Succès de la conférence-débat avec Salah Hammouri et Alain Gresh

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Grenoble

Organisée à l’initiative de l’Association France Palestine Solidarité dans la salle des fêtes d’Echirolles (à côté de Grenoble), la conférence-débat du 30 janvier à réuni beaucoup de monde. Les 550 participants ne se sont pas laissé impressionner par une interdiction préfectorale tombée un quart d’heure avant. Introduits par Anne Tuaillon, la nouvelle présidente de l’AFPS, les deux intervenants : Salah Hammouri et Alain Gresh, ont lancé le débat puis répondu aux nombreuses questions de la salle (posées par écrit).

Salah Hammouri a dénoncé un génocide en cours « qui vise à sortir la population palestinienne de Gaza et de Cisjordanie », tout en affirmant que « les Palestiniens n’accepteraient pas une nouvelle Nakba, multipliant le nombre des réfugiés palestiniens à l’extérieur ». Rappelant l’ampleur de la catastrophe humanitaire que vivent les Palestiniens, il a dénoncé la suspension des financements qui menace de paralyser l’UNRWA (agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens).  Il a rappelé que « l’histoire n’avait pas commencé le 7 octobre », mais est liée au projet sioniste. Ce qui veut dire, que ce qui se passe actuellement à Gaza et en Cisjordanie n’est pas le seul fait de Netanyahou et de sa politique. C’est dans la logique de ce régime de colonisation, d’apartheid, de bantoustans ». Comme il l’a souligné, cette guerre contre le peuple palestinien, qui vise « à mettre les gens à genoux », n’est pas « une guerre religieuse, mais un combat entre un peuple occupé et un occupant ». Salah a rappelé la recrudescence des colonies et des annexions après les accords d’Oslo, ce qui invalide la « solution à deux États ». Il a évoqué la charte de l’OLP prônant un État laïc et démocratique sur le territoire historique de la Palestine.

Mentionnant un « triangle : résilience [détermination à continuer à vivre en Palestine], résistance et solidarité », il a souligné le fait que la Palestine est redevenue « une question mondiale ». Il a parlé des 4000 Français ou Franco-israéliens, mais aussi des Allemands, des Italiens…, qui sont venus combattre dans les rangs de Tsahal, mais surtout de l’immense mouvement de solidarité avec le peuple palestinien qui s’est développé partout dans le monde, notamment aux Etats-Unis, y compris dans la communauté juive. Revenant sur les interdictions de manifestations et de conférences, il a indiqué : « la liberté ne se demande pas, on l’arrache » ; « Tout ce qu’on a réussi à débloquer, c’est grâce à notre travail et à notre détermination ».

Concernant la solidarité, il a insisté sur sa dimension politique : les deux leviers « pour arrêter la machine de destruction », c’est « résister en Palestine », mais aussi « isoler Israël »  

Alain Gresh est lui aussi revenu sur les interdictions de manifs ou de meetings : les préfets « savent qu’elles sont illégales », mais les réitèrent comme moyens de « pression permanente pour empêcher la solidarité ». Évoquant ensuite le jugement de la Cour Internationale de Justice (CIJ) « pour la prévention et la répression du crime de génocide dans la bande de Gaza », il a dénoncé le fait que la France continue à vendre des armes à Israël. Il a donné son analyse sur l’évolution de la politique française, notamment depuis les présidences Sarkozy, Hollande et Macron, une politique qui occulte le fait qu’Israël est un État occupant. Concernant l’affirmation parfois entendue « qu’il faudrait en finir avec les extrémistes des deux bords », il a rappelé, lui aussi, la légitimité de la résistance d’un peuple opprimé : « il n’y a pas d’égalité entre occupants et occupés, ce ne sont pas deux peuples qui se battent à armes égales ». Il a, à ce moment-là, cité cette phrase de Nelson Mandela : « C’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé qui détermine la forme de lutte. Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’aura pas d’autre choix que de répondre par la violence. »

Un moment apprécié dont chacun est ressorti déterminé à poursuivre la solidarité au côté du peuple palestinien qui, comme l’a indiqué Salah Hammouri, donne « un cours de dignité et de courage à l’humanité toute entière ».