Petit rappel : Actuellement il reste 28 personnes sur le site d’Obernai (67). De rachat en rachat (Supra vendu au fonds de pension Perceva – puis cédé au groupe Taurus), les patrons ont supprimé plus de 90% du personnel. Les luttes des salariés ont réussi il y a quelques temps à arracher un maximum à Perceva au moment de la cession de l’entreprise. Depuis des mois, la direction ne communique plus pour répondre aux inquiétudes de salariés sur leur avenir. Fin mai, les cadres dirigeants de Supra ont démissionné. Le 1er juin, la CGT a appelé à un mouvement de grève et de manifestation au marché d’Obernai, action qui a été un succès et qui a eu le soutien de la population. Finalement, le patron de Taurus a décidé de tenir le CSE du 21 juin et d’y envoyer des membres de leur direction.
La CGT a lancé un nouvel appel pour le mercredi 21 juin à 11h dans la cour de l’usine pour « accueillir la direction de Taurus. » Elle s’est adressée à l’USTM pour avoir du soutien à cette occasion.
La direction de Taurus évite la confrontation avec les salariés de Supra et rentre dans l’usine « avant l’heure », en catimini
Les ouvriers de la production sont sortis pour la seconde fois ce mois-ci et ont été rejoints par des employés de bureau. Devant l’entrée, la CGT avait déployé la banderole « Taurus doit payer pour l’avenir des salariés » et des militants CGT de Punch, de la CGT Agro, de l’UD et des camarades du Parti étaient présents pour soutenir le mouvement. Le délégué CGT de Supra a pris la parole et il y a eu beaucoup de discussions entre salariés et les militants présents.
Les salariés attendaient la venue de la « nouvelle » direction pour faire entendre haut et fort leurs revendications : « Embauche de personnel – Augmentation de 300 € pour tous ». Ce sont des cris de colère qui ont surgi lorsque les salariés ont appris que la direction refusait de parler aux salariés.
La direction était déjà sur place bien avant l’heure du CSE. Elle avait fait un petit tour dans l’usine en catimini, sans se présenter, pour ne pas avoir à répondre aux inquiétudes des salariés. Une attitude qui montre le profond mépris vis-à-vis des travailleurs et qui évite tout face à face avec les salariés.
Même si le patron a réduit les effectifs de manière drastique depuis le rachat et joue sur le pourrissement de la situation, la résistance des salariés a continué à s’exprimer par plusieurs mouvements. Face à cela, la tactique patronale consiste à laisser planer le doute pour essayer de démobiliser les luttes.
Lors du CSE ordinaire qui s’est alors tenu, la CGT a fait une intervention liminaire exprimant les préoccupations du personnel et ses revendications. Le CSE s’est alors poursuivi « comme d’habitude » en passant en revue les questions mises à l’ordre du jour. La direction ira même jusqu’à répondre aux questions très concrètes du quotidien (la photocopieuse en panne – les formations SST oubliées, etc.). Quand l’ordre du jour a été épuisé, la direction de Supra a sorti une lettre de convocation qu’elle a remise en mains propres aux élus : « Information/consultation concernant le projet de restructuration et de licenciement pour motif économique ». A l’échelle de Supra cela signifie un plan de grande ampleur puisqu’il concerne plus des trois quarts du personnel.
Les élus ont été interloqués et révoltés par la manière de faire et le profond mépris que cela traduit. Cela explique aussi l’entrée « dérobée » de la direction dans l’usine puisqu’elle venait avec un mauvais coup dans sa poche.
La CGT a alors expliqué la situation aux salariés, soulignant le cynisme de ce groupe qui promettait des emplois aux moments du rachat de Supra pour avoir l’aval du tribunal. Les responsables CGT ont aussi expliqué que ce qui intéressait Taurus était l’acquisition de la marque « Supra » (poêles à bois) pour faire plus de profits. Cette politique a été menée au détriment des travailleurs qui restaient sur le site et qui ont tout intérêt, aujourd’hui plus que jamais, à se mobiliser pour montrer leur détermination à défendre leurs intérêts.
La CGT déclarait enfin « qu’elle ne baissera pas les bras et qu’elle va discuter avec les salariés pour prévoir de nouvelles actions pour le 3 juillet, date de la réunion du premier CSE de procédure. »
Les travailleurs n’ont pas à faire les frais de la politique et des manœuvres de SUPRA/TAURUS.
(Suite au 3 juillet)