Espagne : « la Troisième République est une nécessité impérieuse »

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A l’occasion de l’anniversaire de la République, le 14 avril, le Parti Communiste d’Espagne (marxiste-léniniste) a publié l’appel ci dessous. Il s’inscrit aussi dans le contexte des prochaines élections municipales et dans les régions autonomes, dans lesquelles, le PCE(m-l) mettra en avant le drapeau de la 3ème République, avec le contenu donné dans ce texte.

Si à certains moments de l’histoire, la lutte pour la République a été avant tout une question de principes, cela fait longtemps qu’elle est devenue une impérieuse nécessité pour notre peuple. Gouvernement après gouvernement, les 45 dernières années ont démontré que le Régime Monarchique de 1978 n’est pas capable de garantir au minimum des conditions dignes pour les classes populaires. Pendant que l’oligarchie, avec à sa tête la famille corrompue des Bourbon, patauge dans le luxe le plus obscène, la corruption, l’inflation, le chômage et les budgets militaires asphyxient toujours plus notre peuple.

Les défenseurs de la Monarchie Parlementaire ne peuvent plus cacher plus longtemps la réalité ; les faits ont montré que la soi-disant souveraineté nationale invoquée par la constitution « sacrée » de 1978, est complètement soumise aux intérêts économiques de l’oligarchie financière européenne et aux intérêts militaires de l’impérialisme yankee ; tous deux nous entrainent dans la misère et la guerre pour la défense de ses privilèges de classe. Une autre farce est démasquée, celle de la fausse « séparation des pouvoirs » dans notre pays, ou celle de l’égalité devant la loi qui serait le porte-drapeau de « notre » démocratie parlementaire mais qui, en même temps, reconnait l’immunité juridique dont Felipe (dit « le préparé ») jouit tout autant que Juan Carlos « el campechano – ( le roi débonnaire) »[1].

Nous subissons les conséquences d’une inflation rendue insupportable par l’avarice des possédants qui font payer au consommateur la hausse des prix des importations pour conserver intacts leurs profits. Les entreprises qui produisent et vendent des produits de base encaissent des quantités astronomiques de profits tandis que les familles de travailleurs peinent à faire face aux prix qui leur sont imposés. Nous avons des services publics détruits par la privatisation, un taux de chômage des jeunes le plus élevé d’Europe, un problème gravissime d’accès au logement du fait de la spéculation immobilière, des pensions de retraites de misère qui sont constamment menacées de disparition … La liste pourrait s’allonger à l’infini.

N’oublions pas que bon nombre de ces problèmes sont le résultat de décisions politiques et de lois créées spécialement pour légaliser et protéger ces pratiques, telle la Loi 15/97, qui encourage la privatisation de la santé, ou le loi dite Loi Bâillon qui renforce les restrictions des droits et libertés, les lois sur l’argent public destiné au sauvetage des banques et jamais récupéré, sans parler des différentes contre-réformes du droit du travail.  Toutes ces questions ont fait l’objet de lois approuvées démocratiquement par les organes de représentation politique de l’État.

Tout ceci nous amène à une conclusion unique : il n’est pas de réforme possible dans le cadre étroit du Régime Monarchique de 1978. Chaque tentative d’avancer démocratiquement sur ce chemin s’est heurtée à la résistance des vieilles structures de pouvoir, comme on a pu le voir encore récemment, autour de la question de la réforme du pouvoir judiciaire ; ou bien elle est asphyxiées par la bureaucratie de l’Etat. Un seul exemple suffit : depuis 1977, plus de soixante-six Initiatives Législatives Populaires, ont été présentées au Congrès mais une seule a été retenue.

La seule alternative à cette situation bloquée, est la rupture avec la monarchie et avec le système politique taillé à sa mesure. Par conséquent, les organisations – et nous en faisons partie – qui appellent à cette rupture, expriment leur volonté de travailler à dépasser le Régime de 1978, pour le remplacer par un modèle politique et social au service du peuple souverain ; pour une démocratie réelle dans laquelle chaque fonctionnaire (en commençant par le Chef de l’État) devra répondre de ses actes ; dans laquelle les droits, les libertés et les besoins collectifs passent avant les intérêts privés ; dans laquelle la solidarité entre les peuples remplace la compétition et la guerre en guise de politique extérieure. Ce modèle est celui de la Troisième République.

Une République qui regarde vers le futur plutôt que vers le passé ; qui reconnait les erreurs de ses devancières et qui s’engage à ne pas les répéter ; qui se construit avec la maturité et la sérénité d’une société du XXIème siècle ; qui traite ses citoyens et citoyennes comme des personnes libres et égales plutôt qu’en sujets sous tutelle. Une République qui soit politiquement et économiquement indépendante des oligarques internationaux et qui renonce à la guerre d’agression comme politique extérieure. Enfin, une République du peuple et pour le peuple.

Pour cela, nous appelons à la constitution d’assemblées, de groupes, de collectifs ou cercles républicains de caractère populaire, partout où nous aurons la possibilité d’organiser un mouvement sérieux, stable et engagé, avec l’impérieuse nécessité de dépasser ce système dépassé et en crise permanente.

Nous appelons à lever le drapeau tricolore républicain dans chaque municipalité, chaque village, chaque ville, chaque centre de travail ou d’étude ; avec chaque parti, syndicat, assemblée populaire ou bien chaque collectif de quartier, et à partir de chaque lutte populaire, sociale ou professionnelle. C’est sur ce chemin que nous allons tous nous retrouver.

VIVE LA REPUBLIQUE !


[1] Felipe est le roi actuel est le fils de Juan Carlos qui, pour éviter de démissionner du fait de ses frasques et la corruption qui l’entourait, avait décidé de « prendre sa retraite » de souverain. En récompense, il a obtenu le titre de « roi émérite ».