunisie. G. Meloni négocie de son côté la possibilité de renvoyer les exilés déboutés de la demande d’asile « vers des pays sûrs », autrement dit d’obliger le gouvernement tunisien à réadmettre des déboutés qui n’auront fait que transiter par la Tunisie.

C’est un blanc-seing donné à la politique raciste déjà mise en œuvre par Kaïs Saïed qui organise la chasse aux migrants, le naufrage d’un canot au large de Sfax provoqué par les garde-côtes tunisiens, le 29 juin, en étant une nouvelle illustration. Un phénomène qui ne devrait pas s’arranger au vu des dernières sorties du président tunisien. Kaïs Saïed a réitéré le 26 juin son opposition à la présence de migrants subsahariens qui, selon lui,  « terrorisent » les citoyens tunisiens.

Les témoignages de ces dérives au large de la Tunisie viennent confirmer les alertes lancées par des ONG et associations humanitaires dès le mois de décembre. Dans une tribune, une cinquantaine d’entre elles dénonçaient la violence des garde-côtes pendant les interceptions en Méditerranée et déclaraient aussi ne pas considérer la Tunisie comme un lieu de débarquement sûr pour les exilés secourus en Méditerranée. Elles demandaient à l’Union européenne « de retirer les accords » passés avec les autorités tunisiennes en matière de lutte contre l’immigration clandestine. Une position soutenue par les forces démocratiques tunisiennes, notamment du parti frère, le Parti des travailleurs, qui dénoncent ces « marchandages » sur le dos des migrants tunisiens et subsahariens et organisent le soutien concret aux migrants.