Justice pour A. Camara ! Halte aux contrôles qui tuent !

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 » Mercredi 14 juin, dans la banlieue d’Angoulême, un automobiliste a été tué par un policier, lors d’un contrôle routier. Il s’appelait Alhoussein Camara. Il avait 19 ans. Il était 4 heures du matin. C’était juste un jeune travailleur qui allait prendre son travail dans l’entrepôt d’un supermarché « 

Après la marche qui a rassemblé un millier de personnes samedi dernier à Angoulême, une manifestation a été organisée à Grenoble jeudi 22 juin, à l’appel de la communauté guinéenne. Les livreurs à vélo de l’association ADALI, qui compte de nombreux ressortissant guinéens y étaient actifs. L’Union locale CGT de Grenoble ayant apporté son soutien, certains portaient la chasuble « livreurs CGT ».

Beaucoup d’interventions, parmi lesquelles celle de notre parti, ont insisté sur le fait qu’il s’agissait d’un jeune travailleur qui se rendait à son travail pour embaucher à 4 heures du matin. La manifestation a été ponctué par ces deux mots d’ordre : « Justice pour Camara » et « Contrôles qui tuent, ça suffit ! »

11 organisations (syndicats, associations et partis politiques) ont apporté leur soutien au tract d’appel que nous reproduisons ci-dessous. Il a largement circulé sur les réseaux sociaux et militants et a été diffusé au point de départ de la manifestation et sur tout son trajet.

Le tract d’appel :

Justice pour A. Camara ! Halte aux contrôles qui tuent !

Mercredi 14 juin, dans la banlieue d’Angoulême, un automobiliste a été tué par un policier, lors d’un contrôle routier.

Il s’appelait Alhoussein Camara. Il avait 19 ans. Il était 4 heures du matin. C’était juste un jeune travailleur qui allait prendre son travail dans l’entrepôt d’un supermarché. On est loin du « délinquant » prêt à « commettre une tentative d’homicide » décrit par le syndicat de police Alliance !

  • Pourquoi a-t-il été contrôlé ? Soi-disant parce que sa voiture zigzaguait !
  • Il aurait refusé de s’arrêter : pourquoi a-t-il eu peur ?
  • Un policier qui a fait usage de son arme aurait été heurté aux jambes et « légèrement blessé ». Est-ce que ça méritait la peine de mort ?

La communauté guinéenne dont Alhoussein Camara était originaire a organisé samedi 17 juin une marche à Angoulême.  

Nous nous associons à la colère de la famille, des amis d’Alhoussein Camara et de tous ceux qui attendent que lumière et justice soient faites.

Ce n’est pas un drame isolé. En 2022, en France, 13 personnes ont été tuées par la police dans le cadre de contrôles de voitures. Cinq policiers ont été mis en examen l’an dernier dans le cadre de ces 13 dossiers.

Un triste bilan que les autorités et certains syndicats de police, largement relayés dans les medias, mettent au compte de comportements au volant de plus en plus dangereux.

Mais les chiffres et les faits parlent d’eux-mêmes : c’est à partir de la loi de février 2017 que le nombre des personnes tuées pour « refus d’obtempérer » lors d’un contrôle routier n’a cessé de grandir : + 33% dès 2017, + 50% l’année suivante …

Cette date correspondant à une modification dans la définition de la « légitime défense », avec la création de l’article L.435-1 du code de la sécurité intérieure (CSI).

Les policiers sont, depuis, autorisés à faire usage de leur arme « lorsqu’ils ne peuvent immobiliser, autrement que par l’usage des armes, des véhicules, embarcations ou autres moyens de transport, dont les conducteurs n’obtempèrent pas à l’ordre d’arrêt et dont les occupants sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui »

Particulièrement floue et difficile à apprécier dans l’urgence des opérations, la notion d’occupants « susceptibles de … » laisse la porte ouverte à toute les justifications de « légitime défense ».

Ceci, dans un climat de surenchères sécuritaires, de répression et de violences policières, notamment à l’encontre des mouvements sociaux, qui encouragent le sentiment d’impunité.

Dans ces conditions, le « refus d’obtempérer » devient un permis de tuer !

En hommage à Alhoussein Camara, pour que lumière et justice soient faites, pour dire halte à l’impunité et au permis de tuer :  
Retrouvons-nous nombreux Jeudi 22 juin 2023 à 18 heures Place Victor Hugo  

A l’appel de l’association ADALI (Association pour les droits et l’accompagnement des livreurs indépendants) et de la communauté guinéenne.

Avec le soutien de : Comité Traite négrière et esclavage (CTNE), Droit au logement (DAL38), Front uni de l’immigration et des quartiers populaires (FUIQP 38), Groupe féministe anti-fasciste de Grenoble, Ligue des Droits de l’Homme (LDH Grenoble-Métropole), Nouveau parti anticapitaliste (NPA 38), Parti communiste des ouvriers de France (PCOF 38), Parti communiste français (PCF-Fédération de l’Isère), Réseau de lutte contre le fascisme, Union des communistes libertaires (UCL), Union Locale Cgt de Grenoble. Union syndicale Solidaires 38

L’intervention de notre parti :

Alhoussein n’était pas un bandit, ni un dangereux terroriste.

C’était juste un jeune conducteur qui se rendait à son travail dans un supermarché, à 4 heure du matin, à l’heure où beaucoup de monde dort encore !

Nous sommes là, ce soir, aux côtés de nos camarades livreurs et de nos amis guinéens, pour dire notre solidarité et réclamer justice pour ce jeune guinéen qui travaillait dans notre pays et dont le décès vient encore allonger la lourde liste des personnes tuées lors de contrôles.

Nous sommes là en tant que militants politiques, syndicalistes, associatifs pour dire : « halte à ces contrôles qui tuent ! 

Ce ne sont pas des faits divers. Ce ne sont pas de malheureux concours de circonstances…

Ce ne sont pas des « bavures », mais le produit d’un système où la répression et les violences policières – un terme tabou qu’il ne faudrait pas évoquer ! –  deviennent des banalités.

Un système où des lois de plus en plus liberticides garantissent aux policiers une justification : « la légitime défense »…, et bien souvent l’impunité !

Ce système, nous en subissons tous les jours la violence :  au travail, dans la vie de tous les jours quand on a de plus en plus de mal à se loger, à faire ses courses….

Ce système est global et meurtrier, dans tous ses aspects :

  • Des migrants contraints de fuir le misère et les guerres meurent par milliers en Méditerranée ou sur les chemins de l’exil.
  • Des travailleurs sans papier sont surexploités et contraints de vivre dans la peur 
  • Les droits des migrants et des demandeurs d’asile sont bafoués par des lois de plus en plus réactionnaires et répressives…

C’est pourquoi nous disons « capitalisme broyeur de vies : ce système on n’en veut pas, on le combat ! »