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Editorial

La page de la lutte de classe n’est pas tournée : elle s’enrichit des combats et des résistances sur de nombreux fronts

Qu’avons-nous gagné ? Sur quoi ? Comment avancer ?

Ces questions, nous nous les posons tous après avoir vécu et participé à un mouvement social d’une telle ampleur. D’autant plus que « ce n’est pas fini ». En face, chez les patrons, les riches, les fonds d’investissements et autres vautours capitalistes qui « notent » les performances des Etats et placent les fonds qu’ils contrôlent là où ça rapporte le plus, le plus vite, ont a eu peur. Ils se sont inquiétés de savoir si « leur » président, en l’occurrence Macron, tiendrait la barre de leurs profits. Ils exigent des sanctions contre celles et ceux qui se sont mis en travers de leur course aux profits maximums – qui ont battu des records (142 milliards de bénéfices en 2021). Licenciements, arrestations, amendes, procès se multiplient contre les syndicalistes et les travailleurs combatifs.

Macron a tenu, mais à quel prix ! La loi honnie est passée, mais ni résignation, ni sentiment de défaite du côté de celles et ceux qui se sont battus et qui, pour beaucoup, continuent à le faire. Certes, il y a des questions, des interrogations : comment construire un rapport de force plus grand, qui s’en prend réellement aux intérêts du Capital ? Comment capitaliser la force collective qui s’est manifestée des semaines durant ? Comment s’organiser pour résister à la violence policière ? Comment garder les liens que se sont tissés avec les jeunes, avec les autres catégories qui se sont mobilisées ? Comment s’organiser pour durer… De bonnes questions, des questions de fond, celles qui ont surgi dans et grâce à ce mouvement social, qui a débordé de la question de la réforme des retraites et s’est mis à pointer le système capitaliste qui exige de travailler plus, plus longtemps, avec des salaires et des rémunérations en baisse, avec plus de chômeurs âgés et des jeunes exploités plus tôt.

Ce sont ces questions qui ont été discutées par les partis et organisations marxistes-léninistes qui se sont réunis en mai, en France. Ils ont tous souligné le grand intérêt et la sympathie que le mouvement en France a suscités dans leurs pays, en premier lieu, parmi les travailleurs et la jeunesse. Ils ont aussi parlé de la montée des luttes chez eux ; de là, la résolution sur « la montée du mouvement ouvrier en Europe » reprise en intégralité dans ce numéro de La Forge. C’est un texte à faire connaître largement, car il met l’accent sur l’importance de travailler à développer la solidarité internationale.

Dans les précédents journaux, nous avons commencé à lister ces questions et à y répondre à partir de l’expérience même du mouvement. Dans ce numéro, nous poursuivons ce travail, en intégrant les nouvelles conditions de lutte, les nouveaux terrains de mobilisation et ceux qui vont nécessairement se développer. Car, comme nous l’affirmons, non seulement la page de la lutte de classe n’est pas tournée, mais d’autres pages viennent s’y ajouter.

Au premier rang, il y a le combat qui continue pour les augmentations de salaires, avec des victoires comme celles des ouvrières de Vertbaudet, celui contre la répression antisyndicale (nous en dressons une liste non exhaustive), contre les militants et les moyens de lutte (à commencer par les locaux syndicaux que les municipalités de droite essaient de fermer, comme à Massy). Il y a les mobilisations contre la surexploitation à travers l’aggravation des conditions de travail, qui découlent de la filialisation (comme celle qui touche la maintenance à la Ratp). Et celles qui s’opposent aux licenciements qui reprennent de plus belle, par-delà le discours sur la « baisse du chômage », comme celle des ouvriers de Supra (67) dont notre site se fait l’écho.

La jeunesse, mobilisée en masse contre la réforme des retraites (comme l’explique le témoignage de jeunes travailleurs précaires mais totalement impliqués dans ce combat) est confrontée à la politique qui veut en faire de la « chair à patron ». C’est l’objectif à l’œuvre dans la réforme de l’enseignement professionnel, mais aussi à travers Parcoursup, qui aggrave les inégalités sociales. Elle est la cible du Service National Universel (SNU), une étape importante dans l’encadrement militarisé des jeunes à partir de 15 ans ! La riposte s’est grandement élargie, avec comme premier résultat le fiasco de la « caravane » de promotion. De plus en plus de jeunes se reconnaissent dans le mot d’ordre « nous ne voulons pas être de la chair à canon » utilisée pour défendre le système. Ils ne veulent pas de la perspective d’un engagement dans une armée qui se prépare aux guerres de « haute intensité », comme celle d’Ukraine.

Les masses populaires subissent de plus en plus les conséquences de la politique néolibérale en matière de logement, du logement social au logement privé locatif et jusques et y compris, dans l’accession au logement individuel. Patronat et gouvernement disent s’en préoccuper, car les enjeux, en termes de profits, sont immenses. Il est important de démêler les intérêts en jeu et de mettre en avant les exigences populaires du combat pour un logement de qualité, à prix abordable.

Ce journal développe aussi les mobilisations contre la politique réactionnaire sur « l’immigration » qui reprend les grosses ficelles de la propagande raciste et anti-immigrés de la droite et de l’extrême droite. Il dénonce également la politique hypocrite du gouvernement qui parle de lutte contre le réchauffement climatique, à coups d’aides financières et fiscales aux entreprises, sans contrainte et en maintenant le « droit à polluer » des grands groupes pollueurs qui se sont enrichis grâce au « marché carbone ».

Bref, ce journal est riche en résistances, en France et dans le monde, qui sont autant de pages de la lutte de classe, de la lutte des masses populaires et des peuples.