Tunisie : émeutes populaires à l’occasion du 10ème anniversaire de la révolution

La justice coloniale existe toujours; elle prescrit la plainte déposée en 2006 pour crime d’empoisonnement massif au chlordécone.
22 janvier 2021
Le numéro 1 de notre revue « Rupture » est en vente. Il est consacré à l’éducation en système capitaliste. 5 euros, plus frais de port
26 janvier 2021

Nous publions les éléments transmis par un camarade de la direction du parti frère, le Parti des Travailleurs de Tunisie

Depuis le 14 janvier, de nombreuses villes tunisiennes dont Tunis, la capitale, connaissent des mouvements de protestation de plus en plus violents. Ceci était prévisible. En effet, depuis quelques mois, la protestation sociale n’a pas cessé. Elle a touché tous les secteurs, même à ceux qu’on croyait épargnés comme celui des magistrats qui ont mené une grève de plus de deux mois. Les réseaux sociaux n’ont pas cessé d’exprimer ce malaise généralisé. Le pays est au bord de l’effondrement. La crise est générale et profonde. Elle touche à tous les domaines. Tous les indices sont au rouge : taux de chômage, pauvreté, extrême pauvreté, inégalités sociales et régionales, abandon scolaire, endettement… A cela s’ajoutent les effets néfastes de la pandémie du coronavirus qui sont venus compliquer une situation déjà fragile. Pendant ce temps, les rapports entre les instances du pouvoir (présidence, gouvernement, parlement) pourrissent de jour en jour sous les yeux des citoyens qui peinent à survivre. La déception est très grande et les appels à la rupture avec le système en place se multiplient.

Conscients de la gravité de la situation, des partis politiques, des organisations syndicales et sociales, des personnalités publiques ont multiplié les initiatives et les appels au dialogue, tandis que les couches populaires attendaient la date anniversaire de la révolution pour exprimer leur déception quant au bilan de cette décennie de tous les malheurs.

Profitant de la situation sanitaire qui empire de jour en jour (60 décès par jour en moyenne durant les 4 derniers mois), le gouvernement a eu la maladresse de décréter le confinement général pour 4 jours à partir du 14 janvier, date anniversaire de la révolution, en plus du couvre-feu en vigueur depuis des années. Cette mesure a été perçue comme une provocation de la part des jeunes, empêchés de célébrer à leur manière l’anniversaire de la fuite du dictateur. Leurs réactions ne se sont pas fait attendre : le soir même, dans plusieurs villes en même temps, ils sont sortis dans les rues exprimer leur colère. La riposte violente des forces de l’ordre n’a fait qu’aggraver la situation. Les slogans scandés par les manifestants expriment leur refus du pouvoir en place et leur sentiment d’avoir été trahis pendant toute une décennie.

N’étant ni organisées, ni encadrées, les manifestations ont donné lieu à des réactions attendues dans pareilles situations : attaques de magasins, de postes de police… qui servent d’alibis aux médias réactionnaires pour dénigrer le mouvement de protestation et dénoncer la violence des manifestants et pour stigmatiser les forces révolutionnaires et progressistes qui ont exprimé leur soutien à ces mouvements. Avec la fin du confinement général le 18 janvier, les protestations se sont organisées dans la journée dans plusieurs régions du pays avec des slogans clairs et des revendications bien formulées : le départ pur et simple de ce système pourri qui a émané d’élections frauduleuses financées par l’argent pourri. La riposte de la police était la même : attaque des manifestants à la matraque et au gaz lacrymogène pour les disperser et en arrêter quelques uns. Aujourd’hui, les arrestations ont dépassé le nombre de mille et des procès à la-va-vite sont intentés contre des jeunes et même des enfants (de nombreux arrêtés sont des mineurs).

Du côté du pouvoir, c’est l’impasse, aucune réaction officielle : ni le président de la république, ni le chef du gouvernement n’ont osé prendre la parole pour s’adresser aux citoyens ou pour répondre à leurs revendications.

19-01-2021