Le 16 mars 2022, 73ème jour de grève.
Le mécontentement couvait depuis déjà plusieurs années. Salaires à ras des pâquerettes, conditions de travail déplorables, sous-effectifs chroniques, emplois précaires …
Le 3 janvier, ce sera la goutte d’eau qui fait déborder le vase. La direction veut imposer un nouveau planning pour les infirmières, qui aurait pour conséquences qu’une seule infirmière se retrouverait en charge de 90 patients de 7 heures à 10 heures du matin. C’est un coup dur à avaler pour la plupart des salariées, et pour une dizaine d’entre elles c’est purement inacceptable. Même si une partie de leurs collègues n’est pas prête à les suivre, tout en partageant leur ressentiment, les plus déterminées partent en grève illimitée.
La direction va tout faire pour les décourager : menaces de licenciement, recueil de faux témoignages ; recueil de signatures de non-grévistes pour dénoncer l’action, etc. …
Malgré cela le soutien s’organise : l’Union Départementale CGT va organiser plusieurs rassemblements devant leur piquet de grève. Elles reçoivent du soutien syndical régulier, moral, matériel et financier : celui de la CGT de l’hôpital de Cergy, celui des syndicats CGT du Trésor Public, de l’Energie, Pôle Emploi. Un soutien très matériel du Secours Populaire du Val d’Oise. Sans oublier des habitants et commerçants de la population locale, qui leur apporte de la nourriture, des boissons, etc., car leur piquet de grève est présent quasiment tous les jours de la semaine à la porte de l’EHPAD.
Elles ont saisi l’ARS d’Ile de France, ainsi que l’Inspection du travail, pour les très nombreuses anomalies et manquements à la législation du travail sur les répartitions du travail, les prises de congés forcées, le manque de personnel mettant en cause la bonne santé des résidents, etc…
Aujourd’hui elles réclament 300 € d’augmentation pour toutes et tous, le remplacement de tout personnel manquant, quelle que soit la raison, un planning comprenant 2 ou 3 infirmières en permanence, du personnel d’entretien en nombre suffisant, les heures supplémentaires payées au lieu d’être récupérées ( les récupérations accentuent encore plus le manque de personnel permanent).
Elles affirment que, s’il est vrai que cette grève est dure, elles ont retrouvé leur dignité de salariées. Dignité, car elles ont franchi le pas de poser les problèmes de façon ouverte et de se faire entendre ; elles n’ont plus la boule au ventre face au patron. Les problèmes qu’elles posent concernent tout autant les salariés que les résidents, ces derniers subissant forcément les conséquences des mesures d’économie de la direction.
Le patron, même s’il reste inflexible sur leurs revendications, a déjà mis de l’eau dans son vin vis-à-vis des collègues qui travaillent. Et elles se disent déterminées à tenir le plus longtemps possible !
Avant de partir, nos camarades ont laissé une enveloppe de solidarité dans la caisse de grève.
Cellule Rino Della Negra – Argenteuil