Lilitt et Chacha ont fourni un dernier effort après un périple de plus de 900 km à travers la France. Nous saluons leur courage et leur ténacité
Quelques personnes se sont jointes à eux pour les derniers km de leur marche dans le centre ville de Toulouse, le 27 août. Nous avions revêtu le teeshirt du collectif des ouvriers agricoles avec des diffusions, affichage de flyers et de nombreuses discussions avec les passants, commerçants, … sur les objectifs de leur initiative en allant au contacts du public « toulousain » dans la rue !
Arrivés sur le lieu de rendez-vous en plein centre ville, de 15h30 jusqu’à 18h, les interventions se sont succédé ainsi que les discussions avec de nombreux passants interpellés par l’initiative et son contenu. Les personnes en terrasse des cafés pouvaient aussi suivre l’événement.
Beaucoup s’approchaient, attirés par la banderole, écoutaient, demandaient le flyer et passaient ainsi du temps avec nous. Cette initiative a ainsi atteint son principal objectif : toucher le public car celui ci de tout age, condition, ou origine, s’est montré curieux et intéressé ; il nous interrogeait et souscrivait à nos arguments beaucoup ne connaissant pas les conséquences du chlordécone dans le détails et découvraient stupéfaits le peu de considération de l’État français vis à vis des populations. Si un nombre de personnes conséquent commence à être informé des dangers du chlordécone, beaucoup encore ignorent toute l’étendue des ravages qu’il a causés et cause encore pour des centaines d’années en Guadeloupe et Martinique.
Plusieurs ont photographié, filmé, et écouté une partie des interventions.
La sœur de Yvon Serenus, président du collectif des ouvriers agricoles, nous a lu un message des ouvriers.
L’avocat en charge du dossier est intervenu interpellant directement la population de Toulouse : « imaginez une agglomération comme Toulouse de 600 000 habitants où l’eau et les terres seraient polluées et provoqueraient des dégâts sanitaires, 92 % de la population des Antilles contaminée ! Quelle serait la situation et les réactions à Toulouse… ?
Chacha était chargé par Yvon Serenus de décrire dans les détails le vie et le calvaire, l’injustice faite aux ouvriers avec indemnisation à deux vitesses entre ouvriers et planteurs.
Un exemple des dégâts causés par des épandages sur une école en 1974 : aujourd’hui peu d’anciens élèves sont encore en vie ! Une exposition de fortune montrait les faibles rémunérations des ouvriers (photos des bulletins de salaires). Lilitt, quant à elle, a expliqué comment est née son initiative. Après avoir rédigé un mémoire sur le scandale du chlordécone, elle a voulu agir pour faire connaître cette situation, appeler à la solidarité, dénoncer l’État français, sa politique raciste, l’impunité des planteurs de bananes. Elle a exprimé son anxiété pour elle-même et ses enfants, pour les populations qui vivent toutes et tous avec le risque de développer des pathologies. Elle a fait appel aux dons pour soutenir la lute.
Etaient présents : Comité 10 mai (qui coordonnait la marche), des militants antillais de Toulouse, Ligue Panafricaine Umoja, AGGART, CGT éduc, Maitre Lèguevaque, avocat toulousain en charge du dossier, des militants d’ATTAC, SUD31, PCOF.
Notre Parti a fait une intervention et diffusé aux organisations présentes un recueil des articles de La Forge de 2020 à 2022 sur l’empoisonnement au Chlordécone en Martinique
Des liens fraternels se sont noués, animés par la volonté de faire de ce moment de dénonciation et d’information un succès pour faire connaître et mobiliser sur la situation et la lutte des ouvriers agricoles et des peuples de Martinique et Guadeloupe.
Une collecte sur place a eu lieu et nous avons encouragé les personnes présentes à participer à la cagnotte nécessaire pour soutenir le combat et venir en aide aux ouvriers agricoles et à leurs familles. Les retraites, les éventuelles indemnités sont ridiculement basses : 200 à 700 euros par mois quand on connaît la vie chère aux Antilles, ce sont des revenus qui sont loin de pouvoir vivre, se soigner et payer une procédure judiciaire pour se défendre et recevoir, après des décennies de déni des gouvernements successifs, une véritable REPARATION !
