Halte à la chasse aux migrants haïtiens

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à la frontière entre Haïti et la République Dominicaine

La situation sociale et politique qui règne en Haïti est catastrophique. Misère profonde, exactions des gangs maffieux, hausses des prix qui ne fait qu’aggraver la situation des larges masses, le tout, avec un gouvernement illégitime. La situation est encore aggravée par l’ingérence de l’Onu, qui protège le gouvernement et accuse les protestations et les mobilisations populaires d’être manipulées par les gangs. 45 organisations haïtiennes viennent d’adresser une lettre au secrétariat de l’Onu pour dénoncer ces agissements, pour que cesse le soutien qu’elle apporte au gouvernement illégitime qui pilote les gangs.

Cette situation complique la vie des migrants haïtiens qui vivent et travaillent dans le pays voisin, la République Dominicaine. Une véritable « chasse » leur est faite, pour les empêcher d’entrer dans le pays voisin. Des organisations de Martinique, notamment nos amis du CNCP dénoncent cette situation dans un communiqué dont nous publions de larges extraits.

Anniversaire 18 novembre 1803 – 18 novembre 2022

Chasses aux migrants et expulsions en République Dominicaine

« Ce 18 novembre est le jour anniversaire de la bataille de Vertières, qui vit en 1803 la défaite de l’armée française napoléonienne devant l’armée haïtienne menée par Jean-Jacques Dessalines, donnant naissance à la nation haïtienne et mettant fin à l’esclavage en terre d’Haïti. Cet anniversaire rend encore plus scandaleuses et inacceptables les images dramatiques, diffusées sur les réseaux sociaux et à la télévision, d’expulsions massives et de chasses aux migrant.e.s haïtien.ne.s en République Dominicaine. ESA Caraïbes (…) appelle la population martiniquaise à manifester sa solidarité et à apporter son soutien aux nombreuses associations, à la Martinique notamment, qui agissent en faveur d’Haïti. ESA Caraïbes (…) appelle les autorités françaises à la Martinique à prendre en compte cette terrible situation, à accueillir et traiter avec humanité les citoyen.ne.s haïtien.ne.s en situation d’exil, à suspendre les expulsions vers Haïti, et particulièrement à accélérer la régularisation des parents, dont la situation condamne leurs enfants à grandir dans l’insécurité, la précarité et parfois la violence. En ce jour anniversaire, n’oublions pas, pour citer Michèle D. Pierre-Louis, femme d’Etat haïtienne, qu’Haïti fut le “premier pays au monde à clamer (haut et fort) Black Lives Matter!”. »

La solidarité des camarades du PCT de République Dominicaine au peuple haïtien

Nos camarades du Parti Communiste du Travail, de République Dominicaine (PCT) développent un intense travail de solidarité avec le peuple frère de Haïti et ses organisations de lutte. Dans un article de son journal de septembre 2022 : « Non à l’intervention militaire en Haïti », le PCT indique notamment : « La solution est en Haïti même, et c’est pourquoi les puissances, les gouvernements de la région, et particulièrement les USA, doivent couper l’oxygène qui maintient en place un régime de facto, de plus en plus acoquiné à la délinquance de la pire espèce. » Dans la prise de position du Bureau Politique, sur la situation dangereuse qui se développe en République Dominicaine, sur fond de surenchères réactionnaires et racistes contre les migrants haïtiens, il est dit :

« (…) Le discours belliqueux du gouvernement contre la migration haïtienne est en train de flatter dangereusement des passions qui pourraient aboutir à l’émergence de groupes paramilitaires dans le pays, sous le prétexte de “défendre la souveraineté”, et dont les actions aboutiraient, en fin de compte, à menacer les conquêtes démocratiques et l’ensemble du peuple dominicain.

Pour que la République dominicaine exerce son droit à administrer l’immigration, il n’est pas nécessaire de mettre en avant le traditionnel discours de haine fanatique des néo-trujillistes (1)qui crée un climat d’hostilité propice aux dérapages que nous dénonçons.

(…) Des prises de position de type “pronunciamiento” (Déclaration de prise de pouvoir par l’armée ou toute institution contre le régime en place, ndlt) visent à disqualifier le pouvoir en place en l’accusant d’être incapable de “défendre la frontière”, en même temps que ce même pouvoir prive l’armée de droits à la libre expression et interdit des manifestations publiques pacifiques, comme on vient de le voir récemment, dans le Parc de l’Indépendance.

(..) Le PCT appelle tous les secteurs démocratiques du pays à prendre en compte le risque de ce danger. »

1. Du nom de Trujillo, dictateur du pays pendant une vingtaine d’années, au milieu du XXe siècle, protégé par les USA. Xénophobe, il a fait massacrer en 1937 plusieurs milliers d’immigrants haïtiens.