« Nous sommes des travailleurs, pas des délinquants ! »

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Mercredi 27 décembre à 19 heures, une opération de police de grande envergure a été organisée sur une place centrale de Grenoble complétement bouclée par les forces de police. Des opérations similaires ont également été déployées dans 3 autres villes du département. Les contrôles opérés, simultanés et massifs, visaient spécifiquement les livreurs à vélo. Une dizaines d’entre eux ont été arrêtés et placés en garde-à-vue (une partie à Grenoble, d’autres à Lyon), puis progressivement relâchés le lendemain, avec des obligations de quitter le territoire sous 48 heures et des interdiction de retour sur le territoire français.

Une opération de cette ampleur, visant une catégorie bien précise de personnes ne pouvaient rester sans réaction. 

La CGT -avec le syndicat des livreurs récemment constitué, l’Union locale du Grand Grenoble et l’UD de l’Isère-, a organisé une conférence de presse dans les locaux de la Bourse du Travail de Grenoble, vendredi 29 décembre. Près d’une centaine de personnes étaient présentes dans une salle bondée. Les militantes et militants de la CGT et des nombreuses associations qui ont tenu à être présentes, ont ainsi pu manifester leur solidarité avec les livreurs et condamner cette opération.

Après une courte introduction rappelant le contexte, et une intervention du secrétaire général du syndicat CGT Livreurs 38, de nombreux livreurs ont eu le courage de témoigner. Certains ont dénoncé la précarité économique et sociale dans laquelle les maintiennent les plateformes et l’Etat qui refusent les régularisations : « on t’envoie à 5 km, on te donne 3 euros et on te dit que tu es indépendant ! »

Présence de chiens policiers -censés chercher de la drogue-, fouilles, embarquement avec menottes : ces méthodes ont scandalisé : « On faisait juste notre travail » ; « nous sommes des travailleurs, pas de délinquants… !

L’écho dans la presse (France 3 radio bleue, BFM Télé, presse écrite) a été très important, y compris au niveau national (Le Parisien, Ouest France, France Culture, RMC …). La prise de position d’Eric Piolle, maire de Grenoble et la réponse de Darmanin y ont contribué. Des responsables politiques des groupes de gauche de la ville de Grenoble, de la Métro, et du conseil régional sont intervenus, dont Pierre Mériaux adjoint au Maire de Grenoble  : « les mots forts sont liées au scandale absolu que représente cette rafle policière organisée en pleine période de fêtes à un moment où les soutiens juridiques et associatifs  débrayent un peu ».

L’affluence à cette conférence de presse, transformée en temps de mobilisation, est à mettre en lien avec la colère qu’a provoqué cette opération de police dans le contexte du vote de la loi immigration. Tout le monde y a vu la volonté du Gouvernent d’en faire, sur le dos des livreurs, une démonstration de sa volonté « d’agir » sans « laxisme ». Sans même attendre les résultats du Conseil constitutionnel et la promulgation de la loi !

L’autre élément de contexte, c’est, bien sûr, la forte mobilisation des livreurs lors de la grève historique de la profession les 2 et 3 décembre. La CGT a dénoncé l’hypocrisie de l’Etat et le cynisme des plateformes qui utilisent l’argument de la lutte contre le travail illégal chaque fois que ces travailleurs veulent relever la tête et se battre avec les autres travailleurs pour leurs droits.

Au procureur de Grenoble indiquant que « ces contrôles ont permis de constater que ceux qui se trouvaient en situation irrégulière étaient fortement exploités par ceux qui leur sous-louent leur licence », les livreurs militants de la CGT ont répondu qu’on ne protège pas en expulsant mais en régularisant !  Ils ont souligné ‘l’importance, dans cette situation dangereuse, de l’organisation et de la solidarité : « Nous appelons tous les livreurs à s’organiser pour ne pas rester isolés dans cette situation dangereuse et à se mobiliser massivement le 14 janvier avec l’ensemble des forces progressistes qui appellent au retrait de la loi « asile immigration ».