Réunion Publique à Strasbourg : les conséquences de la loi Immigration et comment la combattre

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Un collectif local « Non à la loi Darmanin » s’est constitué il y a deux mois sur Strasbourg. Notre parti est dans ce collectif. Après l’organisation de la manif du 14 janvier et la participation active à celle du 21, le collectif a décidé de faire une réunion publique ce lundi 19 février en y invitant un militant au niveau national du GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigré-es).

La soirée a été un succès. Il a fallu rajouter des chaises pour les participants. Dans la salle, un public très mélangé, avec le même désir; combattre cette loi sur des terrains très différents. Se sont retrouvés, des membres du MRAP, de la Cimade, Cjacp, Atmf, Solidaires jeunes, Jeune Garde, Collectif Palestine Université, militants pour l’aide aux immigrés, D’ailleurs nous sommes d’ici, partis politiques (NPA – LFI – PCOF), et bien d’autres encore.

L’intervention d’Hippolyte du GISTI sur les méandres infernaux et la complexité administrative de la loi Darmanin a trouvé un très bon écho. Elle a permis de mieux comprendre la loi pour pouvoir agir plus efficacement. Nombreuses étaient les personnes dans la salle qui cherchaient des réponses, pour aider efficacement les personnes immigrées pour l’obtention de leurs papiers. D’autres personnes se trouvaient dans les démarches pour obtenir un titre de séjour ou une régularisation.

Notre parti avait une table de presse comme les autres participants. Nous avons présenté un dossier sur « La lutte des livreurs à vélo », en lien direct avec le thème de la soirée.

Des camarades sont intervenus pour apporter le témoignage du monde du travail. Ils ont souligné l’aspect de la résistance des travailleurs contre la loi Darmanin, comment la résistance des travailleurs immigrés s’organise. Ils ont parlé de la lutte des livreurs à vélo, et de leur syndicat, de la rafle orchestrée par le gouvernement, à travers une décision du procureur de la république en Isère, qui a eu lieu à Grenoble le 27 décembre. Ils sont également intervenus sur le fait que cette loi représente un danger pour l’ensemble du monde du travail ; en poussant à la surexploitation des travailleurs sans papiers, elle pousse à la baisse générale des salaires et à la régression pour l’ensemble des travailleurs. La solidarité active, comme elle s’est faite à Grenoble et ailleurs, est une arme importante pour les travailleurs.

Nous avons eu de nombreuses discussions à notre table, un intérêt pour le dossier et pour La Forge.

Intervention du PCOF 67 à la réunion publique du 19 février 2024

La résistance des travailleurs et en particulier le combat des travailleurs des plus précaires représente un aspect important de la lutte contre la loi Darmanin. C’est la résistance du monde du travail qui s’organise. Des travailleurs immigrés, avec ou sans papiers, se rebiffent. A travers un témoignage, celui des livreurs à vélo, nous pouvons voir comment cette loi ultraréactionnaire veut « pourrir la vie » de tous les étrangers. Orchestré par le gouvernement, à travers une décision du procureur de la république en Isère, une véritable « RAFLE » de livreurs à vélo a eu lieu à Grenoble le 27 décembre.

Grenoble 27 décembre 2023 la rafle des livreurs à vélo

Au centre-ville à 19h (il fait mauvais) les livreurs à vélo sont nombreux sur le lieu de leur travail où ils attendent les commandes, les courses. La place bouclée par la police : Papiers demandés aux livreurs. Vérification de papiers, arrestations, confiscation des vélos (outils de travail) internement en centre de rétention, certains sont embarqués pour Lyon, d’autres pour Grenoble. Mêmes opérations de police dans d’autres endroits du département : Voiron, Vienne. Des obligations de quitter le territoire (OQTF) et les interdictions de retour sur le territoire français (IRTF) sont distribuées. Face à cela, la solidarité se met en place : Organisation du retour des travailleurs depuis Lyon, récupération des vélos confisqués.

Une pétition circule, un texte de soutien signé par 40 organisations, des actions de solidarité dans la rue. Le 25 janvier c’est l’audience du Tribunal Administratif saisi par la CGT et les livreurs pour faire appel contre les OQTF et les IRTF. Un rassemblement de soutien a lieu devant le tribunal.