A ce jour les médias locaux n’ont pas daigné s’intéresser à la question malgré les communiqués envoyés à de nombreux médias par Maitre Léguevaque (toulousain) avocat des victimes.
Intervention de notre camarade Annie, représentante du parti
Au bout d’un périple de 900 km, nous sommes heureux d’accueillir Lili et Chacha qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour faire connaître le scandale sanitaire dont les ouvriers agricoles et les populations de la Martinique et de la Guadeloupe sont victimes.
Nous saluons la lutte tenace des ouvriers agricoles victimes des planteurs de bananes, les békés, qui les ont contraints à épandre ce produit connu pour sa toxicité depuis les années 70 et qu’ils ont en toute connaissance de cause persisté à utiliser
Nous saluons Le collectif 10 mai qui a coordonné le périple ainsi que Yvon Serenus qui représente le collectif pour la réparation dans le procès judiciaire contre l’État. Nous tenons à souligner l’importance des grandes mobilisations des populations de Martinique et de Guadeloupe qui ont eu lieu, et continuent à ce jour et sans lesquelles rien n’est possible.
Mobilisations émaillées de répression à l’encontre des militants et des manifestants malgré la légitimité avérée de ce combat
Cet empoisonnement criminel en toute connaissance de cause est significatif d’une politique du fait colonial qu’ont persisté à soutenir et pratiquer les différents gouvernement français au service des plus riches, des exploiteurs, les békés planteurs de bananeraies.
Nous soutenons votre combat car nous aussi sur l’hexagone nous nous heurtons à une politique de l’État au service des riches, des patrons et des marchands de canons.
L’État colonial que vous subissez est aussi notre État et nous avons à ce ce titre une responsabilité particulière pour soutenir votre combat. Nous menons un combat commun. C’est pourquoi nous avons intérêt à faire connaître votre lutte et contribuer à son succès.
Le fait que les ouvriers aient enfin obtenu en partie, après de longues années de bagarres, la reconnaissance de maladie professionnelle dans le cas des cancers de la prostate, le fait que soient reconnues « des négligences fautives » de l’État français » sont les premiers résultats de toutes les mobilisations durant de nombreuses années. Mais visiblement ce ne sont que des mots et rien n’est fait pour indemniser, soigner dépolluer, pour REPARER !
Yvon Serenus nous a signalé qu’une chercheuse Guadeloupéenne Sarah Gaspard a trouvé un moyen de dépolluer les terres : trop cher ! répondent les pouvoirs publics ; de même le comité réclame le dépistage massif des populations : trop cher répondent aussi les pouvoirs publics !
Nous affirmons nous, ici présents, que les ouvriers et les populations de Martinique et Guadeloupe paient à un prix inestimable et exorbitant les conséquences de l’empoisonnement des populations sur le plan sanitaire et environnemental qui compromettent gravement l’avenir des ces peuples et nous nous insurgeons avec vous !
Quand on voit entre autres ce que coûte la course à l’armement on ne peut qu’être révoltés des choix d’orientation budgétaire qui sont faits.
Des solutions existent et l’État reconnu fautif persiste à refuser de se donner les moyens de les appliquer ; de même les planteurs de bananeraies riches à millions qui continuent à percevoir des subventions européennes ne sont pas inquiétés.
Grace à votre initiative dans l’hexagone, grâce à la ténacité des militants et aux mobilisations populaires ce scandale est de plus en plus dénoncé. Nous continuerons aussi à faire connaître votre lutte pour aboutir à la réparation.
Plein succès à vote combat contre un système colonial criminel, combat qui est aussi le nôtre.
Enfin pour terminer nous encourageons tous les participants à alimenter la cagnotte pour le procès et à la faire connaître, pour soutenir les ouvriers et ouvrières agricoles et leurs ayant droit pour que la lutte aboutisse.
Avec vous nous exigeons réparation !