Depuis quelques jours, les travailleurs, la jeunesse, les femmes, le peuple chilien uni est descendu dans la rue crier sa colère et son refus des politiques néolibérales qui ont creusé les inégalités et jeté des pans entiers de la société dans la précarité et la pauvreté. Si c’est l’augmentation du ticket de métro qui a mis le feu au poudre, les déclarations immédiates de président Piñera : « Nous sommes en guerre contre un ennemi puissant… qui a le seul but de provoquer le plus des dégâts possibles », qui, dans la foulée, a décrété le couvre-feu, ont renforcé et radicalisé le mouvement populaire.
Aux manifestations avec des casseroles se sont ajoutés des barricades et des pillages de magasins, d’hôtels de luxe, etc.
La cocotte-minute a explosé après 30 ans de violence sociale, d’injustice et de répression ; car chaque manifestation a été réprimée. Il est clair pour la majorité de la population que « l’économie libérale stable », celle des « Chicago boys » (1) s’est construite sur le creusement des inégalités de plus en plus criantes. Et mettre l’armée dans la rue face aux manifestants dans un pays qui a vécu 17 ans de dictature militaire est une immense provocation.
Rétropédalage de Pinera
Face à la montée en puissance de la mobilisation ouvrière et populaire, Piñera a dû rétropédaler : il a convoqué les partis politiques à une réunion de dialogue (à laquelle le PC et le PS ont refusé de participer). Il a annoncé des mesures sociales tout en demandant « pardon pour son manque de vision face à la crise sociale »
Les mesures annoncées sont :
– Diminution des rémunérations des parlementaires,
– Salaire minimum à 350 000 pesos
– Augmentation de 20% du minimum vieillesse
– Création d’un dispositif d’assurance maladie pour ceux qui n’ont pas d’assurance
-Diminution des prix des médicaments
Mais cela n’a pas suffit à calmer la colère.
Des syndicats de travailleurs, des étudiants, des organisations de la société civile se sont regroupés dans l’Unidad social del pueblo chileno (2).
Au cours de la conférence de presse organisée par ce front, les dirigeants et portes-paroles, hommes et femmes, ont fait leur autocritique concernant le manque d’unité et ont appelé à s’inspirer de l’exemple du peuple Équatorien.
Ils ont fait une déclaration commune et appelé à deux jours de grève (ce mercredi 23 et jeudi 24 octobre). Les dockers ont voté la grève.
Exigences du mouvement social
Les manifestants exigent que « Unidad social des pueblo chileno » soit invitée par Piñera pour discuter. Leurs revendications :
Augmentation conséquente du salaire minimum
Transports gratuits pour les collégiens et les étudiants
40 heures de travail hebdomadaires maxi
Retrait du projet de loi sur les retraites.
Non approbation de la réforme fiscale qui augmente les impôts pour les milieux populaires et protège les riches.
Dans plusieurs pays d’Amérique latine, en Europe, la solidarité internationale s’exprime par des rassemblements et des manifestation
Les indigènes en Équateur ont envoyé un message du soutien aux Chiliens.
Au Pérou, le rassemblement devant l’ambassade du Chili hier, appelée par des chiliens vivant au pays et des étudiants a été réprimé.
Des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs pays d’Europe, dont la France.
Notre parti est solidaire des travailleurs et du peuple chilien en lutte pour leurs exigences politiques et sociales.
Notes
(1) Nom donné à un groupe d’économistes chiliens des 1970, formés à l’université de Chicago et influencés par les théories de économistes néo libéraux. Ils ont travaillé pour la dictature de Pinochet.
(3) Unité sociale du peuple chilien, front regroupant : La centrale unitaire des travailleurs (CUT), la Coordinadora no más, AFP, Asociación Nacional Empleados Fiscales (ANEF), Confusam, Fenpruss, Colegio de Profesores, la Confech, Fenats, Cones, trabajadores portuarios y la Federación de Trabajadores del Cobre.