Notre analyse

Cette opération de police (Rafle) intervient quelques jours après le 1er vote de la loi immigration (19 déc) et dans un contexte national de contestation syndicale, politique et populaire de cette loi. Elle intervient aussi après le fort mouvement national des livreurs à vélo des 2 et 3 décembre qui a mobilisé de nombreux travailleurs dans toute la France. Dans la région de Grenoble, ils étaient très nombreux à défiler à vélo. Le gouvernement, en choisissant ce moment et ce lieu, veut en faire un exemple. Lancer un avertissement au mouvement de contestation. En plus il apporte un soutien actif aux plateformes, aux patrons.

Il veut faire taire la contestation, la montée des revendications dans ce secteur de travail. Le patronat veut des travailleurs dociles. Vivre sous la menace des papiers doit les rendre taillables et corvéables à merci. Diviser les travailleurs, ceux avec papiers et ceux sans papiers. Intimider pour empêcher de s’organiser. Car ils ont osé lever la tête, surmonter la peur, ils ont osé s’organiser. Faire un exemple pour que cela ne se produise pas ailleurs.

L’organisation est une force !

Les travailleurs se sont organisés dans leur syndicat CGT, à Grenoble (syndicat CGT créé en sept 23), dans la Région Parisienne, à Lyon et ailleurs. Et ce malgré les difficultés liées à leur statut. Ils ont participé dans les mouvements sociaux:

Après une première grève en 2021, ils ont participé, avec leurs chasubles CGT, aux mobilisations contre la retraite à 64 ans, « Pédaler, pédaler, on ne va pas le faire jusqu’au cimetière ». Ils ont participé au mouvement des livreurs à vélo des 2 et 3 déc, aux manifestations des 14 et 21 janvier contre la loi Darmanin, où se sont retrouvés côte à côte des syndicalistes et livreurs et des militants de la lutte démocratique. Un lien fort s’est établi.

Ils ont osé relever la tête, être visibles avec leurs chasubles syndicales, avoir leurs revendications propres. Ils ont osé se battre contre l’ubérisation du travail qui se répand de plus en plus au niveau national. Leur statut d’autoentrepreneurs, de soi-disant « indépendants », est en réalité un statut de subordination aux plateformes toutes-puissantes. Les plateformes peuvent les « débaucher » (les licencier) sans problème, et ils sont SANS DROITS, même sans celui des salariés.

Leurs revendications de livreurs :

** Augmenter le prix des courses (salaires) pour avoir de quoi vivre et se loger. Ils gagnent au mieux 800 euros par mois, plutôt 500.

** Conditions de travail, comme la prise en compte le temps d’attente.

** Régularisation des sans-papiers : ils travaillent et paient des cotisations sociales.

** Lutte contre les pressions énormes des plateformes, le débauchage arbitraire et le blocage des comptes.

L’organisation est leur force et la solidarité une arme de lutte.

En conclusion

Cette loi Asile-Immigration est un danger pour toute la population et pour le monde du travail.

Extrait (LF févr24) : «L’auto-entreprenariat développé par les plates-formes pour user de la force de travail des livreurs conjugue le recours à des technologies de pointe (téléphonie mobile et algorithmes) et le recours aux formes les plus archaïques de l’exploitation capitaliste. Le recours massif à des sans-papiers est également un formidable moyen de pression pour faire accepter cette surexploitation». Pousser à la baisse des revenus-salaires, contraindre à vivre sous la menace de l’expulsion : c’est la surexploitation qui s’approfondit, un moyen efficace pour peser sur l’ensemble des revendications du monde du travail et aller vers une régression sociale et une régression du droit du travail. La lutte contre l’UBERISATION du travail fait partie intégrante des RESISTANCES à la loi immigration. Comme les luttes des travailleurs sans-papiers en région parisienne qui investissent une trentaine d’entreprises (intérim) pour exiger leur régularisation, et bien d’autres luttes que le gouvernement essaie de « taire ».

D’où toute l’importance de la solidarité, de soutenir leur lutte et de crier haut et fort : « Ils bossent ici, ils luttent ici, ils restent ici ».

Une vue du meeting, avec les tables de vente

Vue de la salle

 

intervention du représentant du Gisti