Min de Rungis : la grève des travailleurs sans papiers, pour leur régularisation, tient bon

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Lundi 20 mars, nous sommes dans le hall de l’immeuble de la Semmaris, société d’exploitation du Marché d’Intérêt national de Rungis (MIN), avec les 120 grévistes, travailleurs sans papiers en grève depuis le jeudi 16.

Le Min, ce sont 11 000 salariés, une « ville dans la ville » ; avec une poste, une pharmacie, des restaurants, des commerces…

Des militants syndicalistes des différentes structures de la CGT du Val de Marne (94), de l’Essonne (91), des Hauts de Seine (92), des représentants et élus du PCF, des militants LO, de notre parti, ainsi que des journalistes de l’AFP, de RFI, du Parisien, sont rassemblés pour une conférence de presse introduite par le secrétaire général de l’UD CGT 94, Cédric Quintin.

Dans son intervention, il citera les personnes et les organisations présentes, pour souligner l’importance du soutien que ce mouvement de grève a déjà suscité. Il a inscrit cette grève dans la continuité du grand mouvement des travailleurs sans papiers, notamment en 2008 et a rappelé que la loi Cazeneuve est revenue sur les critères de régularisation imposés alors.

Son intervention sera saluée par une salve d’applaudissements, en écho à son appel à « ne rien lâcher ».

Philippe Jalloustre, responsable du collectif migrants de l’UD CGT 94 reviendra en détail sur le travail de préparation de cette grève, mené depuis des mois, pour « construire » cette mobilisation, « décidée par les travailleurs sans-papiers », dont il a souligné le courage. C’est ce travail en amont qui a fait que les grévistes ont envahi le hall de la tour, à 6h tapante, avec le soutien des militants de l’UD, de l’UL de Rungis, de l’USI (union syndicale de l’intérim)…

Trois quarts plus tard, un premier contact était pris par le cabinet du préfet du 94.

« Depuis, quatre réunions se sont tenues avec les autorités ». Une réunion devait se tenir à 17h, dans cette même tour, « avec toutes les parties concernées », à savoir, la préfecture, les responsable de la Semmaris, des représentants des agences d’intérim, l’inspection du travail et les structures de la CGT (UD, collectif confédéral de la CGT).

 

Les revendications sont claires : un récépissé autorisant le travail pour tous les 120 grévistes, délivré par la préfecture, et pour cela, il faut que les employeurs remplissent les CERFA (engagement à embaucher les salariés concernés). « Les dossiers sont prêts » souligne Philipe Jalloustre, pointant les piles de dossiers qui sont sur les tables de cette salle qui retentit des slogans des grévistes. « On ne sortira pas d’ici sans ces documents », conclura t’il, avant de lancer le mot d’ordre repris à pleins poumons par les grévistes et tous les militants présents : « on bosse ici, on vit ici, on reste ici, régularisation de tous les travailleurs sans papiers ».

 

Les journalistes poseront quelques questions, suivis par trois interventions : celle de Christian Favier, président (PCF) du conseil départemental du val de Marne, qui insistera sur l’importance du MIN et qui apportera le soutien des élus PCF. Le représentant de l’USI prendra également la parole, pour apporter le soutien de son syndicat à ces travailleurs sans papiers, dont la très grande majorité sont des intérimaires. « Nous vous accompagnerons pour que les patrons respectent leurs engagements » lancera t’il.

Le camarade Raymond Chauveau, ancien responsable confédéral CGT pour la question des travailleurs sans papiers, interviendra pour souligner ce que signifie pour ces travailleurs maliens, sénégalais, de se mettre en grève, eux qui soutiennent financièrement leurs familles au pays : « ils ne pourraient pas le faire sans leur soutien ».

Le secrétaire de l’UD reprendra la parole pour insister sur le rôle de la CGT dans le développement de la solidarité internationale.

Il a clos la conférence de presse par un appel à développer le soutien à cette grève, notamment le soutien, financier.

 

Notre porte parole a exprimé le soutien de notre parti à travers un message écrit dans le « livre d’or » de cette grève, qui se remplit des textes des différentes UL, syndicats, organisations qui la soutiennent.

 

La conférence de presse est finie : les grévistes « posent » pour la photo et pour faire eux-mêmes des photos, quoi vont être immédiatement envoyées aux copains, aux familles… Comme nous le dira un des grévistes, « la grève est suivie en direct » au pays. Tous entament une danse accompagnée de chants, témoignant de leur unité et de leur détermination à obtenir satisfaction. Vers 13h, arrivent les plats confectionnés par les résidents du foyer de travailleurs immigrés proche du Min. Tous ceux et celles qui ont participé à la grande grève de 2008, saluent l’arrivée de ce soutien, indispensable pout pouvoir tenir.

 

Nous quittons cette tour imposante, véritable « tour de contrôle » du MIN, où arrivent en continu des cadres en costumes, étonnés et certains visiblement mécontents, de voir tous ces travailleurs africains occupant le hall, décoré de drapeaux et de banderole CGT. Des employées « qui viennent chercher le courrier » se faufilent, en souriant, jusqu’au mur des boites aux lettres : elles semblent contentes de ce chamboulement social dans ce hall symbole de la puissance économique du marché.

 

Dernière minute

La réunion « entre toutes les parties concernées » a finalement eu lieu à l’heure et à l’endroit annoncés. Elle a duré plus de 3h et un nouveau rendez-vous est pris pour mercredi, avec, en principe, les Cerfa remplis par les employeurs.

 

Pour la solidarité (messages, chèques…) :

Chèques à l’ordre de :

Union locale CGT de Rungis

3 rue de Strasbourg

94150 Rungis

Avec, au dos, solidarité grévistes sans papiers

 

Ul-cgt-rungis@wanadoo.fr

 

UD CGT 94

11 rue des archives

94000 Créteil

 

Les grévistes ont pris leurs quartiers dans le hall d’accueil de la tour. La banderole de l’UD CGT 94. Au fond, il y a la table avec les dossiers des grévistes

 

Au micro, Cédric Quintin, secrétaire général de l’UD CGT 94. Philippe Jalloustre explique le travail de préparation de cette grève. Son intervention saluée par les poings levés. La traduction des consignes est assurée.

 

Le responsable de l’Union syndicale de l’intérim CGT.                          Notre camarade Raymond                                                              Notre message dans le « livre d’or »